Paris Fashion Week- Chers lecteurs, rencontre avec la créatrice Anne-Valérie Hash, qui se révèle être disponible et… timide. Un show non soumis au diktat de la tendance et un style très singulier.
Dans la lignée de ces créatrices qui créent avec équilibre entre fantasme, créativité et « portabilité » telles que sont Phoebe Philo, Stella Mc Cartney ou Hannah MacGibbon.
Paris Fashion Week-
Dear readers, this is my first AVH’s show and my first mini-interview of the designer. She’s available and even seems a bit shy (it’s just after the show, the stress is still here). She’s the opposite of what i thought.
It’s a show that I was eager to see. The clothes are not subject to the trends nor outdated, she creates clothes with a strong personality. Soon she will be as big as designers such as Phoebe Philo, Stella McCartney or Hannah MacGibbon which designs have a balance between fantasy, creativity and « wearability » -perhaps because they are women who are designing for women-
Great, mini jupe avec sa double ceinture dégueulante
Beaucoup de fluidité (mon obsession du moment) et de bouillonnés dans cette collection, donnant à la première jupette des envies de tailoring.
Fluidity: my obsession, is present in all the collection, making the first skirt looking like a tailored skirt
Des matières légères qui s’enroulent autour du corps.
La mode est le miroir idéal de nos comportements de ce côté-ci de la planète et bien entendu, en cette période frileuse à plus d’un titre, ce désir de retour à la mère-nature est fort présent dans les campagnes de communication de certaines marques cette saison.
Mettons de côté la go green attitude qui n’est pas une tendance mais un passage obligé à moyen-court terme pour l’industrie, de côté également certains créateurs comme Stella Mc Cartney, Kenzo où la nature fait partie de l’ADN de la marque.
Point de robe de bure, ni de sandales en corde, point de tendance Amish chez les autres créateurs, ici le retour à la nature est ostentatoire. Broderies, boutons dorés, col en fourrure, nœuds, franges sont nécessaires pour un séjour dans la grande maison familiale ou pour se retrouver entre amis dans la campagne, un nomadisme chic entre folk luxueux et un classicisme théâtral.
Simple paradoxe
Un retour à la simplicité mais avec tout nos atours, délicieux paradoxe, parfaitement assumé.
danse chamanique entre amis, ce week-end, à la campagne.
(Gucci AW2008-2009, par Inez van Lamsweerde and Vinoodh Matadin).
The good ol’ days (vous noterez les arrière-plan peu engageants) : les couleurs, les imprimés
et les accessoires claquent pour signifier la chaleur du temps retrouvé. La famille se regroupe
autour de trois générations, parmi les poules, les labradors et les chevaux…
Not only humans, but animals too
Dès lors, l’ensemble de nos instincts se réveillent, l’envie de grimper aux arbres, de s’allonger à même la terre mouillée. Tout comme nous l’ont signifié récemment les campagnes d’Aigle et de Wrangler nous ne sommes, après tout, que des animaux.
pour la réintroduction de l’homme dans la nature, Aigle.
we are animals, Wrangler (Mise-à-jour: campagne primée par le Grand Prix Presse à Cannes le 24 juin 2009)
Dans la vision de notre rapport à la nature ci-dessus, le vêtement est peu ou pas mis en valeur ce qui prime c’est lasensation, le vécu, de l’anti-glamour pur et dur, aux antipodes des campagnes Gucci ou Dolce & Gabbana. Autant j’apprécie la campagne print de Wrangler, autant la vidéo qui réinterprète assez « justement », me semble-t-il, l’activité nocturne de nos amis à quatre pattes peut laisser songeur, oscillant entre l’inquiétant et le morbide (voir ci-dessous).
Animalité
À l’opposé, les séries photos présentes dans le dernier Numéro, présentent la sublime Stéphanie Seymour en femme-louve ultra-sexy, shootée par Greg Kadel.
Stéphanie Seymour, chimère en veste sans manches en mouton retourné (Dolce & Gabbana), bijoux d’ongles-griffes de chez Bijules NYC et une voilette surmontée de précieuses plumes par Noel Stewart.
La femme primitive
veste en renard de la maison Louis Vuitton et collier d’ossement d’Erik Haley, pour une Lucy des temps modernes.
La femme élémentaire
ou encore la femme-zèbre chez notre Jean-Paul Gaultier national
voire même en pintade de luxe chez Ralph Lauren…
Simplicité ?
On le voit le désir de simplicité par un retour à la nature, est interprété de diverses façons. Tantôt radicale anti-glamour et anti-consumériste, au point de dérouter ; tantôt festive (arrogante ?).
En ces temps incertains, dans nos sociétés qui se complexifient, où l’envie d’appuyer sur pause se fait sentir, le vêtement doit-il se parer de tous les atours ou au contraire créer des silhouettes basiques et sobres ?
En privilégiant la voix et le piano, PJ Harvey à créé l’an dernier avec White Chalk, un album dépouillé de tout superflu, rèche même, d’une émouvante sensibilité et d’une haute exigence. Pour autant qui à envie de ressembler à miss Polly Jean Harvey sur la pochette de son cédé ?
Peut-on imaginer, comme la chanteuse l’a fait avec sa musique, un retour à certains fondamentaux dans la mode ? Non pas un retour du courant minimaliste des années quatre-vingt d’Ann Demeulmeester ou d’Helmut Lang, mais un courant ou un créateur qui arriverait a synthétiser les paradoxes de notre époque.
