C’est quoi Jacquemus? Le créateur que l’on adore détester – Partie 2

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Jacquemus c’est lui !

La jacquerie ou le contre-pied permanent
Révolutionnaire Jacquemus? Le vêtement ne fait plus loi, il n’est qu’une composante. Coupe, matière, détails ne revêtent plus la même importance que pour la génération précédente, mais l’évènement.

Outre des placements prix inférieurs à ses concurrents, des choix stylistiques audacieux tout autant que consensuels, le succès de la marque, on ne cesse de le dire, tient en majeure partie d’une très savante communication… incarnée.

Simon Porte est comme dans l’ancien temps des divas de la mode, au centre de SA marque et il embarque avec sincérité et proximité toute une communauté au sein de sa chapelle.

Dès lors le massive-show du génial Pharell Williams pour Louis Vuitton, tout plaisant qu’il soit, semble appartenir à un autre temps. Pharell Williams, collaborateur de longue date de Louis Vuitton et sa bande sont intergalactiques, à des années-lumières de notre quotidien. Comme les astres, on en voit l’éclat mais peut-être sont-elles déjà éteintes.

Jacquemus semble alors, plus en phase avec l’époque, du moins de la génération Z. Le charismatique, Simon Porte semble accessible et le rapport positionnement x désirabilité x accessibilité de ses produits est plausible.

Développement durable
L’objectif des grands groupes de luxe n’est pas de promouvoir la singularité de leurs designers. Nul d’entre eux n’a investi dans la création de la marque d’un créateur: d’Heidi Slimane à Nicolas Ghesquière en passant par Alessandro Michele.

La préférence va a ressusciter d’anciennes maisons (Schiaparelli, Patou) plutôt que d’en développer de nouvelles et de proposer des horizons réellement nouveaux et durables à la nouvelle génération.

Le système vise à créer des chimères créatives et éphémères, de provoquer des poussées d’adrénaline consuméristes. 

Le dessein est d’intégrer des talents individuels au sein d’un système où prime principalement la rentabilité des marques. Sur ce point le défilé du Pont-Neuf de Louis Vuitton répondra sans doute aux attentes de Bernard Arnault.

Courtisé depuis des années, autant pour des entrées dans le capital de Jacquemus, par LVMH ou Kering, que pour remplacer Alessandro Michele chez Gucci, Simon Porte a pour l’instant tout refusé. La marque ayant même repris en 2022 les 10% que le groupe espagnol Puig possédait depuis 2019.

Insaisissable, Simon Porte met en défaut le modèle. C’est en cela qu’il est un leader, qu’il déconstruit les anciennes règles et qu’il suscite la passion auprès des Z. Il porte en lui cette forme de liberté, de non-appartenance a un ancien monde, il est à l’aise, drôle, se met en scene, indépendant.

Mais cette indépendance à un prix. Jacquemus dont une grande partie des revenus (le chiffre d’affaires à doublé en 2022  passant à 212 M€) repose et ce, depuis ses débuts sur le digital (génération Z oblige?) va devoir investir massivement et seul un grand groupe pourrait opérer en ce sens afin d’assurer une stratégie d’expansion, d’ouverture de boutiques (agrandissement de celle de l’avenue Montaigne), et du lancement attendu d’une ligne de cosmétiques (prévue initialement en 2022).

Entreprenant, sincère et accessible, innovant, plein d’humour frais (esprit dont manque cruellement la mode) et cultivant un style novo-mélancolique et indépendant.
Hors du Far-West de la mode, Simon Porte et le modèle Jacquemus, est sans conteste inspirant pour la jeune génération.