L’habit fait le moine

Dans l’univers technologique, il contribue, parfois, à participer à faire le leader. Steve Jobs, Mark Zuckerberg, Jensen Huang, chacun à leur manière, ont utilisé leurs choix vestimentaires pour se forger une image iconique, transcendant ainsi la simple apparence.

Le vêtement n’est plus seulement une protection ou une parure, mais un vecteur de messages puissants et subtilement orchestrés.

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Apple Hermes smart watch, a smart move?

Les quelques remous provoqués dans la fashion websphere suite à l’annonce de la montre connectée Apple x Hermès semblent s’être déjà apaisés.

Une annonce somme toute “mineure” comparée à la sortie de l’iPad Pro ou de l’iPhone 6s…

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Le secret le mieux gardé

Alors que le projet fut initié il y a plus d’un an, de toutes les annonces faites le 9 septembre, seule celle-ci n’avait pas filtré. Quand Apple veut garder un secret cela est possible…

Techniquement parlant cette annonce ne révolutionne en rien la smartwatch d’Apple, c’est une annonce mineure. C’est au cœur de l’ADN de la marque californienne que ce situe le changement, l’évolution.

Du hub au lifestyle

Lorsque Steve Jobs annonçait en 2001 la création du concept de hub numérique, il emmenait Apple dans la révolution qui allait bâtir son succès.

Dès lors la communication fera fi de la technique et privilégiera le client final, à contre-courant du secteur. Du concept de hub numérique naîtront l’iPod, l’Apple TV, l’iPad…

Aujourd’hui le hub numérique c’est fini, ces produits sont devenus des noms communs. Apple entame sa nouvelle ré-évolution. Elle souhaite devenir une marque lifestyle.

Dès lors elle participera à notre quotidien prenant en charge nos paiements (Apple Pay), suivra notre courbe de santé (Apple Santé), nous transportera d’un lieu à l’autre (la future Apple Car) ou en diffusant des programmes radio (Beats One) et bientôt sans doute nous suggèrera des programmes de télévision…

La petite firme à la pomme, tout comme sa capitalisation boursière, a des ambitions hégémoniques.
Jusqu’alors Apple représente le haut de gamme de la micro-informatique et de la téléphonie mobile. C’est ainsi sur tous les marchés que la marque investi. Elle sait créer un écosystème rassurant et apporter les réponses esthétiques, ergonomiques et techniques qui satisferont l’utilisateur exigeant.

Quid du luxe et de la mode?

En 1998, de retour chez Apple alors en grande difficulté financière, Steve Jobs nomme Jonathan Ive vice-président du design.

Tel Marc Jacobs qui va en 15 ans transformer Louis Vuitton malletier en Louis Vuitton marque de mode, Apple sous la houlette de Jonathan Ive va fonctionner telle une marque de mode, introduisant le design dans ses produits, changeant la couleur de la robe des premiers iMac régulièrement.

Les ouvertures d’Apple Store aux profils qui n’ont rien à envier aux flagships des maisons de luxe. Les recrutements de haut cadres de chez Burberry (Hannah Ahrendts) ou Yves Saint Laurent (Paul Deneve) ces deux dernières années, voir le débauchage de Ian Rogers, dirigeant d’Apple Music chez LVMH montrent un désir certain de toujours monter en gamme et de se rapprocher de la mode.

Tout comme Rolex, Apple augmente le prix de ses produits chaque année, c’est un moyen classique dans le domaine pour entretenir la rareté et le rêve.

Mais cela ne suffit pas pour faire partie du monde exclusif des marque de luxe, plus qu’une marque uniquement “tendance”.

Google qui s’allie avec Tag Heuer ou pour ses Google glass avec Diane Von Furstenberg ne suscite pas autant d’émois. La firme de Mountain View, autre poids lourd du monde digital ne provoque pas autant de désir aspirationnel qu’Apple et sans doute n’a-t-elle pas les mêmes ambitions.

Apple doit forger sa crédibilité auprès des clients traditionnels du luxe et pour cela il était nécessaire de s’allier au plus prestigieux de ses représentants. Hermès et Apple partagent le même goût de l’exclusivité absolutiste, un certain goût pour le non-ostentatoire. Une quête élitiste où la rareté (un des préceptes du luxe) est de mise, mais rendue difficile, voire contredite quand on vend des millions de smartphones, même s’ils valent plusieurs centaines d’euros…

Anti-geek

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Pour atteindre les rivages du luxe, Apple devra accepter de vendre des produits difficilement accessibles, rares, ce qu’elle propose avec l’Apple Watch Edition vendue entre 10 000 et 18 000 euros.

