JEAN LARGE AVEC FENTES LATÉRALES, CUISSARDES EN DENIM
Le deuxième volet de l’exploration de la fast fashion créative s’arrête sur un paradoxe : c’est désormais au sein de ce système industriel que s’expérimente une forme d’avant-garde démocratique. Après Zara x Szilveszter Makó, Glenn Martens, en collaboration avec H&M, en donne une preuve intéressante.
Chez Balenciaga, la couture devient un art d’équilibre. Cristobal Balenciaga « le seul vrai couturier » disait Gabrielle Chanel, a redéfinit la silhouette féminine où la rigueur technique rejoint la poésie du mouvement.
Dans l’univers d’Anne Valérie Hash, la couture devient murmure. Chaque pli, chaque bouton déplacé raconte un secret. Ses vêtements n’imposent rien, ils suggèrent — comme une conversation à voix basse entre le corps et le tissu.
L’œuvre d’Anne Valérie Hash appartient à une mode qui a choisi de susurrer sur la peau plutôt que de crier aux yeux du monde.
Anne-Valérie Hash lève le voile d’un langage intime et pudique: un décolleté fuit, glisse, pour renaître en secret dans le creux des reins. Une patte de boutonnage cesse d’être une ligne droite et s’enroule tel un lierre autour de l’épaule.
La coupe et la structure de ses créations, dans l’évidence d’un tombé, d’un mouvement, révèlent une sensualité tout en suggestion. Pour l’avoir rencontrée à plusieurs reprises, il m’a semblé que la véritable maîtrise d’Anne-Valérie Hash résidait dans cet art de l’effacement et de la retenue.
Chez elle, même le pantalon — symbole d’un pouvoir longtemps réservé — s’efface pour renaître autrement. Ni masculin ni féminin, il devient passage, territoire libre où le vêtement redéfinit le genre plutôt qu’il ne l’affirme.
Porter du Anne-Valérie Hash, c’est habiter une élégance qui ne se livre pas, qui ne cherche pas à plaire. Ses vêtements intriguent — il y a du Kawakubo ou du Yamamoto “à la française” — et captivent par la richesse de leur non-dit, comme un murmure à déchiffrer.
Photos prises en 2016 lors de l’exposition « Décrayonner » à la Cité de la dentelle et de la mode de Calais.
Chemise renversée en sergé de coton. Patron 5, 11 morceaux et Veste-pantalon, en laine mohair. Patron 31, 19 morceaux couture été 2002, collection « fillemale».
Blouse-pantalon à manches chauve-souris en coton et soie. Jupe-chemise à ceintures-manches nouées en toile de coton. Patrons n° 27 et 4 – 2 et 19 morceaux, couture été 2003, collection « viceversa» et Chemise à col et patte de boutonnage vrillée. Jupe-veste renversée en laine Super 106 Patrons no 47 et 11 – 17 et 11 morceau couture hiver 2003, collection « désordres».
Veste à emmanchures déplacées à effet coulant en laine Super 100’S. Patron n° 74 – 26 morceaux, couture hiver 2005, collection « recréation».
Robe asymétrique nouée sur la poitrine fendue sur le côté gauche en jersey. Patron n° 14 – 5 morceaux, couture hiver 2011, collection « rhythm & poetry».
Salopette en soie imprimée effet jersey. Patron n° 304 – 12 morceaux, couture été 2011, collection «love all ways».
Combinaison avec ouverture diamant au dos en laine vierge stretch, Patron nº79 – 7 morceaux, couture hiver 2010, collection « lunaria rediviva».
Combinaison en sole et dentelle Sophle Hallette. Patron n° 212 – 36 morceaux, couture hiver 2014, collection « jumpsuit ».
Dans un système où le calendrier dicte la création, la mode semble tourner sur elle-même. Entre la course au spectacle et la fatigue des créateurs
Vous connaissez comme moi cette lassitude face à un calendrier qui ne semble jamais s’arrêter ? Si oui, vous souffrez probablement de Fashtigue mot-valise qui décrit parfaitement l’épuisement face à une industrie de la mode devenue une machine frénétique.
Je me suis librement inspiré de l’article de Stephanie Dieckvoss, « A brief history of contemporary art fairs », 2021 et crée un parallèle entre la Fairtigue du monde de l’art qu’elle décrit et ce que je nomme Fashtigue dans la mode. Les deux systèmes en effet, partagent une structure événementielle, une hiérarchie dominée par des géants et une course effrénée qui épuise autant les créateurs (remember McQueen, Galliano, Simons…) que les consommateurs.
What a surprise it was to come across this portrait of Leigh Bowery by Fergus Greer — Session VII, Look 37, June 1994 — a few days ago, in a room of the Tate Modern as a part of the museum’s exhibition dedicated to him.
