… la femme-machine(1)
Du défilé emblématique de Nicolas Ghesquière (photo ci-dessous) où l’on a vu défiler des mannequins en leggings dorés tout droit sortis du Métropolis de Fritz Lang, à certaines campagnes de publicité vues cette saison, se dessine une image de la femme, silhouette mécanique, robotique, digne d’un roman d’anticipation avec tous ses clichés.

Balenciaga, summer/spring 2007, coup de tonnerre sur les podiums

Maria, le robot de Métropolis

Spartiates techno-ethniques, cocon-carapace aux épaules et surpiqures exagérées créent une silhouette futuriste, stricte et structurée, un buste qui n’est pas sans rappeler certains robots japonais (voir ci-dessous)…


The Man-machine, musique de synthèse des robotiques Kraftwerk issu de l’album Die Mensch Maschine (The Man-Machine).
Chez Diesel, les visuels de campagne sont axés sur le thème de la vitesse (référence à la mécanique ?) Live Fast et High speed shopping sont les deux concepts développés cette saison. Les femmes perdent toute humanité dans un monde où tout va trop vite et où l’on doit faire vite, toujours plus vite, tels des machines.

Vous reconnaissez la fiancée de Frankenstein ? Dans un atelier de modélisme transformé pour l’occasion en salle d’opération. À peine recousue, la voici on-the-go !
Chez les jumeaux de DSquared, femmes et hommes font corps avec des crash test dummies.


Tout les fantasmes y passent, sexe et mutation : le mannequin au premier plan simule l’acte sexuel avec un demi-robot ; toutes ces jambes emmêlés se confondent si bien que cette femme de chair et de sang se mue alors en androïde mi-femme mi-robot. Au second plan, la poupée de crash-test est remplacée par une femme.
Les visuels de Miu Miu, marque moins subversive que les deux précédentes, s’inscrivent, à mon avis, dans ce même mouvement.
Kirsten Dunst est une poupée ou une marionnette à fil. Les références à la Commedia dell’arte via les multiples représentations d’Arlequin dans la collection, les jeux d’ombres, le cerceau, nous inscrivent sur une scène entre le théâtre et le cirque, propice aux automates, ancêtre des robots.


Il règne dans toutes ces images une certaine inquiétude, une certaine morbidité. Arlequin dont l’origine ancienne viendrait d’une croyance médiévale, la mesnie Hellequin(*)(*), cortège magique composé de diables et de fantômes, est un personnage des enfers.
Toutes ces références traduisent-elles une peur du lendemain ?
A écouter « Das Modell » (The Model), by Kraftwerk

