Blogs et marques de luxe, gagnant-gagnant?

« Blogs et marque de luxe, du gagnant-gagnant? » est le titre de l’intervention que j’ai donné avec Carla Henny de Préval, directrice du marketing digital d’Yves Saint Laurent Beauté sur la chaîne Decideurs TV.

On y parle des échanges et des partenariats entre blogs et marque de luxe, mais aussi de la gestion de l’image de marque et de la singularité de certains blogs. Y est abordé également les médias sociaux et leurs cibles différentes.

La marque de luxe est par essence, de par son histoire, une entreprise qui croit en l’innovation, qui prend des initiatives. Il est important pour elle de se positionner et de faire un travail de veille permanente sur internet, afin de conserver son leadership.

PFW | Anne Valérie Hash

Paris Fashion Week-
Chers lecteurs,
rencontre avec la créatrice Anne-Valérie Hash, qui se révèle être disponible et… timide. Un show non soumis au diktat de la tendance et un style très singulier.

Dans la lignée de ces créatrices qui créent avec équilibre entre fantasme, créativité et « portabilité » telles que sont Phoebe Philo, Stella Mc Cartney ou Hannah MacGibbon.

Paris Fashion Week-

Dear readers,
this is my first AVH’s show and my first mini-interview of the designer. She’s available and even seems a bit shy (it’s just after the show, the stress is still here). She’s the opposite of what i thought.

It’s a show that I was eager to see. The clothes are not subject to the trends nor outdated, she creates clothes with a strong personality. Soon she will be as big as designers such as Phoebe Philo, Stella McCartney or Hannah MacGibbon which designs have a balance between fantasy, creativity and « wearability » -perhaps because they are women who are designing for women-

Great, mini jupe avec sa double ceinture dégueulante

Beaucoup de fluidité (mon obsession du moment) et de bouillonnés dans cette collection, donnant à la première jupette des envies de tailoring.

Fluidity: my obsession, is present in all the collection, making the first skirt looking like a tailored skirt

Des matières légères qui s’enroulent autour du corps.

Light materials that wrap around the body.

Pour en savoir plus sur les couleurs, les matières et les choix stylistiques de cette collection, c’est juste après.

A quick vid of the show.

 

What is cashmere ? – partie 2

Suite de notre apprentissage du cachemire dans les locaux d’Éric Bompard. Lucille Léorat, styliste, nous parle du goût anglais, du Pérou, de l’impression en 15 couleurs, des fantaisies que l’on peut appliquer sur un pull (les torsades, les différents points, etc.) et nous déballe nos pulls revenus de Mongolie.

Ci-dessous, la seconde partie du podcast (séquence live) ainsi que les photos de nos « cachemires ».
[mp3]http://www.lemodalogue.fr/audio/what-is-cachemire-part-2.mp3[/mp3]

Une fois nos pulls déballés et enfilés, notre plus grande surprise outre la qualité de ceux-ci fût que chaque pull correspondait parfaitement à son propriétaire, avec l’aide de l’équipe Bompard l’expérience bespoke a fonctionné à plein.

Nadia et Julie
Francesca
Julie
Stéphane
M. Éric Bompard

Un grand merci à toute l’équipe d’Éric Bompard, ainsi qu’à Brian Levy et Kaoliang, responsables de l’opération.

What is cashmere ? – partie 1

Invité par Éric Bompard dans son studio de création, j’ai vécu une expérience étalée sur plus d’un mois que j’ai partagé avec Julie, Nadia, Francesca et Stéphane.

Éric Bompard, Lorraine Bompard, sa fille et une partie du personnel ont pris le temps de nous expliquer la fabrication d’un fil de cachemire ainsi que le processus de création d’un pull Éric Bompard, de la tonte de la chèvre jusqu’à  son arrivée sur nos épaules. Une expérience bespoke, qui nous amenait à créer notre pull, en choisissant le type de maille, la couleur et la forme de celui-ci.

Dans cette première partie, Lucille Léorat, styliste, nous parle des chèvres Capra Hisca, du twist et de techniques de lavage qui permettent aux pulls Éric Bompard d’obtenir une qualité sans égale. Je vous laisse écouter le podcast que j’ai réalisé pour l’occasion ainsi que les premières photos de l’événement.

Le poil après la tonte…

Après la tonte...

Le poil nettoyé

Le poil nettoyé
Le poil teint

Le poil teint

Un fil non twisté

Un fil non twisté

Un fil en bobine, prêt à l’utilisation

Un fil en bobine, prêt à  l'utilisation

Le croquis de mon pull…

Le croquis de mon pull...

