Créatures

Force est de constater que depuis l’arrivée massive des designers anglo-saxons à Paris au milieu des années 90 (Alexander McQueen et John Galliano en tête) et les succès de quelques stars du show-business typés « goth » (Evanescence, Lily Allen, etc.) ce style gothique s’est comme banalisé, affiné et modernisé sur les podiums et dans la rue.

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Ces dernières saisons ce sont les garçons qui sont fascinants, à l’origine de tout çà le succès d’Hedi Slimane chez Dior Homme sans doute (mais aussi Kris Van Assche et Raf Simons).

À l’extérieur du défilé Dior la semaine dernière la tendance n’a pas changée, il y a toujours autant de jeunes gens, des créatures, à la maigreur étudiée, au style précis, précieux et monochromatique.

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Difficile de manquer Charles Guislain lors de ces défilés homme; le prochain « it-boy » de la mode masculine selon certains.

Lady Dior: The Lady Noire affair

La fin d’année dernière nous avait donné l’occasion d’admirer plusieurs réalisations vidéos pour le web émanant pour la plupart de maisons plutôt confidentielles : CdG, JCDC, V&R ou MMM (!)(1). L’histoire d’amour entre internet et la vidéo à pris de nouveaux élans ces derniers jours. En ce milieu d’année ce sont les poids lourds du secteur qui entrent en scène et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils y mettent les moyens. On passe de la petite production très créative, pointue et intimiste à la superproduction digitale. Christian Dior couture réalise avec The Lady Noire affair une opération qui fera date.

Tourné en partie à la maison de la Chimie à Paris, le film réalisé par Olivier Dahan, mis en costume par John Galliano et interprété par Marion Cotillard, nous plonge dans une ambiance très hitchcockienne, un lourd secret flottant autour du sac Lady Dior. Musique, plans, décor et bien évidemment costumes s’accordent afin de nous captiver pendant les 6 minutes que durent le film. La scène emblématique du soin apporté en post-production est celle reproduisant ce décalage maladroit typique des trucages des années 50 où l’on voit Marion Cotillard sur la Tour Eiffel avec Paris en arrière-plan. J’adore !

Les maisons Christian Dior couture et Chanel qui se sont lancées dans ces réalisations ont volontairement choisi un ton prudent, voir institutionnel; maniant des codes et des thèmes classiques et accessibles, des réalisateurs et des actrices incontestables(2).

L’opération de Christian Dior semble plus ambitieuse, mais la comparaison est délicate car nous n’avons pas à faire à un film publicitaire à proprement parler, mais une véritable histoire, à laquelle nous sommes conviés. Tous les produits maison sont offerts au spectateur: costumes, robes, bagagerie, accessoires, chaussures, tous sont sublimés et nous font ainsi, découvrir l’univers de Christian Dior. Mais le plus difficile est à venir, une opération de ce type ne doit pas s’arrêter là, ce qui a pris naissance avec Twitter il y a quelques jours se prolongera par trois autres films d’ici la fin de l’année (et sans doute d’autres opérations 2.0).

On souhaite que le prochain opus fera preuve d’encore plus d’orignalité, le web est une plateforme qui permet d’être audacieux et d’installer son univers de marque. La télévision a connu des instants fabuleux avec des créateurs comme Jean-Paul Goude, la maison Christian Dior en intégrant un designer excentrique comme John Galliano l’a prouvé par le passé, elle est innovante et surprenante. Il doit en être de même pour le web, qui reste pour beaucoup de marques un territoire à découvrir et à habiter. On attend donc avec impatience de voir le scénario qui va se créer entre Christian Dior couture, blogeurs et internautes.


(1)
CdG = Comme des Garçons,
JCDC = Jean-Charles de Castelbajac,
V&R = Viktor & Rolf,
MMM = Maison Martin Margiela

(2) un comparatif non exhaustif.
Thèmes
Christian Dior Couture : le film noir hitchkockien / Chanel : l’Orient-Express
Actrices
Christian Dior Couture : Marion Cotillard / Chanel : Audrey Tautou
Réalisateurs
Christian Dior Couture : Olivier Dahan / Chanel : Jean-Pierre Jeunet
Buzz
Christian Dior Couture : Twitter / Chanel : MSN

Merci à Stratégies…

… qui dans le cadre de l’article sur la stratégie internet de Christian Dior Couture à cité Le Modalogue (aux côtés de Garance Doré et Buzz2Luxe) et publié une screenshot du blog.
Bienvenue aux lectrices (lecteurs) de Stratégies.

