
Cet homme croisé dans une rue de Paris semble tout droit sorti d’un film d’anticipation et ne dépareillerait pas dans un Mad Max ou Dune.



Sa tenue, faite de matériaux de récupération recyclés depuis l’environnement urbain: sacs plastique, bâches, ficelles, lambeaux de tissus, révèle un vêtement de survie…
Suspendus sur la poitrine et dans le dos, des petits contenants, petits sacs, ancêtres de nos poches, sans doute colportent l’ensemble de ses possessions.
La matière, le volume modulable à l’envi (ou par nécessité) à la fois archaïque et moderne cette tenue inspire, sans condescendance.
Elle pourrait autant investir le champ des recherches sur le vêtement-refuge de Lucy Orta ou agrémenter le moodboard du bureau d’une direction artistique d’une marque de techwear pointue.

En outre la situation génère un paradoxe.
Pour nous urbains actifs, le vêtement est « an extension of our private skin” (McLuhan, 1964). Objet de consommation d’une industrie ultra-polluante appartenant à un modèle de production exsangue, le vêtement est le médium de notre apparat et de notre statut, sa signification est primordiale.
Pour lui, urbain sans domicile, la ville n’est pas un décor, ni un lieu de représentation, le vêtement a conservé sa fonction première, celle de protection, voire un élément de survie au sein de l’espace vital.