Mode future : le sport

Un billet précédent et quelques recherches m’ont rappellé qu’une des caractéristiques du futur de la mode sont bien entendu l’utilisation des nouvelles matières. et plus particulièrement nouvelles matières techniques. Ces « nouvelles matières », le progrès technique aidant, c’est logiquement qu’on on les retrouve de plus en plus sur les podiums de prêt-à-porter comme ceux de la Haute-Couture.
C’est tout naturellement que cette saison plus que tout autre, on décèle de multiples collaborations entre les Créateurs et des marques de sport désirant changer leur image. Ces nouveaux textiles sont extraordinaires et ces collaborations vont générer des échanges de savoirs, pour nous faire un futur plus « beau », plus confortable, et plus protecteur.

De tout temps les activités sportives ont fortement influencés la mode vestimentaire, l’Europe Industrielle et ses créations majeures comme l’automobile, à connue maints boulversements dans les attitudes grace à l’entrée dans les mœurs, du sport.

Le bain, même s’il ne crée pas une tenue de sport à proprement parler, introduit néanmoins un nouveau style vestimentaire, de nouvelles élégances.

Gravure de réclame (1880)

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La bicyclette
Permet aux femmes l’usage de la culotte.

Jean Béraud (v. 1901-1910), le chalet du cycle au Bois de Boulogne

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L’automobile
Incite à l’utilisation des cache-poussière et des grands voiles

« Pour l’automobile » (v. 1900)

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Plus près de nous on peut citer le style de vie « baggy » des skaters des années 80-90, un vêtement, un style qui a fortement influencé la mode et qui s’est adapté et introduit dans toutes les gardes robes. Une des stars du skate comme Tony Hawk à depuis longtemps prêté son nom pour des marques streetwear et lancé lui-même une ligne de vêtements.

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Cette saison on compte plusieurs collaborations entre Créateurs et marques de sports, le futur c’est maintenant. Dans toutes ces collaborations on retrouve souvent les notions indissociables désormais, de performance et de style.

Stella Mc Cartney, au style ô combien féminin a collaboré avec Addidas, idem pour Yohji Yamamoto pour la collection Y-3 (super site web !), depuis plusieurs années maintenant.

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Stella Mc Cartney pour Addidas, « collection destinée aux femmes qui attachent autant d’importance au sport qu’au style », on est pas loin de l’attitude des baigneuses de la fin du XIXe siècle.

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Yohji Yamamoto  pour Adidas

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Puma, qui travaille depuis plusieurs saisons avec l’ex-top model Christy Turlington pour la collection très « nature » nuala est présent depuis plusieurs saisons dans toutes les premières pages des magazines de mode. Puma étend son spectre cette saison et présente pour cet été en collaboration avec Alexander Mc Queen, une collection d’une dizaine de chaussures sport-chic, sport-ville.

Collection femme d’Alexander Mc Queen pour cet été

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Christopher Kane, le détail : les boucles de ceintures nous rappellent plus un sac de sport ou un KWay qu’une robe pour sortir le soir, idem pour les couleurs fluo que l’on a vu fleurir sur les podiums, couleur que l’on retrouve plutôt sur les stades, les pistes ou les circuits.

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Chez Balenciaga, on retrouve cette saison des pantalons inspirés des pantalons de survêtement

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Chez Lacoste, qui défile à New-York, Christophe Lemaire depuis plusieurs saisons, fait subtilement translater la marque de sport luxe vers une marque de mode luxe, souvenez-vous des polémiques soulevées il y a quelques années lorsque la marque s’est aperçue qu’elles était aussi achetée par des rappeurs, ce qui pour elle ne correspondait pas à l’image qu’elle voulait faire passer. Au vu des campagnes de pub ci-dessous on voit bien la cap pris par le créateur.

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Il y a quelques saisons (an 2000) Dirk Bikkembergs s’est lancé dans le design de vêtements de sport en s’associant avec une équipe de football italienne, il y a même un site web consacré à ce travail !

