MARIÉS À LA VIE À LA MORT

On pourrait débattre de longues heures sur l’art de la réinterprétaion, l’opportunisme parfois provocateur de Demna Gvasilia.
On préfère retenir certaines de ses explorations qu’il dissémine tantôt au sein des boutiques, lors des défilés ou sur les réseaux sociaux, affirmant par là même son talent individuel autant que son allégeance à la maison Balenciaga.

Serions-nous face au créateur de mode qui capture et interroge le mieux notre époque?

Robe de mariée, Cristobal Balenciaga, 1967

Demna Gvasilia fragmente et dilate son champ de création via sa marque VETEMENTS, déclinée en VETEMENTS UNCENSORED ou encore VTMNTS, par la création de produits dont une jeunesse est parfois prête à tout pour se les procurer comme la Triple »S ».

Warholien il pousse le bouchon en créant des boucles d’oreilles capsules de bouteille ou en reproduisant le sac Ikea. Flirte avec le groupe très controversé Ramstein et pousse au sublime via la direction artistique de Balenciaga dont le dernier show Couture (ci-dessous) reprend les codes de la maison et réalise un bel écho aux créations du maître.

Robe de mariée, Demna Gvasilia pour Balenciaga Haute Couture, 2021

HISTOIRE D’UN COSTUME DADA

EN JUIN 1921 TRISTAN TZARA MEMBRE DU MOUVEMENT DADA, PRÉSENTE AU THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES (GALERIE MONTAIGNE) UNE PIÈCE PARODIQUE DU THÉÂTRE CLASSIQUE FRANÇAIS: « LE CŒUR À GAZ » OU DIXIT SON CRÉATEUR « LA PLUS GRANDE ESCROQUERIE DU SIÈCLE ». LA PIÈCE MAINTIENT PENDANT TOUTE LA REPRÉSENTATION L’ILLUSION DE L’IMPROVISATION BIEN QU’IL Y AIT UN TEXTE.

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Young Bloods | Rad Hourani, le visionnaire

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Né en Jordanie, Rad Hourani s’installe à Paris en 2005 et lance sa marque éponyme en 2007. Rad est le premier designer canadien à intégrer la grande famille de la Chambre Syndicale de la Haute Couture française.

S’illustrant comme le premier créateur unisexe à entrer dans le secteur de la Haute Couture, Hourani « défie » les codes prédominants dans l’univers de la mode.

Pionnier de l’unisexe, Rad Hourani affirme avec ferveur que la condition humaine peut se manifester librement, sans limitation ou d’injonctions.

Sa philosophie ayant pour but d’abolir les frontières, serait de créer un nouveau monde sans âge, sans sexe et ni appartenance religieuse.

«Je n’ai jamais commencé par dessiner des vêtements réels. Je commence par dessiner l’architecture des formes, des lignes et des motifs.» dit-il.

Le designer construit ses collections de la même manière que les architectures qu’il réalise.
Sa collection Fall 2013 en dit long sur ses capacités de construction. Son jeu de torsions réfléchies, de superpositions et son choix de matières apportent un intérêt visuel à chacun de ses défilés.

Rad pousse ainsi, à son paroxisme la recherche de proportions et de volumes.
Sous cette étude complexe de la transformation, il continue de surprendre, et semble ne pas vouloir s’arrêter en si bon chemin.

Photos © style.com

Azzedine Alaïa, l’excellence

Les louanges sont au rendez vous lorsque l’on évoque le créateur Azzedine Alaïa. Des créations au rang d’œuvres d’art, loin des images d’une certaine industrie du luxe. Fasciné par le corps féminin, Azzédine Alaïa, sculpteur issu des Beaux-Arts, le sublime de façon prodigieuse, « un véritable artiste qui crée son œuvre comme bon lui semble ».

Afin de célébrer sa rénovation, le Palais Galliera accueille l’œuvre du visionnaire, des créations en écho à l’envergure du lieu. Les silhouettes nous apparaissent comme des statues où vêtements et corps ne font plus qu’un, comme s’ils avaient été façonnés dans le même moule. Olivier Saillard, directeur du musée, choisi de mettre en scène les créations sans vitrine, afin de initier un dialogue entre elles. Les modèles semblent alors prendre vie à travers les courbes féminines.

En observant l’œuvre du maître, le rapport au corps est une évidence, structure, souplesse, sculpture, sont les mots récurrents lorsqu’on évoque son œuvre.

 

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Couturier à la prouesse technique impressionnante, ses créations peuvent se référer, par la sensualité et la sublimation des courbes du corps, à la Vénus Génitrix. Le travail de drapé et de coupe rappelle également l’œuvre de la révolutionnaire Madeleine Vionnet. Le vêtement Alaïa est structuré de façon à épouser parfaitement les formes du corps.

