ART ET ORDINATEUR

LES ENVAHISSEURS

Zia, ces êtres étranges venus de la galaxie AI. Leur destination: nos ordinateurs, leur but: s’hybrider avec notre ADN. Je les ai vues. 

Tout à commencé par une nuit sombre, derrière un écran de 27 pouces, isolé au fond d’une obscure bibliothèque analogique.

Cela à commencé par une recherche sur l’utilisation des intelligences artificielles par les artistes de renommée internationale, de la part d’un homme devenu trop las pour continuer sur Google.

Cela à commencé lors de la lecture d’un article concernant l’artiste Cindy Shermann sur The Art Newspaper.

Cela à commencé par son apparition, la princesse LIA , venue d’un autre système neuronal.

Maintenant, je sais que les Zia sont là, qu’ils n’ont pas pris forme humaine et qu’il faut convaincre un monde incrédule que la révolution à déjà commencée.

En introduction à ces recherches nocturnes (et des surprises obtenues) je souhaite partager le compte-rendu de ma rencontre avec Abraham Moles (1920-1992).

ART ET ORDINATEUR, ABRAHAM A. MOLE, 1970

Abraham Moles, chercheur français, un des précurseurs des études en sciences de l’information envisage les conditions générales de la création artistique par le moyen de (attention nous sommes en 1970) la… cybernétique.

Communication et langages, n°7, 1970.

J’ai résumé un chapitre étonnant issu de la publication Communication et Langage écrit il y a plus de 50 ans où les notions d’apprentissage profond, d’intelligence artificielle générative ou encore les casques de réalité augmentée sont déjà envisagés.

Le vocabulaire peut parfois sembler désuet, c’est celui des années 70 que nous avons conservé avec tout son charme. Ainsi on aurait tendance à rapprocher l’esthéticien dont parle l’auteur à l’univers de la cosmétique des grands boulevards, mais il s’agit ici de la science et de la philosophie des Beaux-Arts étudiant de nombreux courants dont l’esthétique expérimentale, ou les formes d’art, etc.

CRÉATION ARTIFICIELLE ET CYBERNÉTIQUE. DE L’ANALOGIE À LA SIMULATION (RÉSUMÉ)

Le chapitre originel est disponible ici

Les machines peuvent simuler les processus créatifs humains, mais elles ne sont pas capables de créer des œuvres d’art significatives.

La création artistique est un processus complexe qui nécessite une compréhension profonde du monde et de la capacité de communiquer des émotions.

Les machines n’ont pas encore atteint ce niveau de sophistication. Cependant, elles peuvent être utilisées pour générer des œuvres d’art esthétiquement agréables, mais qui n’ont pas la même profondeur que les œuvres créées par les humains.

DES DEGRÉS ENTRE L’ATOME UNIQUE ET LA TOTALITÉ : L’ORDRE PROCHE ET L’ORDRE LOINTAIN

L’ordre proche et l’ordre lointain sont deux notions qui peuvent être mesurées par un degré d’ordre plus ou moins élevé.

L’ordre proche se réfère à la structure immédiate d’un texte ou d’une œuvre, tandis que l’ordre lointain se réfère à la structure globale ou à la cohérence du raisonnement. Ces deux notions sont traitées différemment dans l’œuvre artistique ou scientifique.

L’ordre proche et l’ordre lointain sont deux types d’organisation qui peuvent être trouvés dans les systèmes complexes.

Les machines sont capables de manipuler l’ordre proche avec une grande précision, mais elles ont du mal à manipuler l’ordre lointain. C’est pourquoi les machines sont capables de créer des œuvres d’art qui sont belles et esthétiquement agréables, mais qui n’ont pas la même profondeur ou signification que les œuvres d’art créées par les humains. (cf.1)

Exposition Manfred Mohr, Galerie Obere Zäune (AnneMarie Verna), Zürich 1969

Les machines peuvent être utilisées pour analyser et interpréter le monde naturel, à la fois du point de vue informationnel et esthétique (cf.2) Cela permet de mettre en évidence des relations d’ordre et des formes imperceptibles dans le temps humain.

Les machines peuvent également être utilisées pour créer de nouvelles œuvres d’art, en combinant des éléments existants de manière nouvelle et originale.

ANALYSE CYBERNÉTIQUE DES ATTITUDES ESTHÉTIQUES. UNE SCIENCE DE LA CRÉATION

Les machines peuvent être utilisées pour simuler le processus créatif en analysant des œuvres d’art existantes et en appliquant les règles qu’elles ont découvertes à de nouvelles œuvres (cf.3). Cette approche peut être utilisée pour créer de nouvelles œuvres d’art qui sont à la fois originales et conformes au style d’un artiste ou d’une école d’art en particulier (cf.4).


