C’est quoi Jacquemus? Le créateur que l’on adore détester – Partie 1

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Emerveillement? Ne sachant moi-même quoi penser, sentiment dû aux pâmoisons dans lesquelles tombent à chaque prononciation de son nom, les jeunes gens.

Exaspération? Consécutive à « de toutes les façons vous ne pouvez pas comprendre c’est notre génération ! » propos pris régulièrement dans la figure par ces mêmes jeunes gens.

Le style Jacquemus? Pourrait se résumer ainsi: des formes minimalistes où la couleur n’a pas à rougir.

Fétiche indubitable de la génération Z, il suscite néanmoins, de la part de nombreux de ces devanciers (professionnels et les amateurs) une certaine méfiance, ces derniers arguant qu’« il ne sait pas faire de vêtements, ce n’est que de la com’, blah. »

J’ai donc pris le temps de rassembler dans ma tête ce que je sais, ce que j’ai observé ces dernières années, afin de mieux saisir une fois pour toutes cet épiphénomène qui dure…

A quatre temps

L’écosystème de la marque, son charme et son influence ont, à mon sens connus quatre instants clefs:

Emerveillé par Simon Porte Jacquemus et son « crew »
Oh les filles, oh filles ! Les tendres muses que furent Jeanne Damas ou Clara 3000… pour la saison 2013-2014. Le côté lazy-cool des copines-à-la-moue-boudeuse-sirotant-avec-désinvolture-un-diabolo-menthe-en-fin-d’après-midi-à-la-Grande-Motte apportait un sacré coup de frais à la planète mode.
Trop facile, certes, j’adorais et il fallait le faire.

Cette ambiguïté entre fiction et réalité ainsi que l’implication de son créateur sur les réseaux sociaux allait devenir un trait distinctif de la marque, forger son ADN.

Dépassé par le tsunami Chiquito
« Le sac où l’on ne met rien » que Bella Hadid, Beyoncé, Kelly Jenner ont adopté et hissé au rang d’objet culte m’a laissé dubitatif. Créé en 2017, il est le moment pivot de la marque et érige alors, l’accessoire comme élément autonome dans la panoplie.

Dans quelques années, le Chiquito parviendra-t-il à rivaliser avec l’iconique saddle bag de Dior (créé par John Galliano en l’été 2000)? Pourrait-il devenir le 2.55 de Chanel pour la génération Z?

Jacquemus, Jacquemania et Janus
Il est passé par ici, il repassera par là. Jacquemus fait feu de tout bois. Omniprésent dans les médias consacrés à la mode, frôlant le passage au JT de 20 heures, me voilà blasé par les défilés successifs « champ de lavande » de 2019, « champ de blé » de printemps-été 2021 et « pluie de raphia » du printemps-été 2023.

La marque Jacquemus déclenche une véritable Jacquemania, tandis que Simon Porte est lui plus discret. Tel Janus, le secret de la marque Jacquemus, serait qu’elle aurait deux visages?

… C’est l’amour à la plage (ahou tcha tcha tcha)
Il ne s’agit plus de vêtements, ni d’accessoires, mais d’un lieu de plaisance.

L’annonce de La Plage, il y a quelque chose qui tient du guru chez Jacquemus, ce nouveau concept, renforce la notion de communauté chère au créateur.

La Plage par Jacquemus se veut avant tout un lieu de vie nostalgique et chic. Plus qu’une collection capsule de produits elle est une bulle estivale, on y vit, on y chill, en totale immersion mode, design et luxe.

A l’instar de Jean Luc Godard, parlant du cinéma suite à de vilaines critiques (Cahiers du Cinéma n°159, octobre 1964), « on a tendance à considérer la cinéma comme un tout, ou comme une partie (chez moi tout se confond)« . Chez Jacquemus, comme chez Godard, tout se télescope, au sein d’un univers où la mode est libre et heureuse de n’être que ce qu’elle est. Elle à une dimension holistique sincère.

Autant que défunt Virgil Abloh, Simon Porte est le héraut d’un changement sociétal, il est un designer meta-moderne.

A suivre…