Le Modalogue, weekly #11

Après les moments forts de l’an dernier (Tavi Gevinson, les fronts-row, les 700 000 fans de Louis Vuitton et j’en passe), sur quel terrain aura lieu la rencontre entre les tenants de l’ancien monde et les aspirants venu du nouveau monde? Qui sera la nouvelle e-Carine Roitfeld, la nouvelle e-Annie Leibovitz ou le nouveau e-André Leon Talley. Les centaines de blogs de mode drainant chaque jour plusieurs centianes de commentaires, des milliers de visiteurs vont-ils mettre le catalogue de la Redoute de maman au rencard ?

Y aura-t-il intégration des e-talents au système pré-existant, ou désintégration de ces talents, comment va se mettre en place la cohabitation? Allons-nous assister à l’émergence de nouveaux modèles?

Des liens pour illustrer et débuter ce passionnant débat:

Fashion 2.0: Print média vs bloggers
Fashion 2.0 sur Business of fashion
On fashion blog (Suzy Menkes inside)
Venetia Scott: « I found magazine less and less interesting »

Marques de luxe, vers l’entreprise liquide?

Chanel liquéfié par Zevs, Liquidated logos, 2009

Vous avez peut-être suivi cet été les mésaventures de Zevs, artiste adepte du graffiti, arrêté mi-juillet à Hong-Kong pour avoir fait « dégouliner » le logo Chanel sur la vitrine d’Armani. Une façon pour lui de signifier la guerre que se livrent certaines marques.

Ci-dessous, Zevs à l’œuvre cet été à Hong-Kong

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Cette affaire mêlant coulure couture et liquide me rappelle ce que Francis Pisani et Dominique Piolet définissent comme l’entreprise liquide(1). Derrière ce concept se cache une entreprise qui a voulu, qui à su ou qui à pu intégrer le mode collaboratif et relationnel dont elle à besoin pour rester dans la course. En d’autres termes une entreprise qui a refusé la rigidité face à l’inconnu. Or le moins que l’on puisse dire c’est que dans le domaine du luxe et de la mode, une certaine austérité face aux outils du web était de mise, du moins jusqu’à  la dernière Fashion Week new-yorkaise…

« En effet, nous avons vu que les flux d’informations et de données doivent circuler de plus en plus librement à l’intérieur de l’entreprise, comme entre l’intérieur et l’extérieur, si l’entreprise tient à intégrer le mode collaboratif et relationnel dont elle a besoin pour rester compétitive. Cette nécessité stratégique pour rester dans la compétition, c’est l’entreprise liquide. » (Francis Pisani x Dominique Piolet, in Comment le web change le monde)

(1) Comment le web change le monde, par Francis Pisani et Dominique Piolet, éditions L’Atelier.

Le constat

En interne, force est de reconnaître que les équipes de communication en place sont encore souvent peu familières de ces nouveaux outils. Qu’en est-il de la mixité avec les nouveaux talents intégrés ? Comment cohabitent les rédactions digitales (numériques) et traditionnelles ?

En externe, les blogs de mode, constituent une vaste communauté de web-acteurs, journalistes-reporters d’un nouveau genre qui publient chaque jour, texte, photos et vidéos, inventent de nouveaux formats de programmes sur un sujet qui les passionnent. Ils se frottent ainsi quotidiennement un peu plus à la presse traditionnelle et à la télévision (quelle semble loin « Paris-modes », l’émission culte de Marie-Christiane Marek !). Cependant ils tardent a être reconnus et intégrés dans des processus réellement qualitatifs et participatifs.

On pourrait rétorquer à juste titre d’ailleurs, que cette rigidité est compréhensible, le luxe véhicule du rêve et de l’exclusif et s’accommode mal de la multitude. On ne dirige pas une entreprise de luxe comme une entreprise éditrice de logiciel informatique (hormis Apple) ! Cependant face à cet effet de parallaxe(2) naît une certaine impatience.
Mis à part une poignée de maisons qui ont remis en cause leur pratique et su s’interroger (méthode dite du try & go), l’immense majorité de celles-ci est encore dans l’expectative.
Pour devenir des entreprises liquides, ces maisons doivent accepter une certaine dose de ce que l’on pourrait qualifier de porosité sélective. Laisser aller et venir les flux informationnels générés par les internautes. Mettre en place les outils de recherche nécessaires pour identifier et échanger avec ces milliers de passionnés, dont certains sont de vrais prescripteurs. Créer de vraies collaborations et non de la récupération(3).