Dans la seconde partie, nous découvrirons les différentes fantaisies que l’on peut apporter sur un Bompard ainsi que nos pulls revenus de Mongolie !

Modoscopie | Kris Van Assche

Respectueux des codes du costume masculin, Kris Van Assche en détourne les détails pour proposer des tenues d’une étonnante modernité évitant toute forme de déguisement. Chef de file de la mode masculine, Kris Van Assche nous livre ici ses impressions sur la beauté, le statut de créateur de mode, ses influences et les nouveaux médias. Les organisateurs du Festival de la Photographie et de la Mode d’Hyères ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en le nommant président du jury de l’édition 2009.

Vous êtes un jeune créateur responsable de la direction artistique d’une des plus prestigieuse maison de couture. N’est-ce pas trop difficile à porter? Quels conseils donneriez-vous à un jeune créateur qui veut débuter dans la profession?

Il faut revenir sur l’ensemble de mon parcours pour comprendre mon cheminement jusqu’à cette fonction au sein de la maison Dior. J’ai tout d’abord été le plus jeune diplômé de l’Académie Royale d’Anvers, puis j’ai effectué ma première expérience professionnelle chez Yves Saint Laurent pour la ligne Homme. J’ai ensuite rejoint Dior Homme que j’ai quitté pour fonder ma propre ligne puis finalement retrouvé pour en diriger la ligne masculine… Tout s’est passé relativement vite, sans temps mort. J’ai cependant vécu cette période intense avec beaucoup d’interrogations. Je savais ce que je voulais même si je n’avais aucune certitude quant à l’aboutissmenet de mes rêves… Il faut avoir à la fois de le achance mais aussi faire preuve de courage, d’un travail acharné et d’une concentration à toute épreuve. Il faut écouter les conseils mais ne pas être frileux. Alors, si je me permettais de donner un conseil à ceux qui veulent se lancer dans l’aventure, ce serait d’être fou et rigoureux à la fois.

A l’image de certains créateurs comme Karl Lagerfeld, créateur de mode, photographe et depuis peu réalisateur de court-métrage, éprouvez-vous le besoin de vous exprimer dans d’autres domaines artistiques?

Effectivement, je m’intéresse à l’art en général. Je me suis déjà  impliqué dans de nombreuses expositions, en particulier dans de nombreuses expositions, en particulier au sein de la galerie de Barbara Polla « Analix Forever » pour qui j’ai créé plusieurs installations: « Handsome » En 2006, « Working Men » En 2008. Nous avons d’ailleurs d’autres projets en cours. La photo tient également une place privilégiée dans ma vie. Ma contribution en tant que rédacteur en chef au A Magazine a été l’occasion de montrer quelques uns de mes clichés de voyages et de réunir des artistes qui représentent une influence dans mon univers, comme Nan Goldin, Jeff Burton ou Sarah Moon.

Etes-vous d’accord avec cette phrase : «Un créateur aujourd’hui doit pouvoir répondre à tout »?

Oui et non. Oui, car il nous faut être beaucoup plus polyvalents qu’auparavent, plus ouverts, plus « poreux » au monde qui nous entoure. Et non, car il est absolument ridicule et présomptueux de demander à un créateur de mode d’être omniscient et omnipotent. C’est totalement déplacé et vaniteux. Restons à notre place.

Ce qui touche beaucoup dans vos créations c’est la dimension poétique et une très grande sensibilité. Comment définiriez-vous la beauté?

Ma quête reste toujours la même. Celle d’une élégance radicale. Il faut qu’elle soit moderne et sensible, tout en traduisant l’énergie de notre époque. La beauté est un état de grâce, une noblesse naturelle sans caricature ni posture.

Dans le dernier défilé Dior Homme, il y a un pantalon coupe «baggy» avec une large ceinture repliée, comportant une poche plaquée au dos et une martingale au côté. Ce mix du sportswear et des attributs classiques du costume masculin semblent définir votre style.

Je souhaite revisiter les classiques, les bousculer pour atteindre une véritable modernité. Je souhaite revisiter les classiques, les bousculer pour atteindre une véritable modernité. Il ne s’agit pourtant pas de déguiser les hommes, de les caricaturer. Je m’attache donc aux détails, aux décalages. Le costume est comme une figure imposée qu’il faut maîtriser à tout prix pour mieux le faire « muter ». Tout doit se passer dans les glissements, sans que cela soit brutal ou défigurant. La subtilité réside là, dans ce carrefour d’influences.