Tendance fluo

 

Y aurait-il une tendance fluo à venir pour l’été prochain ?
Présent sur tous les supports, papier et tissu, préparez-vous à la vague fluo… J’en veux pour preuve quelques exemples glanés par ci par là, ces derniers jours. Des tenues des groupes Nu-Rave tels les Klaxons, aux invitations de la boutique ultra-pointue KokonToZaï, en passant par les pages de Dazed & Confused, mais aussi chez Balenciaga, Marc Jacobs ou encore chez Christopher Kane…

Christopher Kane, London Fashion Week, Été 2007 (via Vogue.com)

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Affiche de concert

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Chez Marc Jacobs, prêt-à-porter, automne 2007 (via Style.com)

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Les mêmes (?) déjà  dans les rues de Milan par The Sartorialist (étonnant non ?)

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Flyer, puis page d’accueil du site web de la boutique ultra-branchée Kokon to Zai

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À Paris, si la boutique existe toujours c’est : 48, rue Tiquetonne- Paris 2e

Les Klaxons (attention les yeux !) qui font danser les garçons et les filles sous des accords techno-rock

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Version streetwear, pour une série mode dans l’avant-dernier numéro de Dazed & Confused

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Prescription : Le total look fluo à réserver si vous avez moins de 18 ans… Au delà privilégiez-le par petites touches ou mieux sur vos accessoires.
Pour les couleurs, si vous hésitiez entre le rose, le bleu, le vert détergent ou autre, optez pour le jaune qui est la couleur la plus vue…

Mercato d’hiver

Lu la semaine dernière dans la presse (Le Figaro), un état des lieux des directions artistiques des différentes maisons de couture. Force est de constater que cela a énormément bougé, que ce soit pour la mode homme ou la mode femme.

La tendance est d’intégrer sur la plus haute marche de la création non pas une diva, mais un créateur au profil « studio de création ». Chloé et Gucci avaient lancé la tendance, précise l’article ; en effet Phoebe Philo a remplacé Stella Mc Cartney et Frida Giannini a succédé à Tom Ford ; le mouvement s’est accéléré et d’autres maisons ont suivi (Calvin Klein…).

En plus de cette tendance de fond, une série de « transferts » se sont opérés depuis le début de l’automne, chamboulant la carte des DA des maisons de couture parisiennes ; ainsi on retrouve Paulo Melim Andersson chez Chloé (exit Phoebe !), le talentueux Olivier Theyskens chez Nina Ricci, Dai Fujiwara chez Issey Miyake, Giles Deacon chez Daks, Nicolas Andreas Taralis chez Cerruti, Sophia Kokosalaki chez Vionnet, Damian Yee chez Guy Laroche ou encore Peter Dundas chez Ungaro.

Plus dure est la situation de la mode masculine : plusieurs maisons ont en effet pris le virage du relifting, mais sans le succès connu par Dior Homme, hélas… Au vu du travail réalisé par Oswald Boateng chez Givenchy, ou encore Jason Basmajian pour ST Dupont, cela me semblait prendre bonne tournure, les lignes se modernisant, attirant de facto une nouvelle clientèle. Mais les résultats financiers n’étant pas bons, ou en tout cas pas assez rapidement bons, Franck Boclet a ainsi quitté Smalto, Oswald Boateng est sur le départ, Jason Basmajian a été remercié et Pierre-Henri Mattout est également sur le départ chez Dormeuil…

Les maisons de couture masculine ou féminine n’ont aujourd’hui plus le temps, ni l’argent, les résultats financiers doivent se voir quasi-immédiatement ; les créateurs ont donc pour mission de « générer du cash » le plus rapidement possible, sous peine de se voir remercier rapidement, et ce, quel que soit leur talent.

Dans un autre registre, mais concernant toujours les changements de créateurs, Irène Leroux a quitté Erès (groupe Chanel), LA marque de maillots de bain et de lingerie qu’elle avait créée en 1968. Elle sera remplacée par la styliste Valérie Delafosse. Il sera intéressant de suivre les nouvelles (?) orientations de style que cette dernière va y apporter.

Au milieu de ce constat, seule la maison LVMH et ses énormes moyens financiers peut se donner le temps de « recadrer » un John Galliano – avec le succès que l’on sait – et de redéfinir la mode masculine avec Hedi Slimane. Karl Lagerfeld et ses 24 ans chez Chanel fait figure de héros… génial héros, qui a su relancer, moderniser, recréer et propulser la maison de la famille Wertheimer. Quel créateur intégrant une maison peut « espérer durer » autant que lui aujourd’hui ?

