A quel jeu joue Kris Van Assche chez Christian Dior?
Une invitation se présentant sous la forme d’une affichette où l’on peu voir un labyrinthe dont les parois sont faites de dominos. Les mannequins défileront autour et dans un labyrinthe dont les parois sont elles constituées de miroirs, reflétant l’assistance, découpant les points de vues et les structures du lieu dans toutes les directions, comme autant de « morceaux » de puzzle que l’on pourrait ré-agencer à sa guise. C’est peut-être cela le message de cette collection.
Ré-agencer, porter la veste de costume avec un short, une veste sans manches avec un pantalon, mixer les longueurs short/veste et imperméable et ainsi de suite. Nul besoin de beaucoup de formes pour réaliser ces multiples « montages », Kris Van Assche le prouve saison après saison il sait aller à l’essentiel.
A cette « économie » de formes quasi rigoriste, qu’affectionne le créateur belge-flamand s’ajoutent des silhouettes aux allures presque raides. Les chemises, les vestes, les manteaux et imperméables d’été sont « taillés » à angles droits comme le tracé du labyrinthe, mais ne négligent pas une certaine fluidité. Les rares motifs (peut-être doit-on dire composition) quasiment ton sur ton le sont également rappelant la structure des tableaux de Pietr Mondrian aux couleurs descendues.
Pietr Mondrian fonda la mouvement artistique De Stijl (en néerlandais « Le Style ») et créa une revue pluri-disciplinaire du même nom. Kris Van Assche à lui fondé et dirige depuis 3 ans la revue Londerzeel où se côtoient divers artistes.
Tout comme Mondrian, Kris Van Assche utilise des moyens réduits et use de sa subtilité créatrice pour multiplier les propositions. « The sun must have his shade », ce vers issu de Follow thy fair sun, poème de Thomas Campion (1567-1620) qui orne le carton d’invitation illustre parfaitement cette idée.
Il ne s’agit point ici d’une rigueur conservatrice aux accents de frilosité, mais plutôt un désir d’universalité. Comme si à travers cette collection le créateur de la maison Dior recherchait l’abstraction des formes. L’ensemble se trouve empreint d’une certaine modernité que l’on ne peut qu’apprécier.
A la fin du défilé, les mannequins doivent retrouver leur chemin au sein de ce dédale créatif…
Quelques notes prises hier soir lors de la conférence tenue par Anne Bony à l’Institut Français de la Mode sur le thème Art et design
Anne Bony, chargée du cours de design contemporain à l’IFM et spécialiste de l’historie du design.
Stratégies de post-historicisme dans le design
Alessandro Mendini
– référence au divisionnisme et au baroque dans la création ci-dessous
Fauteuil Proust, 1978
Garouste et Bonetti
– Retour du mobilier en fer battu, désir de revenir à l’époque des cavernes, à la pré-histoire. – Mouvement « barbare », leurs créations sont d’ailleurs vendues à la galerie de leur éditeur « En attendant les barbares ». – Décor du Palace, le nom du duo de designers est alors sur toutes les lèvres, collaborations avec Christian Lacroix…
– Voir aussi
Mobilier créé pour la maison de couture Christian Lacroix, 1987
Philippe Starck
– Avec Richard III, il réinvente le fauteuil club – Voir aussi les fauteuils « Les Maitres » ou Louis Ghost, édités chez Kartell
Patrick Jouin
– mixe tradition et modernité, au siège parisien de Van Cleef & Arpels il fait intervenir les métiers d’art du lambrissage et les staffeurs ornemanistes.
Histoire du kitsch, art du mauvais goût
Emile Gallé
– marqueterie extraordinaire
Francois-Ruper Carabin
– la figure humaine dans l’ameublement, « la sculpture fonctionnelle » (cf. Musée d’Orsay)
Penser aussi aux sites historiques où sont exposées des œuvres d’avant-garde, rememberJeff Koons à Versailles par exemple.
Une école du kitsch aux Pays-Bas
Une nouvelle génération de designers après Droog design et Lidewij Edelkoort, dont:
Un « art total » ou un autre aspect de la fusion entre art et design
Le design, comme un effet miroir de l’art
Le futurisme
– fondé sur le désir de poésie ouverte (c’est-à-dire non codifée) fusionnera ensuite avec différentes formes d’art (mobilier, vêtement, peinture, musique, photographie…), l’objet devient alors support d’expression.
Le cubisme
– n’a de repercussions sur le mobilier qu’en République tchèque avec notamment Pavel Janak.
– Voir aussi
Pavel Janak, chaise cubiste, 1912
Les Omega Workshops
– Mouvement créé en 1913 par Duncan Grant et Vanessa Bell, fondé sur la littérature, la fusion entre art et ameublement et le refus de production en série.
De Stijl (Le style)
– revue néerlandaise fondée sous l’impulsion de Piet Mondrian, elle avait pour but de réunir architectes et artistes, prôner un art simple fondé sur l’orthogonalité et la couleur simple. – Voir aussi
Gerrit Rietveld, maison à Utrecht, meubles et architecture se croisent de maniere orthogonale, 1924
Le Bauhaus
– est le résultat de la fusion en 1919, de deux écoles et concerne l’architecture, le design, la photographie, le costume. – le travail de Marcel Breuer sur ces sièges est, pour lui, un travail sculptural. Contrairement à d’autres mouvements (les Omega Workshop par exemple) il y a dans ce mouvement un désir d’édition en série. Dans cette optique, Marcel Breuer utilise des tubes industriels, matériau peu cher.
Marcel Breuer, fauteuil club pliant (développement ultérieur du fameux premier modèle), 1927
Lena Meyer-Bergner, projet pour une couverture de chaise longue, 1928
Le Purisme
– Fondé, entre autre, par Le Corbusier – Fondé sur l’art, puis autour de la revue l’Esprit Nouveau, il fallait repartir de l’objet et de la réalité. Donner un aspect dépouillé et épuré.
– De ce premier mouvement naîtra le Mouvement Moderne.
L’école Vkhutemas
– Ce mouvement soviétique réunissant les écoles d’architecture, de peinture et de sculpture, fut un centre important pour le constructivisme. – Vladimir Tatline et la valeur utilitaire de l’art
– L’avant garde fait cause commune avec la révolution.
Vladimir Tatline, contre relief d’angle, 1915
Union de l’art et de l’industrie (impression 3D)
– Grace à l’impression 3D, création d’éléments uniques avec des technologies super-innovantes (paradoxe de ces objets?)
– Prototypage rapide: idée d’artisanat contemporain (alliant gestes, dessin et réalisation), ci-dessous Front design, Tokyo (2007) crée des pièces uniques réalisées par la main des artistes dont le mouvement est capté par des caméras et qui sont protoypés immédiatement au sein même du musée. Fascinant !
Art et objet associés
Les artistes s’intéressent à l’objet
Méret Oppenheim
– Par la dimension artistique allouée par Oppenheim, la tasse couverte de fourrure en perd sa dimension fonctionnelle.
Yonel Lebovici, Lampe « Fiche male » (H: 36 cm, L: 71 cm), 1978
Le design comme l’art, en exposition
– Consulter les catalogues des expositions passées sur le sujet: Design en stock, Palais de la Porte dorée (tentatives de hiérarchisation de l’objet, lien), Mobi Boom, Musée des Arts Décoratifs (lien), Patrick Jouin (Centre Georges Pompidou), Matali Crasset, Living wood, galerie Thaddaeus Ropac (lien), Design contre design, Grand Palais (lien)