Les galeries photo de mode sur le web sont légions et constituent par là même un fantastique matériau de travail ou d’inspiration. Encore faut-il, comme tout travail de recherche, prendre le temps de trier cette masse d’information.
Je reçois chaque matin une newsletter d’un site à « forte audience », contenant la photo d’une jeune fille, plutôt parisienne, shootée pour son « soi-disant » look de référence ; en fait les tenues sont depuis que je me suis abonné cet été : quelconques ! On est à des années-lumière de l’originalité du street-style plutôt chic et choisi du Sartorialist.
J’ai du mal à comprendre ce positionnement rédactionnel, hormis le fait d’être dans l’ère du temps et de faire du street-style. Avec les moyens investis, ce site pourrait proposer une prestation de bien meilleure qualité.
Pour en revenir à la photo de mode proprement dite, je suis retombé sur des anciens liens bookmarqués il y a quelque temps, il s’agit de fora où les abonnés postent les meilleures pages des magazines de mode (passés ou récents), les plus pointues ou les plus avant-garde. Les photos sont commentées par les autres membres du forum et la plupart du temps les informations techniques (photographes, stylistes, mannequins, etc…) sont indiquées par le posteur.
On y trouve des perles comme la série Nomade’s Land de Peter Lindbergh de 1990 (!), ou encore des magazines auxquels on n’a pas toujours accès ; le nec plus ultra : la série de mode, dont on a oublié le nom du photographe ou le magazine où elle a été publiée, sera complétée par un autre membre du forum, pour un échange total. Ces espaces représentent, à mon sens, de bons terrains d’investigation et constituent une bonne base de données.
Bien entendu on se retrouve face à une problématique propre à tous les réseaux d’échanges sur internet. Le fait de mettre en ligne des photos tue-t-il l’industrie en question ? La réponse n’est pas aussi simple, le marché musical en témoigne, car on n’a jamais autant produit de documents papiers que ces dernières années ; les magazines de mode, eux, se déclinent sous toutes les formes et tous les styles, témoignant ainsi de la richesse et de la vivacité du secteur, mais aussi de la demande croissante de la part des consommateurs.
Chaque mois mon marchand de journaux me présente un nouveau magazine touchant de près ou de loin à l’univers de la mode. Les éditeurs, je le cite, s’empressent (sans jeu de mots) de sortir de nouvelles publications régulièrement, avec pour objectif que celles-ci soient revendues ou éliminées dans les deux ans. D’où ce phénomène de magazines jetables, similaire aux vêtements « jetables » de certaines enseignes et autres pyramides jetables(1).
Tout comme le prêt-à-porter et la mode de rue l’ont fait précédemment, l’aspect collaboratif ou participatif, les initiatives personnelles apportent une nouvelle dimension, stimulante, foisonnante et grisante aux métiers de la mode, et l’internet va en faire autant.
Il est temps pour la mode de faire aussi SA révolution 2.0. La blogroll du Face Hunter est à cet égard stupéfiante, puisque on a là pratiquement au jour le jour le street style de villes allant de Pékin à Caracas en passant par Istanbul, Londres et L.A.
Il est grand temps que les bureaux de style, les professeurs de style, immergent leurs employés et étudiants dans cet univers, c’est en tout cas ce que j’essaie de faire avec mes étudiants.
Dans cette frénésie informative, où l’on a souvent envie d’être Early Adopter ou First Mover si une seule habitude héritée de l’avant-internet devait subsister, ce doit être la réflexion, prendre le temps d’analyser son sujet, de faire des choix, de regarder. Prendre modèle sur un Azzedine Alaïa que les magazines de mode redécouvrent ces derniers temps, être contemporain, intemporel et juste.
Je vous invite à y faire un tour sur les dits fora
The Fashion Spot, Visualising fashion
Live Journal
Fashion Box