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Cliquez pour agrandir

Lady Dior

Comuniqué :
Dior 2.0 x Marion Cotillard x Peter Lindberg…

Que regarde-t-elle ? Que cache-t-elle dans son sac ? Que se passe-t-il avant…après l’image fixe de la campagne de Peter Lindbergh ?

Suivez à partir du 20 mai le thriller inédit que la maison Dior diffusera sur internet avec Marion Cotillard en héroïne.

En attendant suivez le fil de l’intrigue sur Twitter.

Une mode politiquement… incorrecte

À en regarder la tenue de certains de nos hommes et femmes politiques on désespère quand à leur culture fashion, bien que de sérieuses améliorations aient eu lieu ces dernières années. On peut citer Carla Bruni-Sarkozy, notre première dame de France, Rachida Dati, notre ministre de la Justice, Ioulia Tymochenko, première ministre d’Ukraine ou plus récemment Michelle Obama, première dame américaine. Toutes ces femmes ont fait au moins une fois la couverture d’un magazine de mode ou occupés une de leurs pages.

Pour autant mode et politique font-ils bon ménage? Comment Miuccia Prada,  cette ancienne (?) militante du Parti Communiste, qui le 14 octobre 2000 organisait une des party les plus hype de Paris place du Colonel Fabien (siège du PC) peut-elle créer des tenues à des prix inaccessibles pour la moyenne des gens? Jean-Baptiste Doumeng, le milliardaire rouge, nous a prouvé que l’on pouvait être milliardaire et communiste, la question n’est pas aussi simple et mériterait d’être développée plus amplement.

Miuccia Prada est iconoclaste et nous propose par conséquent, des vêtements usés, des vêtements « pauvres » et « misérables », troués et sans ourlets défiant les traditions, donc proches du peuple. Des vêtements communistes qui font dire : « On vous accepte même si vous êtes en guenilles, c’est Miuccia qui l’a dit! ».

Inévitablement, ces modèles nous interpellent car ils induisent :

  • une dimension artistique proche de l’Arte Povera, le vêtement comme objet d’art;
  • une dimension économique, en période de crise on ne craint plus de sortir ses vêtements usés, une simple ceinture délicatement choisie sublimera l’ensemble;
  • une dimension sociale, chacun de nous, quelque soit notre CSP(1) possède un vieux vêtement usé dans son armoire, à nous de lui redonner sa chance et d’être ingénieux;
  • une dimension temporelle, laissons le temps aux vêtements de vieillir, ressortons les tenues de nos grands-parents et ne cédons pas à la tyrannie de la fast-fashion.

Pour finir, on peut imaginer que chacun de ces vêtements véhicule une dimension bespoke, les usures n’étant pas identiques d’un vêtement à l’autre, elles rendent celui-ci unique, contredisant la dimension communiste et égalitaire, vous avez dit contradictoire? Les repères sont chamboulés et le conservatisme est sérieusement mis à mal par cette créatrice désobéissante plus engagée qu’on pourrait le penser.

des escarpins comme rafistolés

des robes de luxe... rongées par les mites

une jupe évorée, sans doute trouvée dans le grenier d'une maison abandonnée

robe malenpoint...

(1) Catégorie Socio Professionnelle

À lire
Prada party au siège du PC
Jean-Baptiste Doumeng, le milliardaire rouge

Remarque : les vêtements ici sont « simples (robe trois trous, robe bustier…) et n’ont pas la théâtralité du défilé « Clochards » de Christian Dior par John Galliano en 2000, qui abordait également la notion de pauvreté.