(2) Décalage visuel où les objets au premier plan (ex: les web-acteurs) « semblent » se déplacer plus vite que ceux au dernier plan (ex: les maisons de luxe).
(3) Dans un autre domaine, il est étonnant de voir certains publications offline et leur pendant online récupérer – et galvauder – le streetstyle sans y apporter aucune valeur ajoutée, la fin du streetstyle ?

Ci-dessous, Yves Saint Laurent liquéfié, (c) deeelightful.com

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Ci-dessous, Louis Vuitton liquéfié par Zevs, Liquidated logos, 2009

louis vuitton-liquéfié

Le futur c’est today !

Soyons positifs, les choses semblent s’être précipités ces dernières semaines, notamment lors des récentes Fashion Week, certaines marques de luxe semblent se montrer plus ouvertes à la circulation de ces flux. Lors de la Fashion Week parisienne, Louis Vuitton a retransmis en direct le défilé printemps-été 2010 sur… Facebook. Une opération qui permet de recueillir le feedback et ravir les quelques 700 000+ inscrits sur la fan page. Une opération spectaculaire qui à le mérite de calmer les impatients ou encore de faire jouer la montre, avant de proposer d’autres types d’opération ? À suivre.
Dans cette affaire, reste en suspens la question sur le rapport entre le quantitatif et le qualitatif, mais toujours est-il que la marque phare du groupe LVMH à le mérite d’être force de proposition (proactifs).

Lors de la Fashion Week new-yorkaise, plus discret (plus en accord avec un univers luxueux ?) et plus marquant à mes yeux, fût la présence front row au défilé Dolce & Gabbana des quatre fantastiques de la blogosphère: Garance Doré, Scott Schuman, Tommy Ton de Jak & Jil et Bryanboy. Leur place était réservé avec un laptop mis à leur disposition, afin qu’ils puissent communiquer en live leurs impressions sur le show.

Voici donc quatre blogueurs dont la qualité du travail est reconnue au point qu’ils soient placés au même rang, physiquement du moins, qu’Anna Wintour ! Pour les deux designers italiens la raison de cet upgrade (mise-à-niveau) est déconcertante de simplicité et de bon sens :

« En parlant avec leurs clientes, ils se sont rendus compte qu’elles passaient leur temps sur internet. Qu’elles étaient hyper informées, qu’elles voulaient que ça aille vite, qu’elles étaient prêtes à acheter tout de suite. Ils se sont dit que c’était un âge nouveau, qu’il fallait avancer avec son temps. » (Garance Doré)

Gageons que cette initiative soit l’an 1 de cet âge nouveau qui mixeront MacBook et bloc notes au premier rang des défilés…

(2) Décalage visuel où les objets au premier plan (ex: les web-acteurs) semblent se déplacer plus vite que ceux au dernier plan (ex: les maisons de luxe).

 

(3) Dans un autre domaine, il est étonnant de voir certains publications offline et leur pendant online récupérer – et galvauder – le streetstyle sans y apporter aucune valeur ajoutée. Le streetstyle est-il en train de mourir ?

(2) Décalage visuel où les objets au premier plan (ex: les web-acteurs) semblent se déplacer plus vite que ceux au dernier plan (ex: les maisons de luxe).

Merci à Stratégies…

… qui dans le cadre de l’article sur la stratégie internet de Christian Dior Couture à cité Le Modalogue (aux côtés de Garance Doré et Buzz2Luxe) et publié une screenshot du blog.
Bienvenue aux lectrices (lecteurs) de Stratégies.

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Cliquez pour agrandir

Lady Dior

Comuniqué :
Dior 2.0 x Marion Cotillard x Peter Lindberg…

Que regarde-t-elle ? Que cache-t-elle dans son sac ? Que se passe-t-il avant…après l’image fixe de la campagne de Peter Lindbergh ?

Suivez à partir du 20 mai le thriller inédit que la maison Dior diffusera sur internet avec Marion Cotillard en héroïne.

En attendant suivez le fil de l’intrigue sur Twitter.