Leigh Bowery by Fergus Greer (Session VIl, Look 37, June 1994)
It was impossible not to think of Rick Owens’ Spring/Summer 2016 show and the so-called « human backpacks ». The press had seized upon the gesture, which the designer described as a tribute to women: “It’s about nourishment, sisterhood/motherhood and regeneration; women raising women, women becoming women, and women supporting women.”
However, there was no mention of this possible echo — no parallel drawn and Rick Owens’ reinterpretation of it. Still, this image — a body carried by another — had already been staged by Bowery some twenty years earlier. It’s just one of the many intersections the exhibition brings to light, which shows just how underestimated his influence on the creative fashion scene is.
Annie Leibovitz, Leigh Bowery, New York, 1993
As I continued my research, I found that Annie Leibovitz had photographed the same look in 1993 — a few months before Greer. This is yet another trace of the protean figure that was Leigh Bowery, whose radical aesthetic continues to resonate today.
For several weeks now, paris finally reclaims an iconic venue for fashion dissemination
For some time now, despite the presence of a few independent boutiques, the capital ‘of la mode’ has lacked a flagship destination since the closure in 2017 of Colette the famous conceptual store.
With the arrival of Dover Street Market-Paris, this void is now filled, infusing Paris with a new conceptual dynamism where artistry avant-garde and commerce boldly merge. Conceived by Rei Kawakubo and her husband Adrian Joffe, and already established in London, Los Angeles, Tokyo, and Beijing among other locations, the Parisian space immediately distinguishes itself with its labyrinthine spatial layout, reminiscent of the Mayfair store in London, a feature uniquely reproduced in Paris.
Whether it’s the 1951 cocktail dress, the 1962 summer collection, or the « Rose dress » worn by Veruschka and immortalized by Irving Penn for summer 1967 (see below), these three creations constitute clear references for Demna Gvasalia’s recent proposals, who, during Couture shows, remains resolutely faithful to the house’s heritage.
Demna Gvasalia, although he may not possess the genius of John Galliano or Alexander McQueen, nor the marketing acumen of Tom Ford (during his Gucci era), undeniably asserts himself as one of the few designers capable of reinterpreting the fundamentals of the Spanish house. He gravely aligns these codes with our hyper-modern era, often with a touch of cynicism, addressing economic, social, and political themes.
The two dresses (No. 25 and 39) from Winter 2024 are, after all, « distressed » versions of those created by Cristobal Balenciaga, completely in tune with our times.
Moreover, in this show, as always, Demna Gvasilia incorporates streetwear elements into Couture. This doesn’t make it more accessible but situates it in its time. Fashion in action as a means of expression and social critique. Photos: Fashion Network, Balenciaga Paris ed. Thames & Hudson
L’expression « sortir en cheveux » signifie sortir tête nue, non couverts, sans fichu, sans bibi ou sans chignon. La coutume a perduré jusqu’aux alentours des années 60. Il était malvenu alors, pour une femme de sortir les cheveux libres, et si c’était fait de manière délibérée il en était d’exprimer une certaine désinvolture.
Sur les photos ci-dessous issuent de la collection automne hiver 1997 de Yves Saint Laurent Rive Gauche une longue écharpe entouré le visage des mannequins, il s’agit d’une déclaration stylistique et artistique (la collection étant un hommage à Mondrian). Les temps ayant changé, beaucoup d’idées se sont déplacées sur le plan politique, religieux, social et culturel. Une telle représentation pourrait-elle être aujourd’hui sans provoquer de polémique ?
In the context of fashion and cultural analysis, the term « waif » describes a style or persona characterized by a delicate, fragile appearance, often associated with youthful innocence or vulnerability. This aesthetic became notably popular in the 1990s, primarily influenced by figures such as Kate Moss during the CK One campaign (1994) and Courtney Love. She perfectly embodied the « waif look » with her slender frame and minimalist style.
Drawing from Spring Breakers, the first film by the incredibly brilliant A24 film production studio, the Digital Breakers are waifs under control X.
L’attente était grande pour le spectacle de Roisín Murphy à l’Olympia l’autre soir.
On anticipait des tenues extravagantes. On espérait des poses et une théâtralité corporelle sur scène hors du commun. On souhaitait une fosse habitée de fans vibrants d’énergie. On attendait une performance hors norme.
Le résultat a surpassé mes attentes… ce fût un un show à 200%! Le live s’est révélé être une véritable démonstration de passion, menée tambour battant, avec une énergie inébranlable, imprégnée de folie, sans retenue, et s’est avérée être une immense source d’inspiration.
Roisín Murphy ce soir là confirme son statut de véritable icône de la mode. Ses choix vestimentaires, à mille lieues des tenues pour faire le buzz de stars plus mainstream étaient chargés d’histoire et de références culturelles.
Comment, en effet, ne pas évoquer Yves Saint-Laurent devant une telle allure ?