J’ai trouvé dans vos collections personnelles et également dans la dernière pour Dior Homme des rapprochements avec l’esthétique du cinéma expressionniste (les angles, le noir et le blanc, etc.), quelles sont vos principales sources d’influence?

Cela varie énormément. La peinture flamande comme les photos de Desire Dolron peuvent être une piste de départ pour une collection. La musique électro de Justice peut en être une autre. Films, musiques, rue, tout m’inspire et me nourrit. Une collection résulte souvent d’une mosaïque d’influences quotidiennes (mon entourage proche) ou exceptionnelles (expos, créations diverses).

La mode Homme a beaucoup évolué ces dernières années. Comment définiriez-vous (en quelques termes choisis) l’homme occidental contemporain?

Il est plus complexe et subtil dans son désir de mode. Il est réconcilié avec l’idée d’élégance mais ne veut pas pour autant être apprété. Il est sophistiqué mais sans contraintes, moderne mais en refusant le déguisement d’une « Fashion Victim ». Il a trouvé un équilibre en somme…

Le chapeau est un accessoire oublié depuis longtemps. Il semble que vous ayez une affinité particulière avec cet accessoire. Est-ce un accessoire susceptible de faire son apparition chez Dior Homme?

Le chapeau est un accessoire intemporel, qui dépasse toute notion de nostalgie. Il est la signature d’une élégance radicale, assumée. En même temps, il est toujours très moderne, plébiscité par les plus jeunes. Il ne cesse de concrétiser cette nouvelle masculinité, très sophistiquée sans pour autant verser dans le déguisement. Je l’utilise souvent, mais pas systématiquement. Je l’ai mis en scène sous toutes ses formes au Pitti Uomo dont j’étais l’invité en 2007, au coeur d’une installation nommée « Desire ». Le chapeau est pour moi autant un symbole et un objet de recherche qu’un accessoire du quotidien, actuel et indémodable.

Internet vous influence t-il, y trouvez vous des sources d’inspiration?

Internet est un outil quotidien, complémentaire des autres supports. En ce sens, il participe à un ensemble, facilite l’accès à certains documents. Internet n’es pas mon seul outil de connaissance et de recherche mais je ne saurais pas m’en passer.

Pensez-vous qu’internet va modifier le rapport que nous avons avec la mode, les créateurs et les marques?

Peut-être, je ne suis pas assez visionnaire sur ce sujet pour faire des prévisions. Ce qu’il y a de certain avec Internet, c’est qu’il modifie l’accès au luxe et même à l’hyperluxe. C’est réellement une véritable révolution. Toutes les grandes maisons vendent en ligne aujourd’hui alors qu’il y a quelques années à peine cela aurait semblé être une hérésie…

Avez-vous des projets futurs?

Mon futur est largement organisé par le rythme des collections: deux pour Dior Homme, deux pour KVA Homme et deux pour KVA Femme. Il ne me reste que peu de temps pour le reste. J’ai quand même pu libérer mon agenda pour prédiser le prochain Festival d’Hyères en avril prochain. C’est une mission très importante à mes yeux. — Lire aussi Résumé du défilé Dior Homme Kris Van Assche, l’homme fleur Dis Hedi quand reviendras-tu ?

Fawaz Gruosi | «Ce qui me plaît, c’est de prendre des risques»

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Interview de Fawaz Gruosi, PDG de de Grisogono, par Maurine Boutin Mercier

A la tête de Grisogono, Fawaz Gruosi s’est diversifié avec succès dans l’horlogerie: sa marque fabrique désormais 5000 montres par année et son entreprise dépasse les 100 millions de chiffre d’affaire. Rencontre.

C’est avec un diamant noir, alors dénigré par les grands joailliers, que de Grisogono avait fait sensation sur la scène mondiale, en 1996. La marque, qui avait ouvert sa première boutique trois ans auparavant au 104 rue du Rhône à Genève, s’est rapidement trouvé une place sur le marché international, grâce à l’audace de son fondateur, Fawaz Gruosi, à l’efficacité de son réseau et ses contacts privilégiés avec la jet-set du monde entier.

L’entreprise, qui s’est diversifiée dans l’horlogerie en 2000, emploie désormais 130 personnes. Fawaz Gruosi, mari de la présidente de Chopard Caroline Scheufele, a souhaité reprendre le contrôle total sur son entreprise. Cette année, il a racheté la participation que Chopard détenait dans le capital de son entreprise, devenant l’unique propriétaire de sa marque. Rencontre avec le fondateur, dans ses bureaux Genevois.

