Une grande partie des films que j’ai vus l’an dernier était signée A24 ou Neon.
Ce qui intrigue ici, ce n’est pas seulement leur présence répétée dans mon parcours de spectateur. C’est aussi la manière dont ces studios se sont imposés comme une référence esthétique et créative immédiate. Il m’arrive de reconnaître un film A24 au premier coup d’œil, voire au premiers mots du synopsis. Une affiche, une texture et l’évidence s’impose.
« I saw the TV glow », « Maxxxine », « Triangle of sadness », « Longlegs » « Anora » (Palme d’Or), « Parasite », « Euphoria », « The Idol », « Anatomie d’une chute » ou « Titane » (la liste est longue) portent en eux cette grammaire visuelle qui leur est propre, ils sont forcément des films ou des séries A24 ou Neon…
Depuis 2013 et l’onde de choc « Spring breakers » d’Harmony Korine, A24 façonne un langage singulier. Textures granuleuses, palettes couleurs saturées et glitchées, compositions de plans singulières. Plus qu’une identité, c’est une véritable signature. La forme dialogue avec le fond sans jamais se dissocier. Neon, dans un autre registre, adopte une démarche similaire : un engagement esthétique qui dépasse la simple production de films.
Là où l’on parlait autrefois de la patte d’un.e réalisat.rice.eur, on évoque désormais celle d’un studio de production. A24 et Neon fonctionnent comme des entités créatives totales, aux lignes éditoriales fortes et aux directions artistiques assumées. Elles définissent un cadre esthétique structurant, une narratie visuelle immédiatement identifiable, transposable au-delà du cinéma.
Les studios sont devenus des marques et créent de la hype
Dans le monde hypermoderne où nous évoluons, un monde hyperconsumériste, toute entité pour exister se doit d’être présente sur plusieurs plans simultanément.
Ces studios ne se contentent pas de faire du cinéma. Ils proposent un imaginaire global, une vision du monde, voire un mode de vie, ils initient des conversations, suscitent des réflexions et encouragent l’empowerment.
Le merch, les collaborations, les designers tendance et voilà le film ainsi que la série TV (auquel la réflexion peut s’étendre) devenu un produit-monde, un signe culturel aux objets dérivés disponibles sur liste d’attente ! Porter un produit A24 fait de vous une personne créative, un peu snob (on adore) différente du fan-geek de base.
Trendforcasters de tous les pays, chasseurs et chasseuses de tendance suivez la lumière projetée de ces studios pour comprendre où se dessineront, aussi, les tendances à venir.
lemodalogue.com 