Mon imprimante est fan de mode…

 

Tout vient d’un constat que j’ai fait il y a quelques semaines en feuilletant les magazines et en parcourant la Toile. Les fabricants de téléphones mobiles, d’imprimantes à jet d’encre utilisent depuis plusieurs mois un discours, des visuels empruntés à la mode, le paroxysme ayant été atteint ce matin en feuilletant un supplément du journal Le Monde.

En effet, Canon, fabricant d’imprimantes vendues à la Fnac, s’offre une page avec le mannequin Carol Bernardi habillée par la sempiternelle tenue à base de cédés… mais réalisée cette fois-ci par une créatrice top pointue : Cathy Pill !! J’en ai avalé ma tartine. Les cédés sont scannés puis imprimés avec une imprimante maison.

Canon est un des principaux sponsors de la London Fashion Week et se trouve également impliqué dans les Fashion Week parisienne et italienne. La firme à récemment commissionné Robert Cary-Williams pour qu’il développe une collection baptisée Canon LoveFashion faite à partir des systèmes d’imagerie de la maison ; Cathy Pill de son côté, affectionne particulièrement les imprimés et les retouche numériquement depuis ses débuts. Le choix de cette créatrice, qui manipule aussi bien l’aiguille que la souris semble donc cohérent et lui offre par là même une sacré vitrine, ce qui est sensass.

Qu’en est-il des autres acteurs du milieu ?

– Motorola, fabricant de téléphones mobiles et du processeur qui équipe mon PowerBook a publié Motofashion il y a quelques mois (distribué dans Jalouse). Motofashion est une publication couvrant les défilés parisiens, les photos étant prises avec les téléphones de la marque.
– Nokia, depuis quelques années sévit dans le domaine du luxe avec la marque Vertu et monte d’un cran avec un de ces derniers téléphones, où tous les visuels sont empruntés à la mode, on y voit des rouleaux de tissus, des mannequins, des portants, des silhouettes crayonnées, des boutons etc.

Associer sa marque à la mode, qui plus est pointue, est une façon pour ces acteurs industriels de montrer que leurs produits sont innovants, créatifs, beaux ou encore une façon de « draguer » une clientèle friande de nouveauté…
Il y a une génération on vendait des paquets de lessive et des voitures en montrant une fille en bikini, aujourd’hui ce sont les stylistes de mode qui font vendre…


Cathy Pill, sa robe en cédés pour Canon


Nokia, ajoute des visuels « mode » pour vendre son dernier bijou technologique


Supplément mode de Motorola

Björk, la mode et le graphisme

Il est intéressant de constater l’évolution des relations entre la chanteuse Björk et les deux domaines que sont la mode et le graphisme.
En effet, Björk était il y a quelques années, peut-être un peu moins aujourd’hui, une muse et surtout une ambassadrice de la jeune création de mode. Souvenons-nous de ces moments forts: la montée des marches, puis la Palme en mai 2000 à Cannes en robe d’Alexandre et Mathieu ou la robe Ange créée par Jeremy Scott (mise sur la tournée Homogenic en 2001); sans oublier les As Four, Bernard Wilhelm etc. Comme Madonna lors de la précédente décennie, faire porter une de ses créations par Björk est gage de succès, la meilleure façon de débuter sa carrière…

Qu’en est-il aujourd’hui ?
Pour Medulla son dernier album, Björk à fait appel au M/M Paris duo de graphistes français, de renommé internationale et dont le champ d’activité s’étend du graphisme à l’art contemporain. Les M/M Paris ont collaborés avec Inez van Lamsweerde et Vinoodh Matadin pour la vidéo de Hidden Place et ont conçu la typo et le graphisme que l’on trouve sur l’album et utilisée pour le collier que porte la chanteuse en couverture. Les M/M Paris ont imprimés de manière forte leur style à travers ces deux réalisations pour Björk.
Il ne fait pas de doute que bien que confidentiel, la visibilité apporté par Björk sur le travail de ces deux graphistes en a été plus évidente.
Björk muse et ambassadrice se fait visionnaire identifiant parfaitement l’évolution et crée un lien entre ces deux mondes que sont graphisme et mode.


Björk en Jeremy Scott, sur la tournée Homogenic en 1998


Mai 2000, Bjork en Alexandre et Matthieu avec Lars Von Trier pour la Palme d’or.


Graphisme pour la pochette du EP « Hidden Place »

 


Björk « en » MM/Paris pour la couverture de l’album Medulla.

Voir égalemment le billet que j’avais déjà  consacré aux MM/Paris