Ykone = (Wikipédia+Facebook) puissance Luxe

On n’en pouvait plus d’attendre, voilà qui est fait. Après un an de travail, Mathieu Lebreton et Olivier Billon ont ouvert les portes d’Ykone le média social nouvelle génération dédié à la mode et aux tendances (béta publique).

Ykone c’est à la fois une encyclopédie de la mode (mise à jour régulièrement), un espace où trouver des news et des infos sur ceux qui font la mode, les défilés, des scoops.

C’est aussi un vaste espace communautaire destiné à échanger, partager et construire son propre réseau (dans un premier temps des passerelles avec Twitter et Facebook seront disponibles). Olivier Billon, directeur général, promet d’autres fonctions:

« Nous souhaitons aller plus loin encore. Au printemps, une fonctionnalité permettra aux membres d’échanger sur leur look, de tagger leurs photos et participer à l’émergence de styles. Nous avons dans nos projets une application permettant aux membres d’échanger leurs idées shopping avec la communauté via leur téléphone».

Pour finir on y trouve un espace baptisé Limited offrant un décryptage à 360° sur une marque ou un créateur, y interviendront des experts de la mode mais aussi des influenceurs d’autres sphères.

Du 9 au 15 février, Limited est en mode Dior Homme. Découvrez l’univers Dior Homme dès aujourd’hui et demain lisez l’interview de Kris Van Assche que j’ai réalisé récemment.

Ykone = (Wikipédia + Facebook) puissance Luxe c’est ici

I had a dream… (Reloaded)

Chers lectrices et lecteurs, vous vous souvenez de ce billet ?

Le rêve va devenir réalité avec Isaac Mizrahi qui nous propose via YouTube, sa version 2.0 de la mode. Basé sur un exercice classique pour tout styliste, le Guru Challenge consiste à customiser un tee-shirt blanc ainsi qu’un jean et d’enthousiasmer le créateur en lui envoyant une vidéo du projet. C’est peut-être un « one-shoot challenge », c’est en tout cas la première manifestation de ce genre impliquant un créateur de renom.

Profitez-en pour parcourir les web-i-sodes et son video-blog sur son site web Watch Isaac. Isaac Mizrahi, le premier créateur de mode connecté ?

I had a dream… (Christian Dior, version beta)

Les marques font de plus en plus appels à l’avis des internautes, principalement pour affiner leur stratégie de communication et de positionnement sur le web.

Mais d’autres marques comme Radiohead ou Moby ont demandé à leur fans(1) de participer à la création de leur œuvre; en l’occurrence il s’agissait dans les deux cas de créer un videoclip.

La firme Procter et Gamble(2) propose aux internautes de résoudre en concurrence avec son propre centre de R&D certains problèmes qui se posent à elle. Voici des marques, des entreprises et des artistes, prêts à collaborer avec cette intelligence collective formée aussi bien d’amateurs experts que de simples utilisateurs du web.

le site aniboom-radiohead

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L’inspiration vient de la rue…

Après des décennies pendant lesquelles les maisons de couture ont décidé de la longueur des jupes. La dynamique s’est inversée avec les années 60. La rue comme espace public, les nouveaux comportements, inspirent les créateurs et génèrent un foisonnement créatif inconnu jusqu’alors.

Cependant, certains courants majeurs comme le streetwear déboulant fin 80-début des années 90, n’ont été que tardivement intégrés dans les collections (circa 1995), soit un temps de latence relativement long.

Si l’on considère le web et les réseaux sociaux comme le nouvel espace public numérique(3) c’est là, sans doute, qu’il faudra aller chercher, autant pour nourrir son inspiration que pour y résoudre des problématiques plus complexes que le métrage de tissu.

Y-a-t-il pour autant un fossé qui se creuse entre la rue et les podiums ?

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La mode en « béta » permanente

Qu’est-ce qu’une marque de prêt-à-porter ? C’est une entreprise qui tous les six mois (certaines tous les quinze jours), par l’intermédiaire de son créateur et de son bureau de style propose des nouveaux produits, les améliore, les adapte pour conquérir et développer sa clientèle.

Considérons qu’une marque de prêt-à-porter est en béta-permanente, en renouvellement continu, comme le sont de nombreux services du web 2.0 (GMail et consorts) !

Peut-on faire un parallèle entre la dynamique des services web innovants et le Prêt-à-porter ?