Loin des grandes industries de mode, des tendances ou du rythme rigoureux des collections, Azzédine Alaïa présente ses collections comme il lui plaît et agit en adoptant une posture d’artiste ou d’artisan indépendant.

Il nous dit avoir reçu le meilleur apprentissage de ses amies: « apprendre la mode avec les femmes ». Alaïa crée avant tout des robes pour ses proches: de Greta Garbo à Rihanna en passant par Michelle Obama ou Grace Jones.

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Le créateur modèle et façonne des silhouettes aux proportions novatrices. Certaines robes semblent d’ailleurs venir tout droit du vestiaire du moyen-empire égyptien tant elles épousent parfaitement les courbes du corps. Des créations qui perdurent dans le temps et qui ne se résument pas à une époque tellement elles sonnent justes, intemporelles.

 

Haute-Couture | Jan Taminiau

Jan Taminiau’s work is less futuristic than Summer Spring 2012. No helmets this time…

Embroideries and a precious work on weaving. Gold and lamés, ruffles on long dresses embroidered with Uzbek ikat patterns, all this gave an ostentatious & baroque collection, less daring than « Tarnished beauty » the previous one but always for a superwoman. Fragile on her very high heels (with no heels), strong with emphasized shoulders.

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Haute Couture | Rad Hourani is rad…

Above and below, photos of the haute couture collection by Rad Hourani presented at Canadian Cultural Centre, Paris.

Exploring film making, photography, music… with no background set in any fashion school, Rad Hourani has no boundaries to creates his fashion. Unisex is his statement. Rad is a rad… designer.

For the first unisex haute couture collection in history, Rad Hourani designed geometric lines. Vertical and horizontal lines, satin and matt fabrics, black and a touch of white.

The pants, sometimes with vertical cuts all along, fits beautifully. Horizontally, the belts are gorgeous accessories and affirm this very radical and strict silhouette. The double collars, wide open, folded, break the lines and give air to all of this.

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Unisex shoes

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In the attendance

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Black ! Unisex ! Black ! Black ! Unisex ! Black ! Black !

 

PFW | Alexandre Vauthier

Dear readers,

His glamorous amazons goes back and forth on the runway without any constraints, they are beautiful, bold and gold, some of them, like the girl in James Bond’ Goldfinger are totally dress in gold.

The golden girls

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Casual Couture, a golden shirt with rolled sleeves.

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The colour palette from white to creme is very soft leaving gold and embroideries full room to express themselves.

The result is compelling. How can you resist to these girls?

Paddings are almost everywhere as the V of Vauthier (V for Victory?) in the dangerous necklines, the cuts and the accessories (see the earrings below).

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When a dangerous-V-neckline padded dress is left full white (above), the accessories does the job. Golden Louboutin and gold bangle.

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You have it all, jumpsuits, dresses, skirts, shirts, evening gowns. All very chic and dynamic.

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Wow Vauthier ! Vamp me i’m famous !

The show is nearly perfect, each silhouette is stunning and leave you amazed and speachless. The sexual powered silhouette, the eighties, the show business, as the former assistant of Thierry Mugler, Alexandre Vauthier is giving is own personnal touch of this symbols fully used by his master. At this game is actually the best in town.

Combining the European crisis and a slowdown in China, the luxury market is gonna get weaker. Does Alexandre Vauthier superwoman has a future? What the next move?

 

 


PFW AW12 | Jan Taminiau, more than a woman

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Waoow!

Then the first model of Jan Taminiau show appears on the runway of Le Laboratoire and it was a big waoow!

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The girls are tall, very tall, unreachable beauty. Perched on very very high embroidered heels  (an hybrid shoes that both Lady Gaga and Daphne Guiness would appreciate) wearing embroidered silk veil cocktail dresses and a helmet (!) the girls seems to be a modern incarnation of Athena or coming from an other planet. The daughter of Barbarella going at a party or think Elie Saab meets Daft Punk.

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With the helmets and the shoes, it could seems an other fashion cliché crazyness, but it’s not. The dress are real, more for parties of course (he took inspiration from Studio 54 during the seventies) than your everyday work. Today, Jan Taminiau is making made to measure garments for his individual clients (mostly european).

Helmets!

The silhouette above reminds me the Giles Deacon « Pacman » collection for spring 2009.


Giles Deacon, Spring 2009

The girls are gorgeous.

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Tarnished beauty, is a romantic collection, a nostalgic extravaganza.

In the backstages Jan told me about his adoration of women, the importance of revealing themselves.

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He talked about is obsession of duality, symbolized (i suppose), by the softness of the dresses versus the boldness of the helmets. This collection is also a dialogue between masculinity and feminity.

