Mercato d’hiver

Lu la semaine dernière dans la presse (Le Figaro), un état des lieux des directions artistiques des différentes maisons de couture. Force est de constater que cela a énormément bougé, que ce soit pour la mode homme ou la mode femme.

La tendance est d’intégrer sur la plus haute marche de la création non pas une diva, mais un créateur au profil « studio de création ». Chloé et Gucci avaient lancé la tendance, précise l’article ; en effet Phoebe Philo a remplacé Stella Mc Cartney et Frida Giannini a succédé à Tom Ford ; le mouvement s’est accéléré et d’autres maisons ont suivi (Calvin Klein…).

En plus de cette tendance de fond, une série de « transferts » se sont opérés depuis le début de l’automne, chamboulant la carte des DA des maisons de couture parisiennes ; ainsi on retrouve Paulo Melim Andersson chez Chloé (exit Phoebe !), le talentueux Olivier Theyskens chez Nina Ricci, Dai Fujiwara chez Issey Miyake, Giles Deacon chez Daks, Nicolas Andreas Taralis chez Cerruti, Sophia Kokosalaki chez Vionnet, Damian Yee chez Guy Laroche ou encore Peter Dundas chez Ungaro.

Plus dure est la situation de la mode masculine : plusieurs maisons ont en effet pris le virage du relifting, mais sans le succès connu par Dior Homme, hélas… Au vu du travail réalisé par Oswald Boateng chez Givenchy, ou encore Jason Basmajian pour ST Dupont, cela me semblait prendre bonne tournure, les lignes se modernisant, attirant de facto une nouvelle clientèle. Mais les résultats financiers n’étant pas bons, ou en tout cas pas assez rapidement bons, Franck Boclet a ainsi quitté Smalto, Oswald Boateng est sur le départ, Jason Basmajian a été remercié et Pierre-Henri Mattout est également sur le départ chez Dormeuil…

Les maisons de couture masculine ou féminine n’ont aujourd’hui plus le temps, ni l’argent, les résultats financiers doivent se voir quasi-immédiatement ; les créateurs ont donc pour mission de « générer du cash » le plus rapidement possible, sous peine de se voir remercier rapidement, et ce, quel que soit leur talent.

Dans un autre registre, mais concernant toujours les changements de créateurs, Irène Leroux a quitté Erès (groupe Chanel), LA marque de maillots de bain et de lingerie qu’elle avait créée en 1968. Elle sera remplacée par la styliste Valérie Delafosse. Il sera intéressant de suivre les nouvelles (?) orientations de style que cette dernière va y apporter.

Au milieu de ce constat, seule la maison LVMH et ses énormes moyens financiers peut se donner le temps de « recadrer » un John Galliano – avec le succès que l’on sait – et de redéfinir la mode masculine avec Hedi Slimane. Karl Lagerfeld et ses 24 ans chez Chanel fait figure de héros… génial héros, qui a su relancer, moderniser, recréer et propulser la maison de la famille Wertheimer. Quel créateur intégrant une maison peut « espérer durer » autant que lui aujourd’hui ?

Surface to air (S2A)

Basé à Paris, S2A est un studio pluridisciplinaire, talentueux, très bientôt incontournable. Il est constitué de Jérémie Rozan, Santiago Marotto (photographe), Aldric Speer et Nicolas Jones (férus de mode), tous les quatre ont des parcours artistiques et atypiques.

S2A est une structure qui œuvre donc dans plusieurs domaines, design, presse (la revue Magazine), organismes (Andam), direction artistique (Tsumori Tchisato, Rei Kawakubo, le Parc de la Villette), metteur en scène de défilés (Isabel Marant) et même créateur d’une marque de vêtements depuis peu (avec Nicolas Andreas Taralis, ancien assistant d’Hedi Slimane).
Aldric Speer et Nicolas Jones sont également à l’initiative du salon Rendez-Vous, qui est rapidement devenu le salon qui réuni les designers de mode les plus pointus du moment (issus de l’Andam, du festival d’Hyères, qui défilent à Paris, NYC ou Londres).
Transdisciplinaires, S2A fait preuve d’une maîtrise (obligée) au niveau de son fonctionnement interne (dès le début, la réalité financière fait corps avec le projet S2A) ainsi que dans ces domaines adjacents que sont aujourd’hui la mode, le graphisme, la photo, la mise en scène.

surface2air
campagne publicitaire pour Tsumori Tchisato, 2004, (c) Mika Ninagaway & John Hullum


campagne publicitaire magique et féerique pour Tsumori Tchisato, 2005, (c) Richard Burbridge & John Hullum


collaboration avec l’artiste Sandrine Pelletier pour une installation présente dans les boutiques de Tsumori Tchisato


illustration issue d’une série de portraits, shootés puis « mis en illustration » par Jérémie Rozan


couverture du catalogue de l’Andam 2005 et pages intérieures

Le site de Surface 2 Air
Une partie des photos est issue du magazine étapes n°130

Hedi s’expose

 

Dans le même ordre d’idées, qui est un des thèmes de ce blog, vous trouverez ci-dessous un article que j’ai lu sur Cyberpresse où Hedi Slimane prouve encore une fois son talent à explorer différents univers et supports créatifs.

Le styliste Hedi Slimane s’expose à Zurich

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Le styliste Hedi Slimane, directeur artistique des collections homme Christian Dior et artiste plasticien à ses heures, expose ses oeuvres à Zurich jusqu’à  fin novembre à la galerie Gmurzynska.
«Nous présentons une douzaine d’oeuvres», a déclaré le directeur de la galerie Roman Plutschow, en montrant de grands tableaux noirs, dont certains ont déjà  trouvé preneur.
Passionné de rock, Hedi Slimane construit ses pièces à partir de photos de Pete Doherty ou de Courtney Love.
L’exposition s’intitule «portrait of a performer» et fait suite à celle organisée en janvier dernier par la galerie Almine Rech à Paris.

Pour Hedi Slimane, il s’agit de la 4e exposition en solo dans une galerie d’art.

Lire aussi, cet article du journal Le Temps

Les photos ici

© Photo Hedi Slimane

 

 

 

 

Hedi Slimane

 

Transfuge d’Yves St Laurent, aujourd’hui directeur artistique homme chez Christian Dior.
Hedi Slimane est aussi un passionné d’art contemporain, de musique rock et de photographie. On ne compte plus aujourd’hui ses participations hors du domaine de la mode strictement dite, mais qui somme toute n’en sont pas si éloignées.

un article du journal Le Monde

site de Christian Dior