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L’expérience du participatif?

Alors rêvons que les internautes fans de mode pourraient se voir proposer par une marque: d’envoyer croquis, gammes de coloris et idées matières pour un vêtement ou un accessoire. Après sélection, celui-ci pourrait être réalisé soit industriellement soit en édition limitée par les ateliers avec bien sûr une communication adaptée à l’évènement. La mise en place d’une véritable plate-forme d’échange d’idées (sharing).

Dans la mesure où aujourd’hui, la création se doit d’être soutenue par l’industrie pour exister, cela devrait intéresser les marques de Prêt-à-porter, les bureaux de style, tout autant que les créateurs en herbe.

Bien entendu, cela relève d’un véritable défi du mode de pensée et de fonctionnement des structures. Cela implique l’acceptation d’une mise en concurrence nouvelle, moins ordonnée et moins prévisible.

Mais le meilleur moyen de connaître l’Autre n’est-il pas d’aller vers lui ?


(1) Radiohead à lancé un concours via le site aniboom, Moby réalise une opération similaire ici
(2) À lire dans Comment le web change le monde, l’alchimie des multitudes, de Francis Pisani et Dominique Piotet
(3) Danah Boyd, anthropologue et PhD student à l’université de Berkeley, lire ses publications ici et sont blog là. N’hésitez pas à cliquer sur le Best of de son blog afin d’en savoir plus sur le web, les réseaux sociaux, la mobilité etc.

VeryElle ou Elle bis ?

Le 17 avril est sortie simultanément en kiosque et sur le web la nouvelle publication bi-média et bi-annuelle du magazine Elle. Pour l’occasion, nous avons été une petite cinquantaine (!) de blogueurs et blogueuses à avoir été conviés au siège de la rédaction afin de participer à la présentation de ce nouveau magazine « plus mode, plus luxe et plus tendance ». Alors VeryElle/veryelle.fr, c’est comment ?

Cette rencontre « informelle » destinée à créer des échanges avec les blogueuses/blogueurs a débuté par une (longue) présentation des bureaux de la rédaction de Elle, de la salle PAO, du chemin de fer des deux prochains numéros et pour finir par une présentation de la (très cool) équipe de rédaction; du timide DA à la pétillante Sophie Fontanel, chacun ayant une petite anecdote ou réplique à nous donner. La visite s’est conclue par une visite « express » de l’équipe du VeryElle.

Why for God sake passer une heure à présenter les locaux de la rédaction papier à des blogueuses/blogueurs ?


Cà se bouscule dans les couloirs


L’équipe : Valérie Toranian, le DA, Sylvie Fontanel…

Rendez-vous ensuite dans un petit amphithéâtre de la tour Lagardère pour suivre le « core » de la soirée, la présentation de la nouvelle publication par la directrice du Elle, Valérie Toranian.

VeryElle le magazine qui flashe !

Encore une fois j’ai trouvé le temps long, une grande place étant accordée à la présentation de la version papier, j’avoue que jusque-là je me demandais ce que nous, blogueurs/blogueuses, faisions là…

Quelle différence entre VeryElle et Elle, me direz-vous ? Elle parle des femmes depuis plus de 60 ans, VeryElle ira plus loin et parlera des héroïnes. VeryElle est un glossy magazine. Les séries photos qui occupent la grande majorité du magazine sont splendides (big up pour la photo de couverture, la série avec Chloé Sevigny et Charlotte Gainsbourg), il y a très peu de rédactionnel – au point que parfois on a du mal à savoir si on est sur la page d’un annonceur ou dans un sujet. Valérie Toranian parle d’écrin et de rendez-vous collector, cependant je n’ai rien trouvé ni dans la maquette ni dans le contenu, d’ailleurs, qui allait fondamentalement dans ce sens, rien qui ne se démarque non plus de Elle magazine.