Première attitude: consiste à utiliser une « machine spectateur ou auditeur artificiel » pour explorer « les beautés du monde naturel » et procéder à une caractérisation statistique, les valoriser en fonction de critères d’originalité et les qualifier « d’œuvres d’art » puis les enregistrer.

La machine aide l’esthéticien dans son rôle de critique mécanique (cf.5)


Deuxième attitude: La machine effectue une analyse intégrale des phénomènes et des spectacles du monde extérieur à un niveau supérieur à celui que l’être humain peut atteindre.

Elle détecte des structures d’ordre à grande échelle entre des éléments d’images disparates, révélant ainsi des supersignes ou des formes.

Les limites de la conscience humaine empêchent souvent la perception de ces corrélations cachées, mais la mémoire de l’ordinateur les enregistre et peut les restituer comme source d’inspiration ou comme nouveaux spectacles à contempler. (cf.6)


Troisième attitude: L’analyse de la machine vise à reproduire les erreurs et tâtonnements des compositeurs pour en faire une critique et comprendre comment leurs œuvres transcendent les modèles mécaniques.

Cette approche, appelée « néo-cartésianisme de la machine imaginaire », permet à l’esthéticien de recréer de nouvelles œuvres (des simulacres) selon les règles définies du Beau. (cf.7)

Toutefois c’est la machine qui est responsable de la réalisation de ces remakes (à comparer avec les reroll de Midjourney).


Quatrième attitude: utiliser la machine comme un amplificateur de complexité pour développer et répéter un grand nombre de fois des idées de composition.

Les artistes reconnaissent que l’esprit humain seul est insuffisant pour réaliser pleinement leurs idées et font appel à l’ordinateur pour les aider.

Le peintre allemand Karl Otto Gœtz ou le compositeur grec Iannis Xenakis, tous deux membres du mouvement artistique Informel, proche de l’expressionnisme abstrait font appel à des équipes puis à des ordinateurs pour réaliser des œuvres qui dépassent les limites de l’action humaine pour, par exemple, appliquer la même règle un très (très) grand nombre de fois.

Karl Otto Götz, Untitled, 1953

L’artiste peut ensuite analyser et choisir parmi les résultats.

La musique de Xenakis est basée sur des systèmes mathématiques comme la théorie des probabilités.

Cinquième attitude: l’art permutationnel est une technique qui permet aux machines de créer un nombre infini d’œuvres d’art potentielles à partir d’un seul algorithme qu’elle filtre ensuite en fonction de certaines valeurs prédéfinies.

Ce champ des possibles est vaste et seul la machine peut l’explorer en exhaustivité.

L’esthéticien devient un artiste, responsable en même temps de la création de l’algorithme. Cette approche permet de produire une diversité personnelle au sein de l’uniformité d’un même algorithme (cf.8).

« The computer became a physical and intellectual extension in the process of creating my art. » — Manfred Mohr

Cela trouve une application pratique dans la société de consommation, où chaque client peut obtenir des produits uniques fabriqués par une machine artiste à partir du même programme (cf.9).


Conclusion: Avec Dall-E, Midjourney, Stable diffusion, les LLM et autres IA génératives nous appliquons ces attitudes étudiées depuis plus d’un demi-siècle en laboratoire.


  1. d’après mon expérience, c’est particulièrement vrai avec les IA génératrices de texte sur des analyse de texte de sujets pointus où les références sont parfois approximatives, le résultat est souvent une recomposition du texte existant résultant alors en des phrases alambiquées au sens douteux.
  2. les prémices du casque de réalité virtuelle ?
  3. c’est la Machine Learning avant l’heure
  4. dans Midjourney ne serait-ce pas ce que l’on prompte sous la forme « in the style of [artist/style] », ou dans ChatGPT « …écris à la manière de [nom d’auteur] » ?
  5. il s’agit à la fois de numérisation de notre quotidien, mais aussi dans le domaine artistique de curation.
  6. Un des premiers impacts de l’IA dans nos quotidiens est la puissance de calcul, la gestion de gros volumes de données (big datas). La recherche médicale est un des secteurs les plus avancé dans ce domaine.
  7. l’idée d’un consentement universel et d’une nouvelle forme de contrôle culturel?
  8. le profil de l’artiste se double de celui d’un codeur, à découvrir Manfred Mohr
  9. une des applications en back-office de l’IA dans un très proche futur, la personnalisation des produits couplée à la gestion de CRM.