Anatomy of an influence: Rick Owens and the Shadow of Bowery

What a surprise it was to come across this portrait of Leigh Bowery by Fergus Greer — Session VII, Look 37, June 1994 — a few days ago, in a room of the Tate Modern as a part of the museum’s exhibition dedicated to him.

Leigh Bowery by Fergus Greer (Session VIl, Look 37, June 1994)

It was impossible not to think of Rick Owens’ Spring/Summer 2016 show and the so-called « human backpacks ». The press had seized upon the gesture, which the designer described as a tribute to women: “It’s about nourishment, sisterhood/motherhood and regeneration; women raising women, women becoming women, and women supporting women.”

However, there was no mention of this possible echo — no parallel drawn and Rick Owens’ reinterpretation of it. Still, this image — a body carried by another — had already been staged by Bowery some twenty years earlier. It’s just one of the many intersections the exhibition brings to light, which shows just how underestimated his influence on the creative fashion scene is.

Annie Leibovitz, Leigh Bowery, New York, 1993

As I continued my research, I found that Annie Leibovitz had photographed the same look in 1993 — a few months before Greer. This is yet another trace of the protean figure that was Leigh Bowery, whose radical aesthetic continues to resonate today.

Corps croisés, regards croisés : résonances visuelles

Parcourir un disque dur, c’est explorer un musée intime : des images éloignées s’y rencontrent, des correspondances inattendues s’y tissent.

A gauche, Chrystabel Leighton Porter-Jane qui à inspiré l’héroïne du comic strip Jane (1952-1959). A droite « Femme au coquillage », 1885, de William Bouguereau.

Moda Povera : Olivier Saillard transforme la mémoire en haute couture

En ces temps où mode rime avec réussite marketing, la performance d’Olivier Saillard dans le cadre de ses Moda Povera fait preuve d’une audace et d’une hardiesse rare qui frise une forme d’insolence heureuse, à rebours des conventions.

Le pas de deux qu’il exécute avec la gracieuse Axelle Doué met en scène la garde-robe de sa défunte mère revisitée et réinterprétée à la façon de la Haute Couture.

On se laisse bercer par les annonces de chaque modèle, comme jadis. On contemple la magnification d’un pantalon un peu fatigué, ressurgi du fond d’une armoire et devenu jupe. Un manteau retrouvé plié au fond d’une malle, devenu blouson bouilloné que ne renierait pas l’architecte de la mode. On aime ces tee-shirts, qui, assemblés, n’en forment plus qu’un — dans un style streetwear de luxe.

On est loin des effets de manche. Chaque pièce est comme recysuscitée (recyclée-ressuscitée) et empreinte d’une délicatesse et d’une intelligence auxquelles nous sommes de moins en moins habitués.

La démarche est mémorielle, une atmosphère modianesque enveloppe la salle.

Au Grand Palais ce jour-là, la finalité n’est pas celle d’un défilé, il n’y a rien à promouvoir, rien à vendre. Il s’agit d’un hommage.

Quand l’image devient une arme : smartphone, preuve et surveillance permanente

En découvrant le film Bird, une réflexion m’est venue autour d’un autre statut que l’image aurait acquis depuis la création du smartphone.
J’aborde ce sujet dans mon cours Image, mais principalement à travers sa dimension spectaculaire — publicité, influence, politique, art.
Ce que le film d’Andrea Arnold m’a révélé, c’est la manière dont l’image s’est glissée dans notre quotidien, non plus pour sublimer ou représenter, mais pour agir et parfois être menaçante.

Il fut un temps où prendre une photo relevait du souvenir, du voyage. L’acte de capter en images était réservé aux moments que l’on souhaitait immortaliser. Aujourd’hui on dégaine son smartphone non pas pour des raisons pulsionnelles « scopiques » – pour le plaisir de voir – mais pour une autre raison, pulsionnelle pragmatique : faire preuve.

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Sticky Fingers – Postcards and sticker art from the Vagina Museum

The postcards: Sacred Cunt, Pussy, T-dick, 2024

I really like those beautiful postcards and sticker designed by Adonis Sancho, discovered at the Vagina Museum in London — the world’s first museum dedicated to vaginas, vulvas, and more

The main point of the museum is an educational and inclusive mission: to break taboos, celebrate diverse bodies, and open up conversations about anatomy, health, and identity.

Each piece i purchase blends bold colors and tattoo‑inspired lines, turning anatomy into art you’d proudly slip into a notebook or on your laptop.

