Marcel Breuer, Marta Erps-Breuer, Katt Both et Ruth Hollos-Consemüller, photo Erich Consemüller
En sortant de l’exposition Marcel Breuer Architecture et Design à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, on peut apercevoir la photo ci-dessus « Marcel Breuer and his ‘harem' ».
Prise en 1927 par Erich Consemüller, elle aurait très bien pû être shootée soixante ans plus tard (soit deux générations) et représenter un groupe de musique new wave comme The Cocteau Twins ou The Cure. Cette photo, que j’ai immédiatement adoré, en dit long sur l’état d’esprit qui régnait à Dessau, siège du Bauhaus, indépendance, égalité des sexes et émancipation…
J’ai filé ensuite au Centre Pompidou voir l’exposition sur Eileen Gray, autre grande figure du design du début du XXe siècle. Il se trouve que les deux expositions s’articulent parfaitement l’une et l’autre, on y retrouve la même contemporanéité.
Composition tubulaire en noir et blanc – Mobilier d’Eileen Gray (‘fauteuil non-conformiste’ et ‘table ajustable’, 1927)
Comme Breuer, qui sera connu autant pour ses réalisations architecturales que pour le design de mobilier, Eileen Gray fût une artiste transversale et multi-disciplinaire, connue autant pour son mobilier que pour son magnifique travail de la laque. Une carrière artistique intense qui ne l’a pas empêché d’aborder l’architecture, la photographie et la peinture, de fréquenter Elsa Schiaparelli ou Le Corbusier. Tous Modernes…
LA PREMIÈRE CARRIÈRE DE MARCEL BREUER DISCIPLE DU BAUHAUS NÉ EN HONGRIE EST DÉDIÉE AU MOBILIER. IL A RESPECTIVEMENT TRAVAILLÉ LE CONTREPLAQUÉ, LES TUBES D’ACIER, ET LE BOIS MASSIF.
LE CONTREPLAQUÉ
CETTE SÉRIE DE MEUBLES POUR LA MANUFACTURE BRITANNIQUE ISOKON TÉMOIGNE DU CARACTÈRE EXPÉRIMENTAL DU TRAVAIL DE BREUER ET À JOUÉ UN RÔLE MAJEUR DANS L’HISTOIRE DU MODERNISME BRITANNIQUE.
Quelques notes prises hier soir lors de la conférence tenue par Anne Bony à l’Institut Français de la Mode sur le thème Art et design
Anne Bony, chargée du cours de design contemporain à l’IFM et spécialiste de l’historie du design.
Stratégies de post-historicisme dans le design
Alessandro Mendini
– référence au divisionnisme et au baroque dans la création ci-dessous
Fauteuil Proust, 1978
Garouste et Bonetti
– Retour du mobilier en fer battu, désir de revenir à l’époque des cavernes, à la pré-histoire. – Mouvement « barbare », leurs créations sont d’ailleurs vendues à la galerie de leur éditeur « En attendant les barbares ». – Décor du Palace, le nom du duo de designers est alors sur toutes les lèvres, collaborations avec Christian Lacroix…
– Voir aussi
Mobilier créé pour la maison de couture Christian Lacroix, 1987
Philippe Starck
– Avec Richard III, il réinvente le fauteuil club – Voir aussi les fauteuils « Les Maitres » ou Louis Ghost, édités chez Kartell
Patrick Jouin
– mixe tradition et modernité, au siège parisien de Van Cleef & Arpels il fait intervenir les métiers d’art du lambrissage et les staffeurs ornemanistes.
Histoire du kitsch, art du mauvais goût
Emile Gallé
– marqueterie extraordinaire
Francois-Ruper Carabin
– la figure humaine dans l’ameublement, « la sculpture fonctionnelle » (cf. Musée d’Orsay)
Penser aussi aux sites historiques où sont exposées des œuvres d’avant-garde, rememberJeff Koons à Versailles par exemple.
Une école du kitsch aux Pays-Bas
Une nouvelle génération de designers après Droog design et Lidewij Edelkoort, dont:
Un « art total » ou un autre aspect de la fusion entre art et design
Le design, comme un effet miroir de l’art
Le futurisme
– fondé sur le désir de poésie ouverte (c’est-à-dire non codifée) fusionnera ensuite avec différentes formes d’art (mobilier, vêtement, peinture, musique, photographie…), l’objet devient alors support d’expression.
Le cubisme
– n’a de repercussions sur le mobilier qu’en République tchèque avec notamment Pavel Janak.
– Voir aussi
Pavel Janak, chaise cubiste, 1912
Les Omega Workshops
– Mouvement créé en 1913 par Duncan Grant et Vanessa Bell, fondé sur la littérature, la fusion entre art et ameublement et le refus de production en série.
De Stijl (Le style)
– revue néerlandaise fondée sous l’impulsion de Piet Mondrian, elle avait pour but de réunir architectes et artistes, prôner un art simple fondé sur l’orthogonalité et la couleur simple. – Voir aussi
Gerrit Rietveld, maison à Utrecht, meubles et architecture se croisent de maniere orthogonale, 1924
Le Bauhaus
– est le résultat de la fusion en 1919, de deux écoles et concerne l’architecture, le design, la photographie, le costume. – le travail de Marcel Breuer sur ces sièges est, pour lui, un travail sculptural. Contrairement à d’autres mouvements (les Omega Workshop par exemple) il y a dans ce mouvement un désir d’édition en série. Dans cette optique, Marcel Breuer utilise des tubes industriels, matériau peu cher.
Marcel Breuer, fauteuil club pliant (développement ultérieur du fameux premier modèle), 1927
Lena Meyer-Bergner, projet pour une couverture de chaise longue, 1928
Le Purisme
– Fondé, entre autre, par Le Corbusier – Fondé sur l’art, puis autour de la revue l’Esprit Nouveau, il fallait repartir de l’objet et de la réalité. Donner un aspect dépouillé et épuré.
– De ce premier mouvement naîtra le Mouvement Moderne.
L’école Vkhutemas
– Ce mouvement soviétique réunissant les écoles d’architecture, de peinture et de sculpture, fut un centre important pour le constructivisme. – Vladimir Tatline et la valeur utilitaire de l’art
– L’avant garde fait cause commune avec la révolution.
Vladimir Tatline, contre relief d’angle, 1915
Union de l’art et de l’industrie (impression 3D)
– Grace à l’impression 3D, création d’éléments uniques avec des technologies super-innovantes (paradoxe de ces objets?)
– Prototypage rapide: idée d’artisanat contemporain (alliant gestes, dessin et réalisation), ci-dessous Front design, Tokyo (2007) crée des pièces uniques réalisées par la main des artistes dont le mouvement est capté par des caméras et qui sont protoypés immédiatement au sein même du musée. Fascinant !
Art et objet associés
Les artistes s’intéressent à l’objet
Méret Oppenheim
– Par la dimension artistique allouée par Oppenheim, la tasse couverte de fourrure en perd sa dimension fonctionnelle.
Yonel Lebovici, Lampe « Fiche male » (H: 36 cm, L: 71 cm), 1978
Le design comme l’art, en exposition
– Consulter les catalogues des expositions passées sur le sujet: Design en stock, Palais de la Porte dorée (tentatives de hiérarchisation de l’objet, lien), Mobi Boom, Musée des Arts Décoratifs (lien), Patrick Jouin (Centre Georges Pompidou), Matali Crasset, Living wood, galerie Thaddaeus Ropac (lien), Design contre design, Grand Palais (lien)