Le livre, objet de luxe

D’un côté il y a ceux qui affirment que le livre et l’écrit se portent bien (voir les succès de la série Harry Potter, Musso ou Levy par exemple), de l’autre côté, que le déclin observé des ventes ces dernières années est inéluctable et dû à la concurrence accrue du numérique.

Les publications axées mode, art et design, au regard de certains étals parisiens, semblent aller bon train, notamment au niveau des magazines. Dans cette catégorie de publication, les maquettes changent au rythme des saisons, les anciens titres ressuscitent, de nouveaux font leur apparition, des publications indépendantes éclosent… Le tout avec plus ou moins de réussite ou d’acuité, le pire étant peut-être les ouvrages qui veulent imiter l’ergonomie du web, mais c’est une autre histoire…

Bien que submergés par nos images prises au smartphone ou glanées sur Pinterest, le livre mute, devient interactif ou s’hybride chez les éditions volumique, l’écrit subsiste vaille que vaille.

Les magazines qui accordent un place certaine à l’écriture (on peut citer Monocle ou l’excellent The Eyes) se font rares. Le summum ayant été atteint récemment, me disait la délicate designer Louise Brody, par l’édition d’un livre d’art ne contenant ni pagination, ni légende pour les seules photos qui le composaient, seules quelques notes en début et fin d’ouvrage…

Quand les écrits du web semblent se cantonner à l’information, éditer un livre ou une parution accordant une place à de l’écriture de qualité, un contenu littéraire (écrit doté d’une dimension esthétique) reste un acte précieux. Les maisons de luxe semblent avoir saisi cela depuis bien longtemps, si l’on en croit les exemples ci-dessous.

Chanel

Les frères Wertheimer propriétaires des maisons Chanel et Erès sont actionnaires du groupe La Martinière-Le Seuil depuis 1997, permettant ainsi à cette dernière de s’étendre par acquisitions successives.

Kering

La holding Artémis, qui contrôle Kering à racheté la vieille maison d’édition Tallandier en 1999, spécialisée dans les ouvrages historiques.

LVMH

Avec le livre La Malle (éditions Gallimard), Louis Vuitton avait invité, l’an dernier, plusieurs écrivains dont Marie Darrieussecq, et Nicolas d’Estienne d’Orves à écrire une nouvelle sur le bagage fondateur de la maison de luxe. Quelques temps auparavant le groupe LVMH était entré au capital de la maison d’édition créée par Gaston Gallimard à hauteur de 9,5%, afin de l’aider, entre autres, à supporter le coût du rachat de Flammarion.

Ci-dessous le recueil de nouvelles La Malle édité chez Gallimard

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Agnès b

A contribué au sauvetage financier de la revue La Quinzaine Littéraire, magazine dont les contributeurs sont principalement des universitaires, des écrivains et qui fut dirigé par Nathalie Sarraute pendant plus de quarante ans.

M. Pierre Bergé exposait il y a quelques mois sa collection de livres anciens à la Bibliothèque Nationale de France.

À l’étranger aussi et pas si loin de nos frontières, le groupe italien Prada s’est associé l’an dernier au célèbre éditeur italien Feltrinelli Editore pour la création d’un concours d’écriture.

Littérature, Couture et luxe, des domaines qui se marient à ravir, semble-t-il. Outre ce qui peut ressembler à une forme de mécénat, quelles stratégies ont les groupes sus-cités pour la littérature à l’heure du numérique? Peut-on imaginer des croisements entre ces univers, sans que l’un ne soit qu’un « produit dérivé » de l’autre? Voilà qui fleure bon l’exception culturelle.

Haute Horlogerie | La conquête du temps

Rendez-vous fut pris avec la Fondation de la Haute Horlogerie à l’Hotel d’Evreux sis place Vendôme pour la présentation de l’ouvrage « La Conquête du Temps, l’Histoire de l’horlogerie de l’origine à nos jours: découvertes-inventions-progrès ».

Lors de cette rencontre, étaient présents Fabienne Lupo, Présidente Directrice Générale de la Fondation de la Haute Horlogerie (FHH), Franco Cologni, Président du Conseil culturel Fondation de la Haute Horlogerie ainsi que Dominique Fléchon, l’auteur,  qui à répondu à quelques questions sur l’origine des montres, la notion du temps ou ses choix rédactionnels en voici quelques extraits.


Dominique Fléchon, historien expert en horlogerie et auteur de l’ouvrage

La difficulté de ce livre est devant un sujet aussi vaste, quand commence t-on et quand fini t-on?