This reminder us that design can spark dialogue, challenge norms, and still look fantastic on your wall.

VAVA DUDU, LA MUSE ET LA CHATTE

© CHRISTIAN POULOT

Vava Dudu n’est jamais front row, ni même au second plan. Elle est celle que l’on aperçoit au second regard : bariolée, tout au fond, affairée, habitée d’une présence presque chamanique.
On devine alors que c’est elle qui, en secret, a soufflé à l’oreille des créateurs, les a inspirés, telle une muse.

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Anti-mode : une sortie de la modernité ?

Le tee-shirt « officiel »

Gabrielle Chanel avait cette phrase :

« Il vaut mieux suivre la mode, même si elle est laide. S’en éloigner, c’est devenir aussitôt un personnage comique, ce qui est terrifiant. Personne n’est assez fort pour être plus fort que la mode. »

La mode, phénomène multifactoriel complexe, est peut-être l’acteur le plus actif de la modernité, qu’on le veuille ou non. Elle en condense les tensions : le renouvellement constant, le culte du présent, l’effacement du passé.

c’est croire qu’il reste quelque chose à dire, croire encore à l’inédit — à une parole, un style, un geste qui n’a pas encore eu lieu.

se prétendre « anti-mode » ou s’opposer aux diktats de celle-ci, reviendrait-il alors à se retrancher de ces dynamiques ? et signifierait-il s’exclure de la modernité ?

Ou bien, autre voie, ce refus constitue-t-il, paradoxalement, une forme suprême de modernité : celle qui se défait d’elle-même ?

Terme d’actualité, on le retrouve aujourd’hui dans les discours culturels, médiatiques et esthétiques et souvent rattaché à la notion de « surcharge », à l’effondrement du sens et des repères.

Nous vivons dans une société injonctive où l’obligation de performance s’impose dès le réveil. « Être moderne » ou cette nécessité d’actualisation perpétuelle finit par produire une fatigue émotionnelle.

Rares sont les designers capables de s’extraire de ce torrent. Azzedine Alaïa, Yohji et Rei, Madeleine Vionnet et plus récemment Jeanne Friot. À l’opposé, Jacquemus (mais il n’est pas le seul) participe activement à cette saturation propre à notre époque (hyper)moderne.

C’est alors que certains éprouvent le besoin d’un retrait volontaire, d’une pause.
En 1979, Roland Barthes écrivait:

»Tout d’un coup, il m’est devenu indifférent de ne pas être moderne. »

Il exprimait par là une forme de fatigue, de lassitude — mais active. Et ce point fait toute la différence car son choix n’est pas un renoncement.

Barthes propose un désengagement, une retraite stratégique (comme sur un champ de bataille). Une indifférence choisie, stoïcienne à la manière de Marc Aurèle, salvatrice. Une manière d’être qui refuse le goût dominant où l’ironie devient une forme de critique et qui flirte avec le geste artistique, une attitude très « camp ».

Et si la vraie modernité, aujourd’hui, consistait à ne plus s’en revendiquer ?

L’exposition de Demna chez Balenciaga mérite plus qu’une visite

C’est un hommage comme la mode en produit rarement. Et une fin de chapitre comme peu de créateurs peuvent s’en vanter.
Dans le silence ouaté de l’ancien hôpital Laennec du VIIᵉ arrondissement, au cœur même du siège de Kering, Demna Gvasalia orchestre sa propre sortie. Une exposition sans tapage, ni triomphalisme — mais qui dit tout de l’impact qu’il a eu, en dix ans, sur Balenciaga, sur le vêtement et sur la culture contemporaine.

Le dernier événement de ce type fut sans doute l’exposition dédiée à Marc Jacobs en 2012, célébrant la fin de ses quinze années chez Louis Vuitton qu’il avait transformée en marque de mode. Là aussi, un hommage qui avait pris place au musée du Louvre.

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Manifesto : rave arty à l’Espace Niemeyer

Pour un peu on se croirait à MoMA PS1 non?
Vegyn nous a livré une folle gourmandise avec le Everything she wants de Wham, puis à ravivé de précieux souvenirs mais ne s’est guère foulé en spotifiant le mythique Soon de My bloody Valentine (à la fin de la vidéo).

C’était l’autre soir à l’espace Niemeyer, pour la quatrième édition de Manifesto, où se rencontrent arts, fashion et musique, le tout orchestré par le collectif italien Kaleidoscope et la plateforme de style Goat.
avec: David Rappeneau, Anna Uddenberg, Issy Wood, Air, D’heygere…