Apple ne s’allie pas avec un horloger. L’Apple Watch Hermès met en avant la signature et le prestige d’une des marques les plus emblématique du luxe, plus que le coût et la technique.

Le logo Apple n’apparaît nul part sur la montre et la typographie utilisée est celle de la grande maison française. En laissant les projecteurs braqués sur Hermès, Apple peut ainsi s’adresser à une nouvelle génération de connoisseurs, spécialistes d’un nouveau goût, avant tout sensibles à un univers.

Apple n’a pas inventé la smartwatch mais sait réinterpréter et se réapproprier le concept et prendre le leadership, comme elle l’a fait précédemment avec l’iPod.

Avec l’Apple Watch Edition et l’Apple Watch Hermès la firme américaine se démarque de ses concurrents en proposant la smartwatch de luxe valant plusieurs milliers d’euros tout en ayant des capacités techniques équivalentes à ses modèles d’entrée de gamme. La valeur ajoutée réside alors dans les finitions que l’on pourrait comparer au choix de la doublure d’un costume, le tombé d’une robe ou à la qualité des pierres utilisées pour un bijou…

L’alliance des savoir-faire

Force est de constater que l’Apple Watch Hermès, bien que dix fois moins chère que le modèle Edition est autrement plus désirable. C’est le résultat d’une partition écrite pour quatre mains et jouée par Jonathan Ive (et son collaborateur Marc Newson) et les ateliers de la Maison Hermès.

Pour cette montre, le sellier à dû faire parler son savoir-faire et l’adapter aux contraintes imposées par les capteurs de la montre. Le bracelet double tour, créé en 1998 par Martin Margiela, alors DA chez Hermès, fut modifié pour s’adapter à la technologie des capteurs présents sous le boîtier.

Plus que de créer un standard technologique basé sur un OS, Apple Inc. adopte un profil holistique et se positionne en tant que leader d’un nouveau marché où le produit techno-luxe est désiré d’abord sur des considérations culturelles. “Le luxe c’est la simplicité” pour paraphraser Mademoiselle Chanel.

Et pour cela des adaptations, des concessions subtiles mais revêtant un caractère subversif pour les deux marques et leurs aficionados ont été faites de part et d’autre. Pour le packaging, Apple abandonne le blanc pour le orange Hermès et Hermès voit pour la première fois son nom accolé à un autre.

Ni du côté des horlogers suisses, ni ses concurrents du monde de la high-tech n’ont les moyens de proposer ce type de produit qui sache susciter comme un produit de luxe “traditionnel” du rêve. Nul n’a les moyens de créer autant de buzz médiatique, d’envies et de parutions exclusives.

Ecoutez Suzy… Le milieu de la mode l’a bien compris, la techno est à considérer

Les collaborations d’Hermès

Pour Hermès, il s’agit d’une nouvelle collaboration placé sous le signe de l’exception, dont elle est coutumière(1). Hermès du haut de ses 178 ans signifie et fait signe à la génération Y aisée qu’elle est une marque contemporaine.

Ce partenariat fait suite à l’alliance en 2008 avec Eurocopter, le premier fabricant d’hélicoptères civils mondial (rebaptisé en 2014 Airbus Helicopters), pour confectionner 6 modèles exclusifs par an. Puis ce fût une collaboration avec le prestigieux constructeur automobile français Bugatti. Puis le réputé fabricant de yacht de luxe Wally avec lequel Hermès a fondé la filiale Why-Yacht  et ont élaboré leur vision du yacht du futur. Plus récemment c’est avec la firme allemande Leica qu’ils se sont associés. Des collaborations sur des produits aux dimensions extrêmes allant de l’hélicoptère à la montre (rapport macro-micro).

En intégrant cette tribu de marques prestigieuses Apple et ses 39 ans d’existence réussi donc, en partie, son pari.

Hermès on vient de le voir, comme toute marque de luxe qui se respecte, met le cap sur l’innovation et l’audace (autres fondamentaux du luxe) et se frotte au monde digital que la marque affectionne depuis bien longtemps (sous la houlette de Michel Campan elle fut à l’aube des années 2000 une des premières marques de luxe à vendre en ligne ses produits).