Modoscopie | Kris Van Assche

Respectueux des codes du costume masculin, Kris Van Assche en détourne les détails pour proposer des tenues d’une étonnante modernité évitant toute forme de déguisement. Chef de file de la mode masculine, Kris Van Assche nous livre ici ses impressions sur la beauté, le statut de créateur de mode, ses influences et les nouveaux médias. Les organisateurs du Festival de la Photographie et de la Mode d’Hyères ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en le nommant président du jury de l’édition 2009.

Vous êtes un jeune créateur responsable de la direction artistique d’une des plus prestigieuse maison de couture. N’est-ce pas trop difficile à porter? Quels conseils donneriez-vous à un jeune créateur qui veut débuter dans la profession?

Il faut revenir sur l’ensemble de mon parcours pour comprendre mon cheminement jusqu’à cette fonction au sein de la maison Dior. J’ai tout d’abord été le plus jeune diplômé de l’Académie Royale d’Anvers, puis j’ai effectué ma première expérience professionnelle chez Yves Saint Laurent pour la ligne Homme. J’ai ensuite rejoint Dior Homme que j’ai quitté pour fonder ma propre ligne puis finalement retrouvé pour en diriger la ligne masculine… Tout s’est passé relativement vite, sans temps mort. J’ai cependant vécu cette période intense avec beaucoup d’interrogations. Je savais ce que je voulais même si je n’avais aucune certitude quant à l’aboutissmenet de mes rêves… Il faut avoir à la fois de le achance mais aussi faire preuve de courage, d’un travail acharné et d’une concentration à toute épreuve. Il faut écouter les conseils mais ne pas être frileux. Alors, si je me permettais de donner un conseil à ceux qui veulent se lancer dans l’aventure, ce serait d’être fou et rigoureux à la fois.

A l’image de certains créateurs comme Karl Lagerfeld, créateur de mode, photographe et depuis peu réalisateur de court-métrage, éprouvez-vous le besoin de vous exprimer dans d’autres domaines artistiques?

Effectivement, je m’intéresse à l’art en général. Je me suis déjà  impliqué dans de nombreuses expositions, en particulier dans de nombreuses expositions, en particulier au sein de la galerie de Barbara Polla « Analix Forever » pour qui j’ai créé plusieurs installations: « Handsome » En 2006, « Working Men » En 2008. Nous avons d’ailleurs d’autres projets en cours. La photo tient également une place privilégiée dans ma vie. Ma contribution en tant que rédacteur en chef au A Magazine a été l’occasion de montrer quelques uns de mes clichés de voyages et de réunir des artistes qui représentent une influence dans mon univers, comme Nan Goldin, Jeff Burton ou Sarah Moon.

Etes-vous d’accord avec cette phrase : «Un créateur aujourd’hui doit pouvoir répondre à tout »?

Oui et non. Oui, car il nous faut être beaucoup plus polyvalents qu’auparavent, plus ouverts, plus « poreux » au monde qui nous entoure. Et non, car il est absolument ridicule et présomptueux de demander à un créateur de mode d’être omniscient et omnipotent. C’est totalement déplacé et vaniteux. Restons à notre place.

Ce qui touche beaucoup dans vos créations c’est la dimension poétique et une très grande sensibilité. Comment définiriez-vous la beauté?

Ma quête reste toujours la même. Celle d’une élégance radicale. Il faut qu’elle soit moderne et sensible, tout en traduisant l’énergie de notre époque. La beauté est un état de grâce, une noblesse naturelle sans caricature ni posture.

Dans le dernier défilé Dior Homme, il y a un pantalon coupe «baggy» avec une large ceinture repliée, comportant une poche plaquée au dos et une martingale au côté. Ce mix du sportswear et des attributs classiques du costume masculin semblent définir votre style.

Je souhaite revisiter les classiques, les bousculer pour atteindre une véritable modernité. Je souhaite revisiter les classiques, les bousculer pour atteindre une véritable modernité. Il ne s’agit pourtant pas de déguiser les hommes, de les caricaturer. Je m’attache donc aux détails, aux décalages. Le costume est comme une figure imposée qu’il faut maîtriser à tout prix pour mieux le faire « muter ». Tout doit se passer dans les glissements, sans que cela soit brutal ou défigurant. La subtilité réside là, dans ce carrefour d’influences.

