Moda Povera : Olivier Saillard transforme la mémoire en haute couture

En ces temps où mode rime avec réussite marketing, la performance d’Olivier Saillard dans le cadre de ses Moda Povera fait preuve d’une audace et d’une hardiesse rare qui frise une forme d’insolence heureuse, à rebours des conventions.

Le pas de deux qu’il exécute avec la gracieuse Axelle Doué met en scène la garde-robe de sa défunte mère revisitée et réinterprétée à la façon de la Haute Couture.

On se laisse bercer par les annonces de chaque modèle, comme jadis. On contemple la magnification d’un pantalon un peu fatigué, ressurgi du fond d’une armoire et devenu jupe. Un manteau retrouvé plié au fond d’une malle, devenu blouson bouilloné que ne renierait pas l’architecte de la mode. On aime ces tee-shirts, qui, assemblés, n’en forment plus qu’un — dans un style streetwear de luxe.

On est loin des effets de manche. Chaque pièce est comme recysuscitée (recyclée-ressuscitée) et empreinte d’une délicatesse et d’une intelligence auxquelles nous sommes de moins en moins habitués.

La démarche est mémorielle, une atmosphère modianesque enveloppe la salle.

Au Grand Palais ce jour-là, la finalité n’est pas celle d’un défilé, il n’y a rien à promouvoir, rien à vendre. Il s’agit d’un hommage.

L’AIR DU TEMPS, UNDERGROUND ET POP: DE GALLIANO À WILLIAMS

En voyant ces deux photos issues du dernier show artisanal de Maison Martin Margiela, à la sortie du défilé de Louis Vuitton j’ai été frappé par la propension à littéralement fixer l’époque, bien qu’aux antipodes l’un de l’autre, de deux designers de ces maisons.

les contours de notre époque chimérique en deux photos: subversion, provocation et dystopie puis subversion, détournement des codes et pop culture flamboyante.
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Le luxe est politique

En cette année d’élections sur une grande partie de la planète, prêtons-nous au jeu du petit théâtre politique du luxe.
Évaluer, et organiser les marques, tant françaises qu’internationales, selon leurs actions et avec une touche de subjectivité donne ceci.

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Business et Pop Culture, le couple parfait

Dans l’arène du luxe, les marques ont progressivement mué, adoptant les traits de véritables entreprises de divertissement. Délaissant les tactiques publicitaires orthodoxes pour des stratégies plus immersives, elles puisent désormais dans le registre journalistique et muséal, usant de termes tels que « ligne éditoriale » et « curation » pour créer des scénarii captivants.

L’objectif étant de plonger le consommateur dans un univers cohérent et qu’un lien émotionnel se crée entre la marque et lui…

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LUXE ABSTRAIT ET SUSPECT

Entendu:
(…) « Dans un régime totalitaire, l’art est un outil de propagande et le rapport au réel devient un enjeu politique » (…) « A travers les représentations artistiques, le « bon peuple » doit impérativement « reconnaître » ce qu’il croit connaître. » (…) Par conséquent, l’art abstrait et toute forme d’abstraction devient suspecte. »(…)

Luxe suspect
Depuis la nuit des temps, le luxe stimule l’imaginaire des peuples. Outrageusement marketé, le luxe semble se réduire et se fondre avec des produits à quelques centaines d’euros alignés sur les étals des magasins de l’avenue Montaigne, de la Ve avenue ou de Nanjing Road à Shanghai.
Rattaché a une marque, donc visible, repérable, le luxe n’invente, ne stimule plus et n’est plus synonyme d’avant-garde.

Toute tentative de nivellement est dangereuse. Une scission est indispensable, elle seule garantie la sur-vie du système. Par sa démesure, le luxe doit conserver son obscurité (plus de 400000 euros pour faire le tour de Terre dans une des navettes d’Elon Musk ou Ricard Branson).