Le marché du luxe est en pleine expansion et le profil des consommateurs (les millenials) à fortement évolué. Proposer pour cette nouvelle clientèle, de nouvelles typologies de produits hybrides où technologie et savoir-faire traditionnel se mêlent est un impératif et préfigure les marchés de demain.

A votre service

On pourra s’étonner du prix, somme toute pas si élevé et se dire que cette montre est un premier essai d’inclusion dans le luxe. De transition, elle s’adresse peut-être, à ceux qui font un bref passage dans le monde du luxe, les “excursionnistes du luxe” (Jean-Noël Kapferer) ou aux jeunes générations qui n’ont pas encore les moyens d’être des consommateurs principaux.

On pourra certes se soucier des mise-à-jour logicielles de la tocante d’Apple et considérer sa pérennité au regard d’une Cape Cod par exemple à coût quasi-identique. Comment assurer dans le temps la compatibilité de l’Apple Watch avec l’ensemble de l’écosystème numérique? Chassez la technique et elle revient au galop…

Mais alors qui aurait parié sur Vertu, la marque de téléphones mobile de luxe dont les prix varient de 5 000$ à 300 000 $ créée par Nokia (puis revendue au groupe suédois EQT VI) en… 1998 et qui compte près de 400 000 clients à travers le monde?
Cet objet technologique (dont certains modèles ne tournent même pas sous Androïd mais Series 40 l’OS de Nokia!) est un véritable passeport pour l’extraordinaire. Et les services vont avec: Service de personnalisation garantissant l’unicité du produit, sonneries interprétées par l’orchestre symphonique de Londres, finitions exceptionnelles, conciergerie, références à l’horlogerie de luxe, clubs privés, assistance monde 24/24, évènements VIP…

Vertu prouverait qu’un objet technologique et populaire peut s’extraire de la sphère geek et devenir un produit de luxe, mais pour cela il faut être en mesure de valider un autre fondamental du luxe: le service. Et dans ce domaine que propose Apple quand on achète une montre à 18 000 euros? Quelle expérience client? Est-on reçu dans un salon privé ou fait-on la queue à l’Apple Store?

Pouvoir offrir des services, des expériences ciblées, mettre en place des évènements à la manière des Saut Hermès au Grand Palais voire des collaborations lifestyle autour de ces produits haut de gamme sortirait Apple du giron hi-tech qu’elle domine et participerait activement à l’élaboration de son nouveau statut.

L’an dernier, les pages exclusives réservées pour l’Apple Watch dans le Vogue China ou l’évènement au sein de la boutique Colette étaient les prémices de ce nouveau cap entrepris par la firme sise à Cupertino.

Nous sommes les observateurs de la mutation en cours d’Apple. Steve Jobs à placé l’iMac au centre de notre vie digitale avec la notion de Hub Numérique. Aujourd’hui Tim Cook et Jonathan Ive est un binôme pour une double mission, placer l’esprit Apple quelque part au sein de notre vie et en faire une marque de luxe aux côtés des YSL, Louis Vuitton, Dior et consorts. Tout un programme.

 

(1) voir aussi les collaborations avec Yamaha en 1993 pour la Virago 535 (78 heures d’atelier de cuir et 30 heures d’orfèvrerie) et en 2011 pour la 1700 VMax

 

Le vertige du funambule

Je viens de terminer la lecture de l’ouvrage d’Annick Lantenois: Le vertige du funambule, le design graphique entre économie et morale. Un livre où l’auteure nous apprend entre autres, que rien n’échappe au design, pas même les corps…

L’ouvrage dresse un récit historique du design, de ses fondements établis au XIXe siècle à nos jours.

Annick Lantenois y étudie comment le designer, traducteur et par ses prises de positions nous guide à travers la complexité des codes qui peuplent notre quotidien (logos, sites internet, affiches…).

Les propos tenus dans ce livre intéresseront les designers de tous bords (graphistes bien sûr, mais aussi les designers de mode, les illustrateurs, etc.).


Familiarité entre l’illustration des M/M à droite pour Yohji Yamamoto et celle dessinée par Aubrey Beardsley.

Tout comme le designer graphiste, le designer de mode se doit de décoder les signaux qui nous entourent.

Tout comme le designer graphiste se doit d’être, aujourd’hui, un peu programmeur, le designer de mode se doit d’être en phase avec les nouveaux déclencheurs (essentiellement numériques) qui lui permettront de favoriser l’échange et de faire naître des expériences créatives singulières.