Comment se porte de Grisogono dans une industrie du luxe en plein boom?

Depuis qu’elle est née, en 1993, l’entreprise n’a jamais cessé de progresser, et elle se porte extrêmement bien. Depuis 2000, notre rythme de croissance oscille entre 20% et 30 %par année. Nous avons fait 108 millions de francs de chiffres d’affaire en 2006. De Grisogono est une très jeune entreprise, mais cela ne l’a pas empêchée de se faire une place sur le marché mondial. Nous avons ouvert 16 boutiques en 14 ans. C’est un petit miracle.

L’an prochain la marque fêtera ses 15 ans. Comment envisagez-vous ce cap?

2008 sera l’année de la réorganisation. Aujourd’hui, plus personne ne nous considère comme une petite entreprise, mais pas non plus comme une grande. Les 15 ans de la société marqueront un tournant: nous engagerons du personnel tant au niveau des ateliers qu’au niveau du management. Mais notre objectif premier restera de cultiver notre différence.

Comment envisagez-vous de poursuivre votre croissance, en vous orientant vers de nouveaux produits ou plutôt vers de nouveaux marchés?

Nous souhaitons prendre de l’ampleur, mais à condition que cela ne se fasse pas au détriment de notre marque de fabrique, c’est-à-dire le luxe et l’exclusivité. Il n’est pas question d’une croissance n’importe comment, en fabriquant du savon ou des cravates, je déteste l’approche «commerciale», même le terme m’insupporte. Je n’exclus pas, toutefois, de fabriquer un jour un parfum, mais dans ce cas, j’opterai pour une fragrance très particulière, en quelque sorte «anti-commerciale». Nous allons étendre notre réseau de vente et nous ouvrirons certainement d’autres boutiques, mais nous ne dépasserons jamais le nombre de 25. Les grandes maisons qui proposent 50 produits identiques dans leurs vitrines tout en prétendant vendre des produits de luxe se moquent de leurs clients.

A quoi ressemble la cliente de Grisogono?

C’est une femme de caractère. Lorsque j’ai fondé de Grisogono, les femmes admiraient mon travail sans pour autant oser porter mes parures. Atborer mes bijoux anticonformistes les mettait mal à l’aise. Mais nous avons finalement réussi à nous imposer. Et n’allez surtout pas croire qu’il faut systématiquement dépenser une fortune pour devenir client de la marque: nos premiers prix ne dépassent pas les 2000 francs.

Vous avez débuté très jeune dans le monde de la joaillerie, et vous avez créé votre propre maison. Une véritable «success story» à l’américaine…

On peut le dire! J’ai fondé mon entreprise avec un capital de 16 000 francs. Si nous avons réussi à nous faire une place sur ce marché très conservateur, c’est en revendiquant notre griffe anticonformiste, en allant à contre courant des tendances. Prenez l’exemple du diamant noir: lorsque j’ai commencé à l’utiliser, cette pierre était dépréciée. J’ai vécu deux ans d’angoisse avant que nos concurrents ne se décident à l’utiliser à leur tour. J’ai donné de la valeur à une pierre qui n’en avait aucune. Nous nous sommes fait remarquer en prenant des risques. Je me suis déplacé, en personne, pour que l’on parle de moi partout à l’étranger. Pardonnez-moi cette métaphore un peu maladroite, mais j’ai marqué mon territoire, en voyageant dans le monde, un peu comme un petit chien le fait en arrivant dans une nouvelle maison (rires)!

Est-ce aussi par goût du risque que vous vous êtes aventuré dans le monde de l’horlogerie?

Je ne ressemble pas à ces patrons qui se contentent d’observer les chiffres de leur entreprise. Moi, ce qui me plaît, c’est de prendre des risques et d’avoir chaque jour des montées d’adrénaline. Nous avons créé 14 modèles de montres. Nous n’avons jamais évité les difficultés. Prenez l’exemple de la montre Occhio, inspirée du diaphragme d’un appareil photo. Nous ne sommes évidemment pas les seuls à avoir eu cette idée, mais de tous nous concurrents, nous sommes les seuls à avoir oser relever le défi.

Vous êtes un habitué des soirées mondaines, et vous posez sans cesse aux côtés de célébrités. Est-ce pour l’image de votre marque ou parce que vous aimez particulièrement ce monde de paillettes?