Quelques pages du VeryElle


La photo de l’amie des stars est de médiocre qualité (floue), d’autant plus surprenant puisqu’elle vient d’une photographe (!); les blocs de texte qui « mangent » littéralement les trois photos de gauche semblent plus masquer un défaut sur les dites photos qu’apporter un argumentaire graphique. Le texte touche les filets des bords des blocs et son interlignage mériterait d’être revu – dur pour l’ouverture d’un magazine chic


Blocs images décalés, inclinés, sans doute pour créer des « pages dynamiques » comme sur le web. Effet Stabilo(tm) (papier donc) rappelant le résultat d’une sélection de texte (numérique), ajoutez à cela le symbole « tiret bas » présent à chaque début de phrase, détail emprunté au web, très « geek », VeryElle-veryelle.fr ne font qu’un. On se retrouve plus proche d’un magazine à l’esthétique underground-chic-années-80 à base de Polaroïd(tm) et couleur fluo que du petit écrin mentionné plus haut.

Elle bis plutôt que VeryElle

Il y a certes les pages de mode (ci-dessous) dont la mise en forme a été confiée au duo Jonas & François


Effet découpage pas transcendant, mais à la limite on aurait bien aimé voir la direction artistique du magazine confiée intégralement à Jonas & François.

Lorsque la présentation du site a enfin commencé, j’étais à point. veryelle.fr est donc un e-magazine en full Flash(tm)(1), jusque-là rien de révolutionnaire en soi ; dans le domaine du graphisme les e-magazines sont légion sur le web et ressemblent le plus souvent à des pdf que l’on aurait mis online.

Vu le nombre d’occurences du mot « Flash » dans les interventions des rédactrices et les fous-rires qui s’en suivent, on a l’impression que c’est la grande découverte de ces derniers mois et que tout le monde ici n’est peut-être pas très à l’aise avec ça… Que se passera-t-il quand on leur parlera de Web 2.0, d’Ajax ou encore de rich-media?

Le site possède quelques rubriques qui lui sont propres et des liens qui renvoient à la lecture du magazine. On y retrouve le minimum syndical, évidemment des vidéos (celles de Fonelle, réalisées dans « sa cuisine » nous ont bien fait rire) et des rubriques modes traitées de façon ludique (cabine d’essayage, test de rouge à lèvres). Dans le domaine de la mode on n’a rien vu d’équivalent, le design est agréable (un bémol pour l’effet page qui tourne d’un kitsch absolu). Mais là où l’on s’attend à un site de grande envergure, plus ambitieux, avec beaucoup d’interaction, on se retrouve finalement devant un site fermé et qui ne se démarque pas autant que je l’espérais(2).

Il y manque, par exemple, la création d’une ou plusieurs communautés, d’une newsletter exclusive pour cultiver et informer les lectrices/lecteurs entre deux sorties (6 mois c’est long !), il y a certes un groupe FaceBook, mais celui-ci se trouve dans Internet & Technology/Cyberculture (!), je pense que Entertainment & Arts/Fashion serait plus… adéquat. Il faudrait également rectifier l’adresse mail de contact de ce groupe qui est actuellement l’adresse d’un site web (cf. ci-dessous)…


pas très à l’aise avec tout ça…

Free your mind

Cette idée de bi-média, pour ce nouveau magazine, me laisse finalement perplexe; toute nouvelle publication papier qui se lance a aujourd’hui son pendant « complémentaire » sur le web, comportant vidéos, animations Flash(tm), articles, communauté virtuelle, widgets… Pourquoi ne pas tenter l’expérience veryelle.fr seule au côté de Elle et de Elle.fr? Est-ce la peur de se lancer sur un nouveau média qui pousse le groupe à conserver une base arrière sous la forme d’un magazine?

Valérie Toranian propose aux blogueuses/blogueurs d’intervenir, mais sous quelles formes? Pourquoi ne pas avoir interrogé la communauté de blogueuses/blogueurs en amont du projet ? Voilà un comportement qui aurait été novateur, puisqu’il concrétiserait l’importance que certains blogs ont acquis au cours de ces dernières années et aurait permis la création d’un véritable contenu adapté…

Avec internet VeryElle doit faire face à un véritable défi et se débarrasser de ses réflexes print (free your mind, quoi !); un peu à la manière des marques de mode, VeryElle doit créer un nouveau style (lifestyle) en rupture avec le magazine historique (comme l’a fait Hélène Lazareff en 1945). En attendant Grazia (cet automne) et Femmes (mai), qui adoptent aussi un positionnement luxe, sans précision sur leur déclinaison web, VeryElle est le premier des grands magazines de mode français à vouloir faire bouger les choses sur le web, et risque de faire des jaloux(3); reste à attendre que VeryElle/veryelle.fr prenne ses aises et ses… ailes.