J’ai numérisé certains passages du livre qui m’ont semblé intérressants:

Une crise du temps, patrimoine, storytelling, etc. ?

Ci-dessous des extraits où l’auteur étudie le passage du blason au logo dans l’identité des villes et le changement de sens inhérent à celui-ci.

– « Le blason est une traduction symbolique de l’enracinement d’une collectivité dans la durée et dans un territoire. »

– « Le blason est une des manières de raconter l’histoire de la cité, lieu sédentaire, localisable, quantifiable, datable… »

–  « C’est un récit stratifié où chaque élément iconique (tours, roues dentées, etc.) symbolise les diverses couches temporelles qui racontent chacune une période de l’histoire. »


Evolution du logo de la ville de Bezons

–   « Les logos des années 80, ne portent plus les symboles des traçes matérielles, l’Histoire s’absente, l’enracinement dans la durée s’oublie. »

–   « Les logos semblent conçus pour annoncer les qualités de cette ville à la manière du slogan, voire de l’injonction (essor, dynamise, vitalité). »

–   « Le blason privilégie la durée et la stabilité de la cité, le logo affirme le présent de la ville par le mouvement et la métamorphose. »

–  « Ainsi la forme globale du blason et la syntaxe qui articule les symboles et les codes couleur traduisent-elles la conception d’un temps continu, structuré par la tradition et par la transmission, par l’héritage. »

Je n’ai pas pu m’empêcher de faire un rapprochement avec le secteur du luxe où ces dernières années fut privilégié l’instant. L’an passé lors du International Herald Tribune Luxury Conference les notions d’héritage et de savoir-faire ont été élues comme point de salut et de reconquête pour l’industrie du luxe par Suzy Menkes.


Les deux premières images représentent l’évolution de l’emblème du Bauhaus (Karl Peter Röhl, 1919 puis Oskar Schlemmer, 1922), la troisième image montre la ressemblance troublante entre le logo de Schlemmer et les premières icônes du Macintosh d’Apple dessinés par Susan Kare.

Le livre, l’e-nomadisme, l’hypermodernité: morceaux choisis

Annick Lantennois aborde d’autres sujets adjacents à son récit, traitant de la culture du livre, du numérique, du développement technologique, de l’e-nomadisme… des notions qui de près où de loin concernent également les métiers de la mode (designer, presse traditionnelle ou électronique, bureaux de tendance, etc.). Morceaux choisis, à méditer.

–   « L’histoire est un récit de la connaissance dont le rôle est de transmettre et faire comprendre les conditions où s’exercent les actions, l’expérience des hommes. Le design graphique, quant à lui, est un ensemble de compétences à la fois intellectuelles (conception) et plastiques (mise en forme de contenus) dont se dotent les sociétés pour contribuer à rendre au monde une lisibilté que l’industrialisation, la mécanisation et l’urbanisation avaient opacifié. » (p. 42)

–   « Le livre est un objet emblématique dont s’est doté le christianisme dès le IVe siècle pour traduire sa conception du temps et repondre a ses pratiques intellectuelles. La culture du livre est alors l’ensemble des comportements programmés par cette structure de pensée et que l’imprimerie radicalisa. (…) La conception téléologique du temps -orienté vers une finalité- qui structure la culture du livre est ce qui la distingue de la culture numérique marquée, quant à elle, par la conception présentiste du temps, ce -présent omniprésent-« . (p. 66)

–   « Hypermodernité, hyperindustriel selon le philosophe Bernard Stiegler, surmodernité selon l’anthropologue Georges Balandier: des superlatifs comme si le langage s’épuisait à s’adapter à l’accélération du développement technologique depuis les années 80, telle une balise permettant à l’intelligence de se repérer dans un présent où le passé et le devenir semblent s’y noyer. » (p.67)

–   « Les téléviseurs, mobiles, ipods voient leur statut se modifier ils ne sont plus des terminaux mais des relais. » (p. 69)

–   « C’est pourquoi au terme « dématerialisation » devrait se substituer celui de « numérisation » qui permet de mettre en avant le processus de transformation qui mène les contenus d’un état vers un autre: des supports imprimés vers les techniques industrielles (cinéma, radio) puis vers les technologies hyper-industrielles en réseau et réciproquement. » (p. 70)

Designer, what else?

