Un thé au sahara

7:00 ce matin comme vous tous j’ai appris la disparition d’Yves Saint Laurent.

Depuis j’ai cette chanson de The Police, Tea in the Sahara dans la tête tiré du très beau, roman Tea in the Sahara, de Paul Bowles.

Le rythme mélancolique de cette chanson, le Sahara, le Maroc(1) et la saharienne inventée par Yves Saint Laurent à l’aube des années 70 doivent résonner en moi.

Les paroles de cette chanson semblent coller au parcours du Maître incontesté, parti former avec Christian Dior et Gabrielle Chanel, la Sainte-Trinité de la Couture.

Tea in the Sahara, The Police

The young man agreed

He would satisfy their need

So they danced for this pleasure

With a joy you could not measure

They would wait for him here

The same place every year

Beneath the sheltering sky

Across the desert he would fly (…)

À celui qui a su satisfaire les femmes, qui ont dansé pour lui en robe Mondrian, en robes hippies ou en pantalon, qui ont attendu ses créations saison après saison. Son âme repose désormais au-dessus du désert de son enfance…

(1) sa grande source d’inspiration et lieu où seront conservées ses cendres (au jardin Majorelle)

Typographie de luxe

En 2000, Christian Schwartz et Dino Sanchez designers et fondateurs de la fonderie Orange Italic ont mis en évidence certains traits caractéristiques des marques sybaritiques, soucieuse de procurer un plaisir raffiné: soucis du détail, qualité, artisanat, aisance, volupté, etc. Dès lors ils ont appliqué ces principes afin de créer une famille de polices de caractères justement nommée Luxury Display.

Rien est à négliger lors de la vente d’un produit de luxe, du choix de la couleur de l’étiquette, à la couleur du fil, au papier de soie pour l’emballage, au choix de la typographie.


Les polices de caractères de la famille Luxury Display disponibles chez House Industries


Ci-dessus la fonte Giorgio commandée en 2007 par l’excellent T Magazine et dessinée par Christian Schwartz.

La Giorgio répond a des attentes précises alliant minimalisme excentrique, élégance inspirée du tailoring et un regard modernisé sur les années 30.

Pour en savoir plus sur cette fonte.

Esprit de 1968 es-tu là ?

En ce mois de mai, des centaines d’ouvrages et de reportages sont consacrés à cet évènement qu’a été Mai 68, un trop plein dont on ne sait que retenir. En mode, rien d’hystérique, quelques articles de ci-de là pour nous rappeler ce que portaient les jeunes gens de l’époque. Les changements politiques, les mutations sociales et les manifestations que connurent Paris, Tokyo, Berkeley mais aussi Prague, les créateurs les avaient annoncés quelques saisons auparavant, à la manière de la présentation des collections femmes, six mois à l’avance…

Je vous propose un petit retour en images sur trois des révolutions vestimentaires qui marquèrent cette époque : le pantalon pour femme, la mini-jupe et le collant. Comme s’accordent à dire les analystes aujourd’hui, Mai 68, plus qu’un événement politique, est un soulèvement culturel et sociologique.

Le pantalon pour femme

Créé par Yves Saint-Laurent en 1965 ou 1966 selon les sources


Tailleur pantalon avec gilet, par Yves Saint Laurent (1967)



Tailleur pantalon à tunique longue, Charles Maudret (1966)
La tunique permettait à chaque femme, quelle que soit sa morphologie, de s’approprier le pantalon, gommant la saillie du bassin. Dès 1965 il se fabrique en France plus de pantalons que de jupes.


La mini-jupe

créée par Marie Quant, puis popularisée par André Courrèges (circa 1965)


À droite Marie Quant et deux de ses modèles


Mini, mini, mini
(source : Special Pop, Albin Michel)


Anne-Marie Boell, mannequin de l’équipe Courrèges, jupe au-dessus du genoux obligatoire, une attitude sportive et conquérante.
(source l’Officiel spécial Courrèges)


Outre les longueurs et les matières nouvelles, la mode s’industrialise, Yves Saint-Laurent devant la première boutique Saint Laurent Rive Gauche, 1967

Ci-dessous une photo emblématique, que je ne connaissais pas et qui montre l’implication de certains créateurs dans les événements du printemps 68.

Modèle Yves Saint-Laurent, 1967
(source Pierre Boulat, agence Cosmos)

Le collant

En 1967, vendus en boule dans un cube et non apprêtés, les collants Tels Quels de Dim sont quatre fois moins chers que le prix habituel.

