QUAND L’IA VOUS TEND UN MIROIR, QUE RÉVÈLE-T-ELLE VRAIMENT ?
(Laissez-vous surprendre par ce que les intelligences artificielles peuvent révéler de votre propre essence.)
Deux observations récentes avec les intelligences artificielles génératives m’ont révélé des aspects profonds de notre (ma) propre nature.
Expérience une
La première expérience a eu lieu il y a quelques mois avec ChatGPT, où j’ai créé un agent d’écriture inspiré par… moi.
J’ai utilisé les écrits de mes 19 ans de blogging pour nourrir (c’est indispensable) mon agent, et j’ai été stupéfait par le résultat.
Mes laborieuses prétentions d’écriture, jusque-là soupçonnées, furent littéralement dénoncées par l’IA, (me) dévoilant ainsi une facette de moi-même !
Tout y était : le vocabulaire, les tournures stylistiques, le ton, la structure, voire même l’harmonie et la logique interne d’écriture, mais de manière exacerbée, d’où la surprise et le trouble face à cette mise en abîme.
L’IA provoque par cette reproduction technique (relire Walter Benjamin) une réflexion intense sur la perception que l’on peut avoir de soi-même.
Expérience deux
La deuxième expérience date de quelques jours et implique les IA génératives d’images. Je passe sur la partie technique (reportée en fin de billet1 pour celles et ceux qui seraient intéressés).
Le résultat, encore une fois, fut déstabilisant, me confrontant à mes inclinaisons (hallucinations ?) graphiques singulières… Là aussi tout y est : le style, la palette chromatique, la composition, la simulation du medium utilisé, le contexte, le sujet, l’émotion.
Cette reproduction, du fait qu’elle soit une image, est encore plus impactante sur la perception que l’on peut avoir de soi-même.
On pourrait comparer ces deux résultats d’observations à ce que nous font les calculs algorithmiques de Spotify ou de YouTube.
En ce qui concerne la musique et la vidéo, ce sont des conseils, tandis qu’avec le texte et l’image, ce sont des impositions, signifiées par une approche sémantique différente.
En effet d’un côté on parle de suggestions, de propositions, et de l’autre, « on colle au plus près », on parle d’agent et de personnalisation…
Là encore, le résultat ne fut pas surprenant, mais dévoilé de manière aussi radicale, sans filtre, cela a un côté perturbant. Presque dérangeant car me confrontant directement à mes propres biais sans médiation possible.
Touché au vif une seconde fois, mais sans agent à éliminer cette fois-ci, je comprends que pour modifier mes biais il faudrait que je contrarie mes réponses aux « tasks » mentionnées plus haut, soit renoncer à la personnalisation.
Or c’est tout le contraire que l’on désire: on souhaite une IA biaisée, qui nous ressemble, non ?
Ci-dessous Mustafa Suleyman, CEO de Microsoft AI lors d’une conférence TED en mars 2024: « AI is Us ». (L’IA c’est nous)
- Notes sur l’expérience deux
Il est nécessaire d’avoir produit une certaines quantité d’images. et de participer régulièrement à des « tasks », soit des votes basés sur des propositions aléatoires d’images créées par les utilisateurs. Ainsi se génère notre profil graphique et évolue au fur et à mesure des tasks. C’est ainsi que Midjourney pourra proposer des réponses de plus en plus personnalisées, via un numéro un numéro d’identification du type « –p xxxxxx » , à utiliser dans les prompts.
Pour aller plus loin
Pour bien se rendre compte du résultat. Utilisez le void prompt (prompt vide) et y ajouter le code de personnalisation, Midjourney génèrera des illustrations au hasard personnalisées/. ↩︎
lemodalogue.com 