–   « Au fond, privilégier les relations entre les objets pour y revenir, permet de poser les questions de la fonction et du sens à leur assigner. Ce mode d’analyse n’est en rien nouveau. déjà  en 1947, Laszlo Moholy-Nagy écrivait: « Faire du design c’est penser en termes de relations ». (…) . » Ainsi, que conçoit Otto Wagner, en 1902, pour le Bureau des Dépêches de Die Zeit? Ou Stanley Morison lorsqu’il dessine en 1932 un caractère spécifique pour le journal The Times? Ou encore, lorsque Harry Beck, en 1933, dessine le plan du métro londonien?

(…)

Tous dessinent, designent, des identités bien sûr, tous conçoivent des objets fonctionnels destinés à aider, à accompagner les individus dans leurs lectures des informations et des espaces. Mais, au-delà de ces fonctions, ce que ces designers inventent est également, voire avant tout, les conditions nécessaires aux échanges, à la circulation des biens, des personnes et des informations. En concevant un dessin de lettre en adéquation avec l’économie de la presse moderne, en dessinant un Bureau des dépêches – l’un des maillons dans la chaîne du traitement et de la diffusion des informations – , en schématisant les parcours du métro qui favorise et rationalise le déplacement des individus, en particulier, vers leur travail, S. Morison, O. Wagner et H. Beck contribuent au processus de transformation de l’énergie en principe même. »

–   « (…) ce qui les unit est leur volonté de trouver des formes et des syntaxes en adéquation avec leur présent. »

–   « (…) réinvestir les fondements du design graphique et (…) interroger leur actualisation au regard non pas d’une dématérialisation des contenus mais de leur transformation par la numérisation, au regard non pas d’un monde dissocié entre concret et dématérialisé, mais d’un monde concret augmenté, étendu dans des environnements numériques. »

Blogs vs journalistes, un combat d’arrière garde

–   « Les instruments nomades de captation et les logiciels de traitement des images, des textes et des sons ouvrent les champs experts historiques à la participation des amateurs. La profession du journalisme en sait quelque chose qui s’inquiète de la part prise par les documents amateurs dans le traitement des événements par les grands médias, qui s’inquiète également de la multiplication des blogs d’information échappant au cadre de la presse écrite et télévisuelle. Alors, nous pourrions pleurer sur la mort du journalisme. Mais n’est-ce pas, au contraire, l’opportunité de repenser le métier de journaliste? »

Ci-dessous, un passage dédié à tous les streetstylers, car le monde de la mode s’est aussi étendu grace à l’avènement du numérique. Découvrir les looks de rue de Stockholm, Athènes, New-York ou Tokyo n’a jamais été aussi facile.

Les non-experts de mode, mais passionnés, peuvent assez simplement mettre en ligne leur propres créations sur des sites comme Etsy et pour certains même en faire leur profession. Les sites de partage et d’appel à contribution se multiplient.

La facilité d’accès aux outils fait de chacun de nous, en apparence, un designer graphiste, qui manipule les typographies et les images glanées çà et là ou un designer de mode qui montre quotidiennement ses tenues sur son blog et donne son avis sur la dernière collection de Marc Jacobs.

–   « À cet élargissement de l’espace de paroles aux non-experts, il faut ajouter l’invention puis la généralisation de la photographie qui permit aux individus de s’approprier la fabrication des images et contribua à la démocratisation des connaissances grâce, notamment, à la reproduction des oeuvres. »

Extension, Expertises et Expériences

–   « La découverte dont nous faisons l’expérience aujourd’hui est, de manière similaire, celle de l’extension et de la diversification des compétences, celle du rôle de la technologie dans les processus de démocratisation et d’élaboration de nouveaux savoirs et de nouvelles idées. À chaque fois, en contribuant à démocratiser l’accès aux savoirs et aux informations, c’est la distribution symbolique et économique des rôles et des statuts qui se redéfinit. Ce double processus de dé/refonctionnalisation impulsé par la culture numérique crée les conditions de formation d’un continuum qui remodèle les distances symboliques, économiques et juridiques entre les rôles de producteur/auteur, de diffuseur, de lecteur. Ce continuum ne signifie pas leur fusion. Il s’instaure sur un principe d’alternance volontaire, une alternance qui autorise l’extension des domaines de compétences, des rôles et des responsabilités. Il naît de la logique du réseau fondée sur l’instabilité des contours et structurées par la circulation hyper textuelle et hyper-média. »

Reste aux bureaux de style, aux créateurs, aux amateurs, à savoir comment exploiter cette masse d’information, de compétences, cette diminution des distances, ce flot-flux responsable du vertige afin d’éviter de sombrer, trop facilement, dans cet océan numérique.