(1) je croyais le full Flash banni, vu la difficulté d’indexation de ce type de contenu, il n’y a que très peu de temps que Google commence à indexer ce type de données.
(2) l’expérience de la cabine d’essayage, j’en avais parlé il y a un an ici et on peut en voir une application, certes moins design, mais bien achanlandée, là.
(3) certains magazines plus « tendance » que le Elle, n’ont pas développé de stratégie spécifiquement adaptée au web…

Mode 2.0

Les galeries photo de mode sur le web sont légions et constituent par là même un fantastique matériau de travail ou d’inspiration. Encore faut-il, comme tout travail de recherche, prendre le temps de trier cette masse d’information.

Je reçois chaque matin une newsletter d’un site à « forte audience », contenant la photo d’une jeune fille, plutôt parisienne, shootée pour son « soi-disant » look de référence ; en fait les tenues sont depuis que je me suis abonné cet été : quelconques ! On est à des années-lumière de l’originalité du street-style plutôt chic et choisi du Sartorialist.

J’ai du mal à comprendre ce positionnement rédactionnel, hormis le fait d’être dans l’ère du temps et de faire du street-style. Avec les moyens investis, ce site pourrait proposer une prestation de bien meilleure qualité.

Pour en revenir à la photo de mode proprement dite, je suis retombé sur des anciens liens bookmarqués il y a quelque temps, il s’agit de fora où les abonnés postent les meilleures pages des magazines de mode (passés ou récents), les plus pointues ou les plus avant-garde. Les photos sont commentées par les autres membres du forum et la plupart du temps les informations techniques (photographes, stylistes, mannequins, etc…) sont indiquées par le posteur.

On y trouve des perles comme la série Nomade’s Land de Peter Lindbergh de 1990 (!), ou encore des magazines auxquels on n’a pas toujours accès ; le nec plus ultra : la série de mode, dont on a oublié le nom du photographe ou le magazine où elle a été publiée, sera complétée par un autre membre du forum, pour un échange total. Ces espaces représentent, à mon sens, de bons terrains d’investigation et constituent une bonne base de données.

Bien entendu on se retrouve face à une problématique propre à tous les réseaux d’échanges sur internet. Le fait de mettre en ligne des photos tue-t-il l’industrie en question ? La réponse n’est pas aussi simple, le marché musical en témoigne, car on n’a jamais autant produit de documents papiers que ces dernières années ; les magazines de mode, eux, se déclinent sous toutes les formes et tous les styles, témoignant ainsi de la richesse et de la vivacité du secteur, mais aussi de la demande croissante de la part des consommateurs.

Chaque mois mon marchand de journaux me présente un nouveau magazine touchant de près ou de loin à l’univers de la mode. Les éditeurs, je le cite, s’empressent (sans jeu de mots) de sortir de nouvelles publications régulièrement, avec pour objectif que celles-ci soient revendues ou éliminées dans les deux ans. D’où ce phénomène de magazines jetables, similaire aux vêtements « jetables » de certaines enseignes et autres pyramides jetables(1).

Tout comme le prêt-à-porter et la mode de rue l’ont fait précédemment, l’aspect collaboratif ou participatif, les initiatives personnelles apportent une nouvelle dimension, stimulante, foisonnante et grisante aux métiers de la mode, et l’internet va en faire autant.

Il est temps pour la mode de faire aussi SA révolution 2.0. La blogroll du Face Hunter est à cet égard stupéfiante, puisque on a là pratiquement au jour le jour le street style de villes allant de Pékin à Caracas en passant par Istanbul, Londres et L.A.

Il est grand temps que les bureaux de style, les professeurs de style, immergent leurs employés et étudiants dans cet univers, c’est en tout cas ce que j’essaie de faire avec mes étudiants.

Dans cette frénésie informative, où l’on a souvent envie d’être Early Adopter ou First Mover si une seule habitude héritée de l’avant-internet devait subsister, ce doit être la réflexion, prendre le temps d’analyser son sujet, de faire des choix, de regarder. Prendre modèle sur un Azzedine Alaïa que les magazines de mode redécouvrent ces derniers temps, être contemporain, intemporel et juste.

Je vous invite à y faire un tour sur les dits fora
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(1) Tostaky, Noir Désir