J’ai trouvé dans vos collections personnelles et également dans la dernière pour Dior Homme des rapprochements avec l’esthétique du cinéma expressionniste (les angles, le noir et le blanc, etc.), quelles sont vos principales sources d’influence?

Cela varie énormément. La peinture flamande comme les photos de Desire Dolron peuvent être une piste de départ pour une collection. La musique électro de Justice peut en être une autre. Films, musiques, rue, tout m’inspire et me nourrit. Une collection résulte souvent d’une mosaïque d’influences quotidiennes (mon entourage proche) ou exceptionnelles (expos, créations diverses).

La mode Homme a beaucoup évolué ces dernières années. Comment définiriez-vous (en quelques termes choisis) l’homme occidental contemporain?

Il est plus complexe et subtil dans son désir de mode. Il est réconcilié avec l’idée d’élégance mais ne veut pas pour autant être apprété. Il est sophistiqué mais sans contraintes, moderne mais en refusant le déguisement d’une « Fashion Victim ». Il a trouvé un équilibre en somme…

Le chapeau est un accessoire oublié depuis longtemps. Il semble que vous ayez une affinité particulière avec cet accessoire. Est-ce un accessoire susceptible de faire son apparition chez Dior Homme?

Le chapeau est un accessoire intemporel, qui dépasse toute notion de nostalgie. Il est la signature d’une élégance radicale, assumée. En même temps, il est toujours très moderne, plébiscité par les plus jeunes. Il ne cesse de concrétiser cette nouvelle masculinité, très sophistiquée sans pour autant verser dans le déguisement. Je l’utilise souvent, mais pas systématiquement. Je l’ai mis en scène sous toutes ses formes au Pitti Uomo dont j’étais l’invité en 2007, au coeur d’une installation nommée « Desire ». Le chapeau est pour moi autant un symbole et un objet de recherche qu’un accessoire du quotidien, actuel et indémodable.

Internet vous influence t-il, y trouvez vous des sources d’inspiration?

Internet est un outil quotidien, complémentaire des autres supports. En ce sens, il participe à un ensemble, facilite l’accès à certains documents. Internet n’es pas mon seul outil de connaissance et de recherche mais je ne saurais pas m’en passer.

Pensez-vous qu’internet va modifier le rapport que nous avons avec la mode, les créateurs et les marques?

Peut-être, je ne suis pas assez visionnaire sur ce sujet pour faire des prévisions. Ce qu’il y a de certain avec Internet, c’est qu’il modifie l’accès au luxe et même à l’hyperluxe. C’est réellement une véritable révolution. Toutes les grandes maisons vendent en ligne aujourd’hui alors qu’il y a quelques années à peine cela aurait semblé être une hérésie…

Avez-vous des projets futurs?

Mon futur est largement organisé par le rythme des collections: deux pour Dior Homme, deux pour KVA Homme et deux pour KVA Femme. Il ne me reste que peu de temps pour le reste. J’ai quand même pu libérer mon agenda pour prédiser le prochain Festival d’Hyères en avril prochain. C’est une mission très importante à mes yeux. — Lire aussi Résumé du défilé Dior Homme Kris Van Assche, l’homme fleur Dis Hedi quand reviendras-tu ?

Deux photos, deux styles

Deux styles, deux époques, un membre du posse de Kanye West et un homme à l’élégance toute classique croisés la semaine dernière en backstage.

Flamboyant : un membre de la bande de Kanye West

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Flamboyant : un membre de la bande de Kanye West

Le 5 mars prochain aura lieu à New-York, le Hip Hop’s Crown Jewels, vente de bijoux des grands noms du rap: P.Diddy, Rihanna ou encore Kanye West. Cette vente qui se situe au sein de la crise financière la plus importante depuis la seconde guerre mondiale annonce-t-elle la fin d’une époque, la fin du bling-bling ?

Exit le blouson aux couleurs audacieuses et siglé du logo d’une marque de luxe? Exit la bague 4 doigts en or, exit la casquette brodée, exit les boucles d’oreilles parées de pierres précieuses ?