The woman of Jan Taminiau is bigger than life, a goddess (his words), she is more than a woman.

 

Atelier Gérard Lognon, plisseur (partie 1/3)

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Ci-dessus Karen, 11 ans de maison chez Gérard Lognon

Plumassiers, brodeurs, fabricant de fleurs artificielles sont des métiers discrets de la mode et du luxe. Gérard Lognon, à la tête de l’atelier éponyme appartient à la quatrième génération de plisseurs, son arrière grand-mère ayant débuté l’activité sous Napoléon III.

L’atelier fait partie de ce cercle très fermé des Métiers d’Art, artisans incroyables et faiseurs de merveilles.

Accompagné de Christine Phung je me suis rendu il y a quelques mois dans l’atelier sis dans un immeuble datant du XVIIe siècle non loin de la place de l’opéra Garnier, l’occasion de rencontrer M. Lognon et de faire un reportage sur un savoir-faire passionnant.


Ci-dessus, Marie-Laurence, 31 ans de maison et Karen en train d’installer un « métier » (un carton plissé)


Le tissu est « pris »


On travaille sous l’œil bienveillant de Tilda Swinton


Les « métiers » ou cartons plissés sont à eux seuls, de précieuses sculptures…

Partie 2 en vidéo et en stéréo: ici. Partie 3, une Modoscopie: ici

Iris Van Herpen, Yiqing Yin | Créatrices hybrides

Iris Van Herpen et Yiqing Yin ont créés des shows impressionnants lors de la dernière semaine de la couture. Entre spectacle, futurisme, prouesse technique et art.

Quelle place occupe le corps chez ces créatrices? Simple support ou véritable medium? Comment se positionnent-elles entre le métier de designer et d’artiste? Comment cohabitent savoir-faire artisanal et nouvelles technologies auxquelles elles font appel pour réaliser certains de leur modèles? Quelles sont les nouvelles approches du volume?

Parallèles

Suivant toutes les deux les courbes du corps: poitrine, taille, hanches et cuisses, la robe squelette d’Iris Van Herpen et la forme de l’empiècement de la robe de Yiqing Yin.


Iris Van Herpen, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012


Yiqing Yin, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012

Rapprochement entre la splash-water dress d’Iris Van Herpen et la robe fluide, tel un liquide, de Yiqing Yin.


Iris Van Herpen, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012


Yiqing Yin, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012

Découpages, lacets et bandelettes…


Iris Van Herpen, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012


Iris Van Herpen, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012

Ci-dessus, les tenues sculptées faites de bandelettes d’Iris Van Herpen me rappellent le travail de papiers découpés de l’artiste Georgia Boyd-Russell (ci-dessous)…


Georgia Boyd Russel, Slick 2009


Iris Van Herpen, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012


Iris Van Herpen, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012


Iris Van Herpen, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012


Iris Van Herpen, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012


Yiqing Yin, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012

Jumpsuit moulant en lacets chez Iris et robe bandelette de Yiqing Yin.

Chez Yiqing Yin, qui avait déjà  fait sensation lors du Festival d’Hyères 2010, sans pour autant remporter de prix, la dimension artistique est peut-être moins revendiquée. Cependant on retrouve cette envie quasi-obsessionnelle de travail sur la matière. Bandelettes et lacets chez l’une, plissés très serrés chez l’autre, un travail de sculpture minutieuse.

Sur les corps on peut voir des faisceaux qui cisèlent finement la structure de la robe en cercles concentriques, des envies de fractales, des plissés tectoniques ou encore des excroissances minérales.


Yiqing Yin, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012


Yiqing Yin, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012


Yiqing Yin, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012


Yiqing Yin, Haute-Couture, Fall-Winter 2011-2012

La femme d’Iris Van Herpen, véritable mutante, femme hybride arty-mode ou celle de Yinqing Yin n’en reste pas moins très féminine. Pour ces créatrices, chaque vêtement à un sens profond, semble porter avec elle tout un univers. L’effet matière rendu par la modélisation 3D, les plissés ou le laçage revêt une dimension très importante dans ces créations leur conférant une dimension extra-portable indéniable.

Pour illustrer cette hybridité art et mode, on peut, jusqu’au 14 novembre, en profiter pour sauter dans le Thalys et se rendre chez Sien, superbe boutique d’Anvers pour y découvrir à la fois une exposition de pièces d’archives d’Iris Van Herpen ainsi qu’une sélection de sa nouvelle collection.


Sien, Nationalestraat 91


Un portant réunissant les créations d’Iris Van Herpen et de Sandra Backlund,  autre créatrice, spécialiste de la maille et qui navigue elle aussi à la frontière entre art et mode.