LA GUERRE DES POLICES

Scène capturée à l’espace Niemeyer, lors de la quatrième édition de Manifesto, le festival arts et culture orchestré par Kaleidoscope et la plateforme de style Goat.

Deux manifestes

À gauche, une typographie volontairement inlisible, agressive dans sa négation de la lisibilité, coulée dans une esthétique Liquid Metal. Une composition qui ne cherche pas à informer mais à exister, qui sert plus à poser une attitude émotive, esthétique et culturelle.
Une position visuelle radicale, empruntée aux sphères de l’hyperpop, de l’anti-design ou d’un death metal digitalisé. On pense au Balenciaga by Demna, mais aussi au dieu vivant du design graphique David Carson.

À droite, à l’antipode, un caractère issu de l’ère moderniste repassé par un filtre streetwear, une typo linéale et fonctionnelle, avec pour mission d’informer, de communiquer rapidement et d’assurer l’autorité par la lisibilité.

La lisibilité contre le chaos

Une confrontation typographique qui évoque aussi celle des postures. Le choix esthétique des caractères devient une syntaxe et une stratégie sociale

Une typographie n’est jamais neutre. Elle est code, elle est clan.

Liam Gallagher, Goldie et Burberry : quand la musique inspire la mode de luxe

Ce jour-là, à Shoreditch, c’est la nouvelle campagne Burberry qui attire mon attention.
L’univers des festivals de musique, choisi par Daniel Lee et incarné, entre autres, par deux figures majeures de la culture britannique populaire : Liam Gallagher et Goldie est une manière de positionner Burberry dans un entre-deux maîtrisé, entre prestige patrimonial (la présence du logo Equestrian Knight datant de 1901 tel un tampon crée un contraste intéressant) et résonance pop contemporaine.
On est dans le « cool Britannia »

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Une stratégie difficilement transposable ?

Ce modèle est-il adaptable à d’autres territoires culturels ?
En France, nous n’avons pas la même culture musicale que les britanniques et on peine à identifier aujourd’hui, des équivalents suffisamment « compatibles ».
La campagne hexagonale fait ainsi appel à des « anonymes ».

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Penser local

Durant les années soixante pourtant c’était la pop française qui était « cool » auprès de nos amis d’Outre Manche, notamment à travers Françoise Hardy.
Et si l’on devait traduire aujourd’hui ce choix éditorial pour un public français, qui convoquerait-on ?

Aya Nakamura, Eddy de Pretto, Zaho de Sagazan ou Clara Ysé ? Jeanne Added ? Joey Starr ? Voire Christine and the Queens (Rahim C Redcar).

Lewis Hamilton, Dior, Apple : les nouvelles constellations narratives du luxe

Entendu sur les ondes que Lewis Hamilton, septuple champion du monde de Formule 1, est crédité à la production de F1: The Movie.
Je me suis alors souvenu qu’il est ambassadeur pour Christian Dior — mieux encore, qu’il a imaginé une collection capsule.
Puis je me suis rappelé aussi qu’Apple, via son label Apple Originals, détient l’exclusivité de la diffusion du film en streaming.

Je me suis alors amusé à dessiner une cartographie instinctive que j’ai ensuite mis en images afin de visualiser ce petit écosystème de luxe où se côtoient, sport mécanique, cinéma, mode et technologie.

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Björk et Cornucopia : manifeste pour une utopie hypermoderne et écologique

Le spectacle Cornucopia (corne d’abondance) de l’artiste Björk fait partie de ces œuvres pivot qui marquent la transition des représentations postmodernistes vers l’esthétique de l’époque hypermoderne.

Björk propose une utopie où la technologie et la nature s’hybrident non pas pour une optimisation personnelle et à terme anxiogène, mais dans une quête de prise de conscience collective face à l’urgence écologique.

Cornucopia devient alors un manifeste pour un avenir possible, à la fois technologiquement avancé et organiquement régénéré.

J’ai eu l’opportunité d’assister au seul passage en France du spectacle Cornucopia, en tournée mondiale depuis 2019.

Cornucopia, l’opéra biomimétique.