Flamand : un style nordique et rigoureux

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Retour à une certaine sobriété de style ? Le manteau est de retour au cas où vous ne le sauriez pas…

Ci-dessous une peinture du futur Henri III, bien connu pour avoir à ses côtés des gentilshommes (appelés « mignons« ) s’habillant avec une extrême élégance et un raffinement démesuré. Sa pose assurée et ses ors nous rappellent les favoris du roi Kanye West.

Henri, duc d’Anjou (1570)

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À lire aussi :
Les kick ass photos de James Bort

Tendance « Covered »

Figure incontournable de la tendance Li Edelkoort créatrice entre autre, du magazine Bloom, s’exprime en ses termes :

«…une tendance peut naître d’un vêtement, d’une parole, d’un mot, comme le mot covered que j’ai trouvé en 2006 pour lancer les bases de l’automne-hiver 2008-2009. Covered correspond à la mode de la capuche, du chapeau, des vêtements superposés, des voiles, des masques. C’est un retour à la discrétion, à l’intime, le contraire du show off, de la culture du people et du tapis rouge. C’est aussi une façon de se mettre en retrait de cette crise qui nous tombe dessus.» (Beaux Arts magazine, février 2009)

Voilà qui correspond exactement à une série de photographies prises ce week-end lors du défilé Dior et qui m’avaient étonnés par leur similitudes de style. À rapprocher également de certaines silhouettes vues sur les podiums.

« covered » façon moine bouddhiste

"covered" façon moine bouddhiste

« covered » à la romaine

"covered" à  la romaine

« covered » moderne et superbe

"covered" moderne et superbe (Margiela sans doute)

Beaucoup de sobriété et d’apaisement dans ces trois « enveloppements », j’ai parlé de refuge-wear dans le billet précédent, je voulais intituler le billet « wrap around my body » (1). On va nous ressortir la tendance cocooning

(1) enroulé autour de mon corps


À lire :
Une interview de Li Edelkoort publiée il y a deux ans : ici

 

Défilé Dior homme par Kris Van Assche

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L e carton d’invitation noir et blanc annonçait la couleur, la collection nommée « Angles » sera expressionniste(1), l’homme Dior sera bichrome ou ne sera pas. Hedi Slimane nous avait habitué à ce discours bitonal, Kriss Van Assche emprunte à sa manière le même chemin cette saison et affirme plus que jamais son style. La transition au sein de la maison Dior continue sans heurts ce qui se confirmera sur le podium.

Première surprise le tailoring est à l’honneur, là où je m’attendais à une majorité de tenues sportswear-très chic dans des volumes amples, on trouve beaucoup de pantalons ajustés, des gilets et des détails de découpe.

Les vestes de tailleur sont ajustées portées tantôt sur des chemises, des pulls longs ou des chemises liquette, afin de s’adapter au style ou à l’humeur de chacun. Les pantalons sont tous très désirables, ils sont étroits, presque slim, ou à la fourche basse (forme que KVA à su nous faire découvrir lors des saisons précédentes). Les manteaux confirment leur retour et semblent très confortables. Les chaussures sont des boots à larges semelle rappellant le modèle 1460 de chez Dr Martens. Avec les mannequins dont un bonne majorité ressemble à Alex Kapranos ou Ian Curtis on reste dans un registre très rock.

C’est à un défilé très sensible auquel nous avons assisté et ce malgré la démarche martiale des mannequins sur le voguing électronisé-réactualisé(1) de Malcom Mc Laren et l’absence de couleur, les nombreux détails suivants sont là pour en témoigner :

De larges cols

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les larges cols sur des manteaux ou des pulls se drapent sur le bas visage dans un style très refugewear-chic. En détail, une boucle d’oreille triangle…

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des découpes

Parmi mes pièces favorites, ce gilet et cette chemise ouverte dans le dos, des détails très tailleur. Les pantalons, portés bas sur la taille, ne sont pas en reste…

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des broderies…

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des broderies romantiques sur le pull, et broderie 3D anguleuse sur la veste.

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Ci-dessous une pièce emblématique du style KVA ce sublime pantalon-sarouel qui mixe une ceinture retournée très sport, une martingale au côté et des poches à rabat très tailleur, porté avec une chemise rayée avec un boutonnage-dos dont vous apprécierez le détail d’encolure qui découvre la peau à la base du cou. Yes !

