LE VÊTEMENT INSTRUMENT D’EXPRESSION: LE GANT

Mademoiselle Bourgeoise Noire, New York, 1981, Coreen Simpson et Salima Ali
Maison Martin Margiela, SS 2001

Face a face, critique, de ces deux réalisations.

Dans le théâtre de la performance artistique, « Mademoiselle Bourgeoise Noire » se dresse comme une pièce maîtresse, où le vêtement devient véhicule de revendications.

J’ai immédiatement pensé au top créé par Martin Margiela pour la collection SS 2001.


Faite de 180 gants blancs, présentée lors de performances (198à-1983) la robe-œuvre de l’artiste Lorraine O’Grady déborde sa matérialité pour embrasser une dimension symbolique, interrogeant les intrications de la race, de la classe sociale et du genre.
L’usage des gants, incarnent la critique acerbe d’O’Grady envers un système artistique qui, selon elle, impose une forme d’assimilation et de domestication de l’art produit par les artistes noirs.
Les gants blancs se chargent d’une dimension allégorique et dénoncent cet ethnocentrisme artistique.
Cette métaphore des gants blancs fait écho à l’imaginaire collectif où ces derniers sont souvent associés à la haute société, à la propreté et à la formalité, masquant ainsi les aspérités, les contestations et les vérités inconfortables.

Mademoiselle Bourgeoise Noire, New York, 1981, Coreen Simpson et Salima Ali

Cette œuvre trouve-t-elle un écho dans la réalisation de Martin Margiela?

Margiela, avec sa signature conceptuelle, métamorphose le gant en un top avant-gardiste, défiant les conventions établies de la mode, le quotidien est sublimé dans un geste de couture.
Le gant est une toile de fond pour explorer la reconstruction, l’innovation et l’abstraction dans la mode.

Ces deux réalisations divergent dans leurs intentions.

Chez O’Grady l’œuvre est politisée, chez Margiela il est question d’expérimentation textile.
Mais les deux expressions partagent une quête commune de transcendance à travers l’objet ordinaire.

Ces dialogues entre l’art et la mode, entre la critique et la création, esquissent les contours d’une réflexion plus vaste sur le pouvoir des vêtements comme médium de révolution et d’expression, habillant autant le corps que l’esprit.