Enjeu économique, le Luxe est synonyme d’inaccessibilité; pour le commun, il se doit (donc) d’être despotique, abstrait

I LOVE MAGAZINE: PARIS LE MAGAZINE

Sans prétention, sans commentaires, je puise au hasard de mes archives, magazines et publications. Quelques double-pages ayant la prétention de pouvoir servir de base à des études graphiques et pédagogiques ou simplement de contribuer au plaisir du partage.

Déjeuner avec le Comité Colbert

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Guillaume de Seynes, président du Comité Colbert et directeur général de la Maison Hermès prend la parole.

Precious Moments | Erwin Olaf x Ruinart

120 years after their first collaboration with Alphonse Mucha, Maison Ruinart, the oldest House of Champagne choose Erwin Olaf to explore new fields of communication.
26 photos of the dutch photographer with, he said, reference to nature, human and the art world. It’s not only the legacy of Ruinart that he discover when wandering in the chalk pit, but also the legacy of the old photographers and artists. Instead of a « fashion oriented » shooting Erwin Olaf decided to shoot these « accidents by nature » in black and white with his Hasselblad and Baryta paper.
You can see Brassaï, the dots of Damien Hirst or the paintings of Mark Rothko along the way.
« Nature create fascinating things and for me the multiples references to the art of painting, the abstraction, is the next level of my work », said the artist.

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EVIDENCE

Voilà Bouchra Jarrar discrète et talentueuse créatrice de sa marque éponyme élue à la tête de la Maison Lanvin. Evidence.
Dans le brouhaha et la cacophonie qui enveloppe le domaine de la mode ces derniers mois. Alber Elbaz avait modernisé et fait de la petite Maison Lanvin un véritable joyau, créatif, audacieux et respectueux de la femme. Le profil de Bouchra Jarrar laisse entrevoir un futur sans doute moins baroque, son style tendant plus vers l’épure, mais tout aussi riche et moderne. Silence.

Mais le style suffira-t-il (c’est tout le mal qu’on lui souhaite) car tous les articles font part d’un chiffre d’affaire qui à fortement chuté ces dernières années.

Bouchra Jarrar pour gagner son « indépendance » vitale de style devra avoir paradoxalement, les yeux rivés sur tous les compteurs. Shiva 2.0.

Etre un designer supra-connecté, manageurial et opportuniste?

Lanvin fait acte de résistance en choisissant une designer (elles sont rares les femmes à ce poste) qui semble à l’opposé des Formichetti et autres Rousteing…

Le rendez-vous est fixé à septembre pour apprécier le précieux nectar que la créatrice ne manquera pas de distiller au sein de la plus anicenne maison de couture.

Photo © Le Modalogue, Bouchra Jarrar 2010

 

 

Comité Colbert, hiver 2016

Le 17 février le Comité Colbert réunissait 8 artisans dans les salons du Ministre de la Culture et de la Communication. Audrey Azoulay, ministre récemment nommée leur remettait les insignes de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.

En ces temps troublés par un monde du luxe en pleine dichotomie, le Comité garant du savoir-faire et du luxe français à travers le monde est-il un Don Quichotte? Qu’en pensent Madame Elisabeth Ponsolle des Portes, déléguée générale ou le président M. Michel Bernardaud?

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De gauche à droite: Monique Bailly, Première d’atelier tailleur Haute-Couture (Christian Dior Couture), Nicolas Cloiseau, Chef chocolatier (La Maison du Chocolat), Philippe Nicolas, Glypticien (Cartier), Patrick Defacq, Graveur, ciseleur (Ercuis), Michel Bernardaud (Président du Comité Colbert), Audrey Azoulay (Ministre de la Culture et de la Communication),  Hervé Deschamps, Chef de caves (Champagne Perrier-Jouët), Clément Leroy, Chef tournant (Le Restaurant Guy Savoy Paris), Peintre et imprimeur sur porcelaine (Bernardaud), Patrice Rock, Maître bottier (Berluti).

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Monique Bailly, Première d’atelier tailleur Haute-Couture (Christian Dior Couture) et M. Sydney Toledano

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Clément Leroy, Chef tournant (Le Restaurant Guy Savoy Paris) et Guy Savoy

 

© Photos Julie Rosier