Lily McMenamy, image de soi, réveler l’invisible

Lily McMenamy, fille de Kirsten, icône des années 90 ayant révolutionné le monde du mannequinat par son allure singulière, incarnait la semaine passée à Paris, la conscience aiguë que nous avons, de notre représentation, de l’image que nous projetons aux yeux des autres et de son impact sur notre existence.

Sa performance, une exhibition solo, s’est révélée être un exutoire où elle explorait la dualité de son être en se mesurant à l’image de son double, son doppelgänger.

Telle une thoracotomie, une broderie sanguine, un stigmate contraste avec le latex couleur chair de la combinaison body-conscious dans laquelle s’est glissé le corps de pantin désarticulé de Lily.

Cette incision, véritable porte de Pandore, invitait son double à surgir dans sa réalité. Sur scène se joue alors un dialogue d’abord silencieux comme entre la patiente et son infirmière dans Persona d’Ingmar Bergman puis éructé accompagné d’une joute dégingandée.
Échappant à tout contrôle, plongeant parfois dans le public, à qui faisions-nous face, Lily, son avatar ou les deux ?

Cette lutte introspective et physique soulève certaines interrogations pertinentes : entre Lily McMenamy et son double qui dominera l’autre ? Quel est notre seuil de tolérance quant à l’utilisation, voire la manipulation de notre image-corps devenant image de soi, pour autrui ? Dans quelle mesure sommes-nous prêts à nous laisser contaminer?

Le photographe est un grand révélateur-manipulateur d’images

La palette des émotions partagée entre ces deux êtres, lors de cette confrontation était vaste. Amour, angoisse, respect, colère, compassion, gaieté, crainte, tristesse, dégoût, rage, désespoir, effroi, haine, jalousie, et joie se succédaient jusqu’au paroxysme d’une dévoration.

À travers cette performance, Lily McMenamy met en lumière les dynamiques de pouvoir qui régissent nos relations avec nos multiples identités dans un monde où avatars, pseudonymes et alias deviennent les prismes à travers lesquels nous nous exprimons et peut-être nous existons.