Angelique Lantennois est historienne d’art et enseignante à l’école régionale des beaux-arts de Valence.

Le vertige du funambule, le design graphique entre économie et morale est disponible aux Editions Cité du design.

Le Modalogue | Weekly #10

CETTE SEMAINE, MES DÉCOUVERTES TOURNENT AUTOUR D’UN SEUL HOMME: DIETER RAMS.

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DESIGNER EMBLÉMATIQUE ET VISIONNAIRE DE LA MARQUE BRAUN IL DÉTOURNA LA MAXIME « LESS IS MORE » DE LUDWIG MIES VAN DER ROHE EN « LESS BUT BETTER ». IL FAIT PARTIE DE CES DESIGNERS ADEPTES DU MINIMALISME. J’AI RE-DÉCOUVERT DIETER RAMS LORSQU’IL A ÉTÉ MIS AU FAIT QUE JONATHAN IVE (CHEF DU DESIGN DES PRODUITS APPLE), S’INSPIRAIT FORTEMENT DE CES CRÉATIONS (VOIR ICI ET ICI).

CES DERNIERS JOURS JE ME SUIS DOCUMENTÉ SUR CE DESIGNER DE GÉNIE DONT LES CRÉATIONS SONT DÉSARMANTES D’ACTUALITÉ. VOICI QUELQUES LIENS POUR DÉCOUVRIR PLUS AMPLEMENT SON TRAVAIL.

  • INTERVIEW ET ARTICLE CHEZ MID-CENTURY MODERNIST
  • UN POOL FLICKR
  • OBJECTIFIED, LE FILM DIDACTIQUE DE GARY HUSTWIT, SECONDE PARTIE DE SA TRILOGIE SUR LE DESIGN (J’AVAIS PARLÉ DA LA PREMIÈRE PARTIE, HELVETICA, ICI). CE PASSIONNANT DOCUMENTAIRE, PRÉSENTE LE TRAVAIL DES DESIGNERS PRODUITS LES PLUS INFLUENTS, DONT DIETER RAMS. A VOIR ABSOLUMENT !
  • LESS AND MORE, L’ÉNORME BOUQUIN RETRAÇANT LE TRAVAIL DU DESIGNER ALLEMAND
  • DESIGN MUSEUM, LE MUSÉE LONDONIEN OÙ SE TIENT ACTUELLEMENT UNE EXPOSITION (18.11.09 – 09.03.10) COUVRANT L’ENSEMBLE DE SA CARRIÈRE CHEZ BRAUN ET VITSŒ.

PEUT-ON COMPARER LE TRAVAIL DE DIETER RAMS AVEC CELUI DE CERTAINS CRÉATEURS DE MODE?

HELMUT LANG, JIL SANDER, HUSSEIN CHALAYAN OU MARTIN MARGIELA ? IL MANQUE CHEZ EUX LA DIMENSION INDUSTRIELLE, LA PRODUCTION DE MASSE. CES CRÉATEURS RESTENT, MALGRÉ LEUR ÉNORME INFLUENCE, ASSEZ CONFIDENTIELS.

INNOVANT, UTILE, ESTHÉTIQUE, COMPRIS/ACCESSIBLE PAR LE PLUS GRAND NOMBRE, DISCRET, HONNÊTE ET DURABLE, LES CRÉATIONS DU PROVOCANT CALVIN KLEIN SEMBLENT RESPECTER LA MAJEURE PARTIES DES DIX RÈGLES DU GOOD DESIGN » CHÈRES À DIETER RAMS.

POUR SA COLLECTION HOMME PRINTEMPS-ÉTÉ 2010, JUN TAKAHASHI STYLISTE D’UNDERCOVER SE DIT FORTEMENT INFLUENCÉ PAR LA TRAVAIL DE DIETER RAMS.

© PHOTO VITSOE

 

My tailor is rich (-media), la mobilité et la Mode 2.0

« Nous ne pouvons plus construire nos plans de communication sans prendre en considération la mobilité des individus. »
(Nathalie Lemonnier, Directrice International CRM, Internet et Media, Christian Dior Parfums).