Comme en musique électronique, une tendance low-fi va-t-elle apparaître dans la mode ? Une tendance qui créerait des vêtements d’aujourd’hui et de demain avec des tissus et des accessoires de récupération, par exemple.
De l’omnipotent LVMH à la discrète maison Hermès, du vintage chic de Didier Ludot aux modèles contemporains de netaporter.com, la mode est comme notre époque, multipolaire, fragmentée, hystérique, en plein mash-up. Redéfinir simplement certaines directions et certaines prises de position aiderait sans doute à y voir plus clair.
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Pour compléter ce billet, je vous conseille de lire :
Le catalogue du salon Maison et Objets consacré à la Simplicité dans le design.
De la simplicité par John Maeda, THE book d’un grand monsieur du design transversal où l’on apprend à aller à l’essentiel, à ne pas mésestimer les émotions et où il énonce ses dix lois de la simplicité.
Lu la semaine dernière dans la presse (Le Figaro), un état des lieux des directions artistiques des différentes maisons de couture. Force est de constater que cela a énormément bougé, que ce soit pour la mode homme ou la mode femme.
La tendance est d’intégrer sur la plus haute marche de la création non pas une diva, mais un créateur au profil « studio de création ». Chloé et Gucci avaient lancé la tendance, précise l’article ; en effet Phoebe Philo a remplacé Stella Mc Cartney et Frida Giannini a succédé à Tom Ford ; le mouvement s’est accéléré et d’autres maisons ont suivi (Calvin Klein…).
En plus de cette tendance de fond, une série de « transferts » se sont opérés depuis le début de l’automne, chamboulant la carte des DA des maisons de couture parisiennes ; ainsi on retrouve Paulo Melim Andersson chez Chloé (exit Phoebe !), le talentueux Olivier Theyskens chez Nina Ricci, Dai Fujiwara chez Issey Miyake, Giles Deacon chez Daks, Nicolas Andreas Taralis chez Cerruti, Sophia Kokosalaki chez Vionnet, Damian Yee chez Guy Laroche ou encore Peter Dundas chez Ungaro.
Plus dure est la situation de la mode masculine : plusieurs maisons ont en effet pris le virage du relifting, mais sans le succès connu par Dior Homme, hélas… Au vu du travail réalisé par Oswald Boateng chez Givenchy, ou encore Jason Basmajian pour ST Dupont, cela me semblait prendre bonne tournure, les lignes se modernisant, attirant de facto une nouvelle clientèle. Mais les résultats financiers n’étant pas bons, ou en tout cas pas assez rapidement bons, Franck Boclet a ainsi quitté Smalto, Oswald Boateng est sur le départ, Jason Basmajian a été remercié et Pierre-Henri Mattout est également sur le départ chez Dormeuil…
Les maisons de couture masculine ou féminine n’ont aujourd’hui plus le temps, ni l’argent, les résultats financiers doivent se voir quasi-immédiatement ; les créateurs ont donc pour mission de « générer du cash » le plus rapidement possible, sous peine de se voir remercier rapidement, et ce, quel que soit leur talent.
Dans un autre registre, mais concernant toujours les changements de créateurs, Irène Leroux a quitté Erès (groupe Chanel), LA marque de maillots de bain et de lingerie qu’elle avait créée en 1968. Elle sera remplacée par la styliste Valérie Delafosse. Il sera intéressant de suivre les nouvelles (?) orientations de style que cette dernière va y apporter.
Au milieu de ce constat, seule la maison LVMH et ses énormes moyens financiers peut se donner le temps de « recadrer » un John Galliano – avec le succès que l’on sait – et de redéfinir la mode masculine avec Hedi Slimane. Karl Lagerfeld et ses 24 ans chez Chanel fait figure de héros… génial héros, qui a su relancer, moderniser, recréer et propulser la maison de la famille Wertheimer. Quel créateur intégrant une maison peut « espérer durer » autant que lui aujourd’hui ?
« Magazine for a Peachy Green Lifestyle », Style Will Save Us est un nouveau magazine indépendant online, traitant d’économie durable, de services et produits respectant l’environnement.
« We only feature new fashion items that are fairtrade or made from organic cotton, cashmere, wool, silk, hemp or other natural and sustainable materials which are produced in an environmentally friendly way. And because recycling is great for sustainability, we also inform you about designers who produce customised second hand pieces and of course vintage clothing shops. »
Un grande partie du magazine traite, comme son nom le laisse supposer et comme l’édito ci-dessus nous l’expose, de mode, lifestyle et de beauté, mais uniquement « eco-friendly ».
On y apprend, par exemple, que Stella Mc Cartney, va lancer une ligne « organic » très prochainement.
Les marques et les consommateurs prennent (enfin) conscience que mode et environnement sont très proches. Vu sur Modabot
Selon une dépêche AFP…
« La popstar se lance dans le design: elle signera la collection « M by Madonna » pour la chaîne suédoise H&M. La collection « reflètera le style intemporel, unique et toujours glamour de Madonna », selon le groupe. »
Traduction : H&M lance une collection s’inspirant de Madonna, la styliste de Madonna validera/invalidera les modèles ainsi créés. Les premiers porteront la griffe « M by Madonna », les recalés porteront la griffe « H&M »…
Autant les opérations précédentes de la firme suédoise pouvaient susciter un certain intérêt (cf les collections par Karl Lagerfeld, Stella Mc Cartney ou la dernière avec Viktor & Rolf) autant cette collection « par » la Ciccone peut laisser perplexe?