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Quel homme n’a pas un costume rayé dans sa garde-robe ? Rien que de très classique en somme, des rayures il y en a également dans cette collection, elles sont graphiques, dynamiques, tout en restant sobres elle sont aisément portables.

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et des bijoux

On a vu plus haut des boucles d’oreilles, beaucoup de silhouettes sont agrémentées de colliers apparemment faits d’un fil perlé enroulé sur lui même, pour un rendu très raw.

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En deux ans Kriss Van Assche semble avoir bien pris ses marques au sein de la maison Dior. Ce défilé montre que l’après Slimane est possible, chose impensable pour moi il y a deux saisons.

(1) transversalité : il est peut-être temps de revoir le Cabinet du Dr. Caligari, au noir et blanc dramatique et aux décors anguleux, qui sied si bien à cette collection.


Poursuivez votre lecture avec :
le billet très intéressant de Julie Perello @ bloc-mode,
les fuckin’ photo de James @ james Bort,
la vision artistique de Stéphane Galienni @ buzz2luxe,
et les anecdotes Matthieu @matérialiste.

Couture du temps jadis

Un supplément au Vogue de février 1949, où l’illustrateur Éric croque les trente créateurs qui font la Couture parisienne.

Je vous parle d’un temps où l’on vous donnait du Monsieur et du Madame à tour de bras, un temps où la mode au cinéma c’était Falbalas (1944) ou, quelques années plus tard, Le Couturier de ces dames (1956). Deux ans après la bombe New-Look de Christian Dior on imagine aisément l’effervescence qui doit régner dans le monde de la Couture lors de la parution de ce petit album.

Chaque créateur est à son bureau, en train d’y dessiner des silhouettes, en train de réaliser un moulage sur un mannequin miniature, ou tout simplement en train de poser pour Éric. À voir la mine de Madame Nina Ricci, on se dit qu’elle ne devait pas être très commode…

Monsieur Christian Dior semble regarder derrière lui ses années de disette, Monsieur Barbas, qui est le beau-frère de Jean Patou est un homme d’affaire et sa pose volontaire, les deux poings sur le bureau, en dit long sur ses ambitions, quant à Madame Schiaparelli elle est tout en assurance, chic et dédain.

On y retrouve bien évidement les monstres déjà  sacrés(1) que sont Christian Dior, Jean Patou ou Pierre Balmain, mais surtout beaucoup de noms oubliés ou moins connus et sans lesquels Paris ne serait pas Paris

Parmi ces noms citons :

  • la maison Mad Carpentier, fondée par deux anciennes employées de Madeleine Vionnet et qui en perpétuera le style jusqu’à  la fermeture en 1957;
  • Jeanne Lafaurie où André Courrèges fit quelques croquis en 1947;
  • Maggy Rouff, une très grande maison(2) de couture qui à œuvré de 1929 à 1979;
  • les modistes Madame Claude Saint-Cyr, Lucienne Rabaté qui forma Gabrielle Chanel ou le talentueux Monsieur Albouy;
  • Edward « Captain » Molyneux, anglais qui a fait ses classes chez Lucile Duff-Grodon(3), est célèbre pour avoir habillé le tout Hollywood de l’époque.
  • Marcelle Chaumont sans qui les drapés de Madeleine Vionnet ne seraient pas ce qu’ils sont…
  • Jean Dessès, etc.

Il y a vingt-cinq planches, soit autant de noms a découvrir ou à re-découvrir, l’occasion je vous assure, de se faire un intéressant petit cours sur l’histoire de la mode. N’hésitez pas à googler à fond les noms de ces créateurs, tout comme moi vous apprendrez bien des choses !

(1) On peut noter au passage la non-présence de Mademoiselle Chanel, qui en 1949 est toujours souillée par son trouble comportement pendant la guerre et qui ne ré-ouvrira sa maison qu’en 1954.
(2) Une recherche sur internet fait apparaître énormement d’ouvrages, photos et articles en vente sur eBay et ailleurs.
(3) J’ai revu Titanic, de James Cameron cet été et j’y ai découvert parmi les personnages, cette célèbre couturière au destin très chanceux