Messe du temps futur, Cornucopia c’est faire l’expérience d’un art total.

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MAGAZINES JUNE 2025

500, 750… le nombre de pages de certaines revues ce mois ci s’est envolé.
Une démesure, comme manifeste? Pour mieux résister à l’assaut du digital? Ou pour impressionner et séduire?

Le défilé de mode comme refuge

Le défilé de mode, une manifestation de résilience et d’identité

L’un des récits marquants de la conférence «Threads of Displacement: Cambodian and Syrian Refugee Textiles» à l’American University of Paris à été celui du projet «Love Coats», présenté par la designer et artiste Helen Storey.

Réalisé au sein du camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie, ce projet a abouti à un événement particulièrement symbolique : un défilé de mode conçu et porté par de jeunes filles syriennes.

Helen Storey, American University of Paris, 4 juin 2025

À première vue, organiser un tel événement dans un contexte où les besoins vitaux — nourriture, abri, sécurité — semblent prédominer pourrait paraître incongru, voire superflu. Pourtant, cette initiative révèle plusieurs dimensions essentielles et profondes du vécu des réfugiés, du rapport avec le monde extérieur et du vêtement comme médiateur.

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Une IA à soi – Partie III

L’installation d’une IA chez soi (via Stable Diffusion A1111), est un levier pour explorer et approfondir librement des domaines que l’on connait ou que l’on souhaite découvrir.

Pour ma part, il s’agit du vêtement, son histoire, son rôle social et la mode bien entendu…

Acte I: L’exposition
Après la partie technique (cf. épisodes précédents) je suis passé à la pratique avec deux maisons « oubliées » aux univers très différents: les Sœurs Callot (1895 -1953) et Margaine-Lacroix (1889–1929).

Alors que l’histoire n’a retenu que Paul Poiret, c’est Margaine-Lacroix qui supprime le corset discrètement grâce à une astuce de couture, elle crée ainsi la robe « Sylphide ». Une robe qui épouse les formes naturelles. À l’époque, c’est un scandale — et un tournant. Considérez-la comme la première robe « body conscious » !

Ces maisons sont peu documentées : il faut recouper entre photos d’archives, réclames anciennes, articles de presse, clichés de studio photos…

C’est là un des points où les IA génératives peuvent réellement aider pour archiver et structurer.

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UNE IA À SOI – PARTIE II

e-Drama en 5 actes

Acte I – T’as la réf?
Une fois l’IA installée localement, une nouvelle phase a débuté : celle du Large Vision Model (LVM). Pour qu’une IA appréhende une époque, un style, une manière de regarder, il faut lui construire un référentiel.
Le mien est clair : travailler sur des maisons de couture « oubliées » mais qui ont pourtant marqué leur temps –de la fin du XIXe siècle au premier tiers du XXe–

Acte II – Self Obsessed
J’ai commencé par une obsession : la maison des Sœurs Callot (1895–1953).
Quatre soeurs, « les quatre filles du docteur March » de la Couture dans un atelier où règne élégance précieuse et inventive.
Elles ont précédé Chanel, formées Madeleine Vionnet et l’une d’elles (Marthe Bertrand) est l’arrière-arrière-grand-mère d’Isabelle Huppert…

Soeurs Callot-robe du soir-1915 – Image Wikipédia

Pendant plusieurs jours, j’ai donc constitué un corpus d’images qui deviendra le référentiel. Plongée dans mes livres d’histoires de la mode et magazines d’époque… Consultation d’archives numériques, de bases spécialisées, des sites de musées, de studios photos…

Acte III – Dataset go !
Chaque image doit être scrupuleusement décrite, datée, numérotée. Cadrage, angle, texture, style doivent être vérifiés voire corrigés.
Pour terminer chaque image doit être attachée à un fichier-étiquette que l’on doit créer.

Avec ces caractéristiques l’IA « comprend » ce qu’elle doit retenir.

Et parce que le choix des images oriente. C’est ici que se glisse un biais assumé : Si je ne retient que certains volumes, certains détails, ce sera un dataset des Sœurs Callot, vu à travers mon regard. Dans ma démarche je me dois de rester exhaustif.

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