J’ai voulu commencer avec le Big Bang, mais cela risquait de poser un problème avec une montre célèbre qui s’appelle la Big Bang!

A quand remonte la première montre?

La trace la plus ancienne est la montre-bracelet d’Elisabeth Ire datée du XVIe siecle. La montre de poche se retrouve un peu avant 1475. Avant cela on trouve l’horloge à poids et la pendule a ressort. Entre les deux il a fallu faire d’énormes progrès pour faire des ressorts entraînant un rouage!

Remontons dans le temps et nous trouvons des appareils de mesure du temps non mécaniques. En Egypte, les cadrans solaires (1500 avant JC), en Mésopotamie l’horloge à eau (2500 avant JC).

Avant cela il faut revenir au passage de la Préhistoire à l’Histoire, aux alentours de 4000 avant JC. A cette époque on débute l’observation des astres, l’horlogerie étant la fille de l’astronomie, on invente l’écriture, car observation induit nécessité d’une trace écrite. C’est à cette époque que débute la mesure du temps, c’est mon point de départ, bien qu’il existait antérieurement à cela des systèmes de mesure du temps (notamment pour situer les équinoxes et les solstices d’hiver) comme les menhirs ou les champs de pierre alignées.

Nous nous sommes arrêtés en 2010, quand la plupart des publications s’arrêtent à 1823, date à laquelle est mort Breguet, une époque où la montre-bracelet n’était encore qu’un bijou.


Fabienne Lupo, Présidente Directrice Générale de la Fondation de la Haute Horlogerie


Franco Cologni, Président du Conseil culturel Fondation de la Haute Horlogerie


Dominique Fléchon, historien expert en horlogerie, l’ambassadeur de Suisse et son épouse

L’échelle du temps change avec l’arrivée de l’Homo Sapiens, qu’est-ce que cela induit?

L’alternance des saisons est très importante pour l’Homo Sapiens, plus que le passage du jour et de la nuit.

C’est à ce moment que l’on constate une importante évolution du développement l’homme et de sa culture, il se met à vivre dans des agglomérations et se crée une notion de calendrier, une règle, une échelle se basant sur le passé et le présent afin de prévoir et de préparer l’avenir (les travaux agricoles, l’élevage, les fêtes religieuses…).


Astrolabe a roues dentées, Mohammed ibn Abu-Bekr, Ispahan, 1221-1222


Horloge à coucou, (une des plus ancienne connue qui soit signée par son constructeur) Johannes Wildi, Eisenbach, v. 1780


Pendule française en porcelaine dure, manufacture de Nast, v. 1795


Montre mystérieuse décor Chimère, Cartier, 2007


Montre-bracelet Pont des amoureux, Van Cleef & Arpels, 2010

Pourquoi les appareils de mesure de temps ont longtemps été des symboles de puissance (intellectuelle, politique, économique)?

Dans les premières horloges deux phénomènes scientifiques sont intimement mêlées: l’astronomie (la base de l’horlogerie) et l’astrologie (comme on l’entend aujourd’hui). Les premières horloges donnent ces deux types d’informations.

Il fallait donc une culture à la fois scientifique et mécanique mais aussi être extrêmement riche pour acheter une horloge qui allait être le fleuron d’une ville, d’un palais ou d’un château.

L’invention de la précision (entre XVI et XVIII).

Notons tout d’abord, que le mot précision est une terminologie contemporaine, mais il y a eu deux inventions importantes: l’horloge à pendule et le balancier-spiral.

Christiaan Huygens, physicien et astronome hollandais adapte en 1657, en complément des travaux de Galilée, le pendule sur l’horloge, il crée l’horloge à pendule. Avec cette adaptation d’un instrument de physique pure, la précision de l’horloge est passé de de 45 mn a 4-5 mn par jour, sur les horloges les plus élaborées.

A l’époque les horloges était fabriquées par les forgerons et les serruriers, la précision n’était pas maîtrisée en terme de savoir-faire.

En 1675, Huygens adapte le balancier-spiral sur la montre et fait passer la précision de 20 mn a 4-5 mn. Cette invention majeure est toujours présente sur nos montres mécaniques.


Invitation au cocktail


Chloé Jay, Directrice Marketing et Communication (Europe, Moyen-Orient et Asie) chez Van Cleef & Arpels et Yannick Emery, Responsable Projets Website à la Fondation Haute Horlogerie