Suite de l’interview avec Jérôme Dreyfuss, le créateur nous parle de mode, des blogs et d’un hypothétique retour dans l’habillement…
Beaucoup de femmes sont complètement dingues de tes sacs, tu as un grand fan club sur les blogs. Lis-tu certains d’entre eux ?
Pas beaucoup, parce que je n’ai pas le temps. Parfois, une de mes collaboratrices me montre les blogs et je suis vraiment étonné. C’est drôle, je ne comprends pas comment les gens peuvent passer du temps à écrire sur un sac. Çà me fait rire, c’est un autre monde pour moi. Cependant je suis vraiment emballé. C’est intéressant, parfois on y trouve des choses vraiment positives et d’autres fois c’est très négatif, ces gens disent ce qu’ils pensent. Cela peut m’aider à monter une collection, mais je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer à Internet.
Le slow wear, prochaine grande tendance. Penses-tu qu’un nouveau styliste puisse démarrer une activité sans avoir une éthique bio?
Je ne sais pas, c’est difficile à dire. Il n’existe pas de règle pour commencer. S’il y avait une règle tout le monde utiliserait la même, et tout le monde ferait la même chose. Je ne sais pas s’ils sont obligés ou non de le faire. Je ne pense pas que ce soit déjà le cas, mais ça viendra. Aujourd’hui, le souci c’est qu’avec toutes les pressions économiques que nous avons, c’est très difficile de lancer une nouvelle marque. J’ai vraiment de la chance, j’ai commencé il y a dix ans. Depuis mes débuts, très peu de créateurs ont réussi à se lancer.
Est-ce plus cher de produire bio?
Non, ça n’est pas plus cher. Je ne paye pas mon cuir plus cher que quiconque. Rien n’est plus cher, si vous faites attention.
C’est donc une fausse idée ?
Oui, c’est une fausse idée. Le biologique est simple, c’est juste le matériel que vous utilisez qui est bio. Après, vous faites ce que vous voulez. C’est plus l’utilisation de différentes pièces métalliques qui coûtent cher. Si le cuir coûte un peu plus il faut faire attention à ce que vous utilisez à l’intérieur des sacs afin de garder un prix normal. Donc non, je ne pense pas que cela coûte plus d’argent pour le faire.
Le modèle Tween Mini
Tu crées des sacs qui dureront toute une vie que l’on pourra transmettre. Considères-tu la slow fashion, comme un luxe?
C’est ce que je rêve de faire. Nous essayons de travailler de cette façon, j’ai toujours dit à mes clients d’acheter juste un sac et de le conserver pendant des années. Mais la pression de la société fait que les gens veulent changer la couleur de leur sac à chaque saison. Je voudrais qu’un jour ils le gardent pendant dix ans, ce qui ne sera pas bénéfique pour mon entreprise, mais ça m’est égal (rires) ! Ce que je veux, c’est aller dans le Sud de la France et faire du fromage.
Y-a-t-il une ligne prévue pour les hommes ?
Non, pourtant tous mes amis me le demandent, parfois je crée des sacs pour eux mais je ne suis pas intéressé par la cible masculine!
Et l’avenir? Un retour dans l’habillement ?
Je ne sais pas, c’est toujours le même problème. J’aimerais refaire des robes mais je ne veux pas être englouti par le business de la mode. J’aime ce milieu et je veux continuer à l’aimer. Donc c’est mieux d’en être éloigné, ça me permet de garder mon rêve, et j’ai besoin de rêver pour être en mesure de créer. Si je suis trop dans le business, je ne rêve plus. Lorsque vous voyez la réalité, vous ne rêvez plus. J’essaie de rester à distance pour me permettre de rêver et de créer. C’est très important pour moi.
Tu es un rebelle…
Non, je ne suis pas un rebelle. Je suis juste quelqu’un de simple qui cherche à faire son travail. Je ne cherche pas à être une star sinon j’aurais joué dans des films. Ce n’est pas mon métier d’être célèbre, mon job consiste à travailler avec des gens, avec mes mains. J’essaie tout simplement de suivre mon chemin.
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À lire (read more)
Sur Buzz2Luxe, la tendance Slow
Sur Cubed.tv, le Slow Manifesto
Le site de Jérôme Dreyfuss