N’oubliez pas que je travaille dans le monde de la haute joaillerie depuis que j’ai 18 ans. Dès le début, et ce malgré mon effroyable timidité, on m’a demandé de m’occuper de la clientèle. Je suis tombé dans le monde des people quand j’étais petit. Mon carnet d’adresses s’est rempli avec les années. Lorsque j’organise des soirées glamour, 65 % des invités sont des amis. Malgré cela, ces soirées m’angoissent terriblement. J’ai souvent l’impression d’être un clown devant un parterre de paparazzis. Si personne aujourd’hui ne me croit timide, c’est parce que je suis devenu un grand acteur.

Votre femme ne s’irrite-t-elle jamais à force de vous voir poser en compagnie de femmes somptueuses?

Elle est parfois un peu jalouse, oui. Mais ma femme fait le même métier. Elle connaît donc parfaitement ce monde. Elle sait que tout cela n’est finalement que du cinéma.

Choisissez-vous toujours attentivement vos ambassadeurs? Que pensez-vous des rappeurs qui s’approprient les produits de grandes maisons?

J’ai toujours refusé de rentrer dans le monde du rap. Non pas parce que je n’aime pas les rappeurs, mais plutôt parce que je refuse de m’adapter au marché. Il est vrai que P. Diddy, par exemple, est client de la marque, mais ce n’est pas parce que je le lui ai demandé. Je n’ai besoin d’aucune personnalité pour vanter les mérites de Grisogono. Lorsque je me déplace au Japon par exemple, ce n’est pas pour «me prostituer» et m’adapter à tout prix aux besoins d’un marché, mais pour y vendre ma philosophie et ma manière d’être.

Pensez-vous avoir une influence sur les grandes maisons de joaillerie traditionnelles?

Je pense que notre philosophie et notre travail ont beaucoup influencé le milieu de la haute joaillerie. Les grandes maisons sont souvent très conservatrices. Elles n’auraient par exemple jamais osé organiser des soirées glamour avant que nous le fassions.

Pensez-vous investir encore davantage dans votre communication?

Nous dépensons 20 millions de francs par année pour notre publicité, soit beaucoup moins que nos concurrents. Mais nous allons certainement augmenter notre budget publicitaire, en parallèle avec l’ouverture de nouvelles boutiques.

Envisagez-vous de vendre un jour de Grisogono?

Les autres maisons de luxe voient défiler les PDG. La plupart dirigent leur société pendant quelques années, et puis s’en vont. Chez de Grisogono, c’est moi qui représente la marque et je ne me séparerai jamais de cette maison. Et si un jour, je n’ai plus la force de travailler comme aujourd’hui, je délèguerai certaines tâches. Mais je ne céderai jamais la partie créative, à moins que je ne perde la tête.

Votre marque est-t-elle victime des contrefaçons?

Évidemment, mais aucune grande marque n’y échappe. Lorsque les premières parodies ont été découvertes, cela m’a rendu malade, mais j’ai dû me faire une raison. On ne peut rien contre, d’autant plus que la loi protège les individus qui copient nos produits: il suffit qu’ils changent un tout petit quelque chose à un produit copié pour que la loi leur donne raison. Si l’on porte plainte, on ne gagne jamais. Et les procès nous coûtent très cher.

Vous êtes aujourd’hui propriétaire du restaurant le Quirinale, à Genève, aux côtés, entre autres, du banquier Riccardo Tattoni, du tennisman Marc Rosset et du Prince Emmanuel de Savoie. Pourquoi avoir ouvert un restaurant?

Il faut bien l’avouer, nous avons agi sur un coup de tête. L’idée nous a traversé l’esprit un soir, entre copains. On s’est imaginé un endroit dans lequel on puisse se retrouver. Le comble, c’est que lorsque j’appelle pour réserver une table, le restaurant est toujours complet!

Quels sont les endroits que vous aimez particulièrement à Genève?

Je passe tellement de temps à voyager que ce que j’apprécie le plus à Genève, c’est de rester à la maison.

Quels liens gardez vous avec l’Italie, votre pays d’origine. Envisagez-vous d’y retourner vivre un jour?

J’ai quitté l’Italie lorsque j’avais 22 ans. J’ai ensuite vécu en Arabie Saoudite, à New York et à Paris. Je ne pourrais plus vivre en Italie. Je m’entends d’ailleurs bien mieux avec les Italiens qui vivent à l’étranger. Ils sont nettement plus ouverts. Je vis à Genève depuis très longtemps. Je me sens chez moi ici. C’est ici que je me vois passer mes derniers jours.

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