Les contenus rich-media que certaines marques de mode commencent à intégrer dans leur stratégie de communication.
Si vous êtes comme moi addict de la marque à la Pomme, vous n’êtes pas sans savoir que l’iPhone, arrive bientôt dans notre beau pays. Si vous êtes de plus fashion-addicted, alors vous devez lire l’interview très intéressante publiée dans le Journal du Net et dont je met quelques extraits à la fin de ce billet.

On y apprend qu’une des plus grandes marques de luxe du monde, Christian Dior, va adapter spécialement pour le mobile d’Apple son site de vente du parfum Midnight Poison et afin d’en faire un véritable évènement ; ce lancement aura lieu le 29 novembre, jour de sortie du bijou technologique de la marque californienne.

Midnight Poison, flacon unique

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iPhone, le mobile nouvelle génération au design unique

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Avec son iPod, Apple avait déjà  provoqué des réactions auprès des acteurs de la mode, Goyard, Louis Vuitton, Dior ou Prada, pour ne citer que celles-ci avaient confectionné des étuis exclusifs pour le célèbre baladeur.

Étui iPod 5G, par Christian Dior, voir sur eLuxury

Étui iPod, par Louis Vuitton

Malette pour 40 iPod, par Fendi (pour Karl Lagerfeld)

Cette fois-ci Dior, va plus loin que le simple étui et se penche sur le contenu et la technique, sur le « sens » que pourrait distiller ce produit ; une échelle de considération plus élevée démontrant l’importance accordé à cet iPhone, et son possible impact sur nos comportements futurs.

Le virage 2.0 des marques de mode dont je parlais dans le billet précedent est plus que jamais d’actualité, provoqué par les nouveaux modes de vie des consommateurs et mis en place par des responsables communication audacieux.

iPod, iPhone, ordinateur portable, clefs USB Swarovski/Philips de la gamme Active Crystals, associés aux robes infroissables d’Issey Miyake et à la ligne de maquillage Prada (qui à d’ailleurs « griffé » un téléphone mobile), soit une courte liste d’accessoires mode et techno pour une mobilité d’aujourd’hui…


L’interview de Nathalie Lemonnier (extraits)

En quoi consiste le dispositif mis en place pour le lancement de Midnight Poison sur iPhone ? Quels en sont les grands objectifs?

Il s’agit de l’adaptation du mini-site Midnight-poison.com au format de l’iPhone. Sans adaptation, ce site n’aurait pas été visible dans de bonnes conditions depuis l’iPhone étant donné que ce dernier ne reconnaît pas la technologie Flash. L’action est destinée à la France à l’occasion du lancement de l’iPhone le 29 novembre. Il s’agit d’offrir aux possesseurs de l’iPhone, dès son lancement en France, l’accès à un site rich media. Dior exprime par cette opération sa position de marque innovante, toujours prête à suivre l’évolution des technologies pour s’exprimer dans des conditions qualitatives et aller à la rencontre des « early-adopters ».

(…)

De manière générale, quelle est la place des médias digitaux dans la stratégie de communication de Dior Parfums?

Le comportement des prospects et des clients évolue, nous devons aller à leur rencontre sur les médias qu’ils privilégient. Nous ne pouvons plus construire nos plans de communication sans prendre en considération la mobilité des individus. Nous souhaitons les accompagner.
(…)

Cette place est-elle différente dans les différentes régions du monde? Dans quelle mesure et pourquoi?

En effet, les médias digitaux ne sont pas au même niveau de maturité sur tous les marchés. Nous adaptons nos communications au niveau de pénétration de l’Internet, du haut débit, de la téléphonie mobile. Ainsi les Japonais ou les Coréens sont actuellement des utilisateurs très matures du téléphone mobile et de l’Internet, par conséquent nous développons des contenus plus riches pour ces marchés. De même la France bénéficiant d’un fort taux de pénétration de l’Internet haut débit, nous pouvons nous permettre de développer des actions et des contenus de site en rich media sans craindre la frustration des internautes sous équipés comme dans certains autres pays.
(…)

Depuis quand Dior Parfums a-t-il intégré les fonctions CRM, Internet et Media?

Depuis quelques années déjà , avec bien sûr une accélération plus forte ces dernières années en adéquation avec l’évolution des comportements et des attentes.

L’intégralité de l’interview ici