« Si les hommes et une certaine catégorie de femmes – les moins jeunes et aussi les plus raffinées – ont gardé un goût vif pour les enveloppes de tulle au parfum de frou-frou, les jeunes garçons et filles, et les femmes d’aujourd’hui – qui travaillent, donc qui veulent être à l’aise, qui n’ont pas de domestique, donc qui veulent une fibre synthétique qui se lave facilement et ne se repasse pas et de préférence de couleur – ont un regard, disons plus sportif qu’auparavant sur le corps féminin (…) » (Katia D. Kaupp, Elle, 10 mars 1966)


trichromie en collant sur le mannequin Anne Pucie, 1968

Cette mode composée pour une jeunesse conquérante, faite de collants souvent opaques, aux couleurs vives et dans cette matière révolutionnaire qu’est le Lycra ™, ira de pair avec la mini-jupe. Le collant relèguera au rang d’accessoire érotique le porte-jarretelles. Ces bouleversements vestimentaires venus de la rue insuffleront un nouvel élan au Prêt-à-porter, mais aussi à la bijouterie.

Dinh Van a fait descendre le bijou dans la rue, l’a démocratisé en le réinventant par des formes épurées et ludiques. Son célèbre Pavé a justement été créé en 1968. Cet hommage rendu au symbole de cette période révolutionnaire est réédité. Et pour fêter l’événement une soirée fut organisée au Mini-Palais (le 21 avril dernier), réunissant people et plusieurs artistes du street-art dont Tanc et la célèbre Miss-Tic(1). Une rencontre entre le luxe et la rue bien dans l’esprit de ce bijoutier révolutionnaire.

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Dinh Van, le joaillier libre, campagne de communication

Que reste-t-il de l’esprit de 68 ? Il y a quarante ans, la rue voulait rompre avec une « vieille France », celle de la Couture et de Tante Yvonne(2). La rue est aujourd’hui une source inépuisable d’inspiration pour la mode, le Prêt-à-porter permet aux femmes occidentales de s’habiller comme bon leur semble et la première dame de France est un ex top-model ! L’esprit révolutionnaire, l’envie de rupture se sont peut-être déplacées sur le web. Peut-être allons-nous entrer dans le temps des cyber-révolutions ?


(1) L’agence Balistik’art m’a permis ainsi qu’à quelques blogueurs d’assister à l’événement, cliquez ici pour voir les photos de la soirée.
(2) Yvonne de Gaulle, première dame de France.

Yohji arrive bientôt

La vidéo est de plus en plus utilisée pour présenter les nouvelles collections, après Yves Saint Laurent pour l’Automne-Hiver 2008, voici Yohji Yamamoto, que je viens de découvrir, pour sa nouvelle ligne Coming soon, réalisant ainsi, un beau crossover mode-danse-vidéo.

Présenté par deux danseurs, cette ligne casual sera disponible en juillet dans des boutiques sélectionnées; déjà  styliste pour sa marque éponyme, puis d’Y-3, d’Y’S, travaillant en collaboration avec Mandarina Duck et s’occupant d’une collection de bijoux édité en collaboration avec Mikimoto, le créateur japonais est donc infatiguable !

D’après Keizo Tamoto (président de Yohji Yamamoto), cette ligne, abordable, s’adresse à « ceux qui veulent passer du streetwear à une tenue plus élégante ». Mais aussi à ceux qui « veulent s’habiller sans se soucier du nom du créateur », en effet son nom est absent des vêtements, seul un point noir subsiste (qui sera évidemment immédiatement identifié par les fashionistas…)

logo de Coming Soon

Coming Soon est fabriqué et distribué par Sinv, déjà  partenaire de See by Chloé, Moschino Jeans et Valentino Red. C’est aussi une façon pour le créateur de se frotter au marché des gros volumes(1) en s’écartant de l’expérimental, tout en conservant (on le souhaite) une bonne dose de créativité.

Nous l’avons vu dans les billets précédents les marques de luxe sont enclins autant à monter en gamme qu’à s’adresser à une clientèle plus jeune et moins fortunée.


Videocaps du film

Le site de Coming Soon


(1) 170 pièces pour hommes et 200 pour femme, accessoires non compris !

Officiel | Dior 60 ans de création

Sortie d’une hors-série de l’Officiel consacré à la maison Christian Dior : Dior 60 ans de création.

Un numéro à vous procurer d’urgence et à conserver dans votre bibliothèque, car il retrace à travers mille modèles classés chronologiquement et par couturiers, l’influence qu’ont eu chacun sur cette grande maison.

De Christian Dior, le fondateur, disparu prématurément, à Yves Saint-Laurent, le prodige, à Marc Bohan et ses 29 ans au sein de la maison (!), puis Gianfranco Ferré, qui a la lourde tache de faire passer les années 90 à la maison Dior et pour finir John Galliano, qui renoue avec le faste et l’exubérance des débuts.

Dior par Yves Saint-Laurent

Dior par Marc Bohan

Dior par Gianfranco Ferré

photos l’Officiel

Jean Widmer, un graphiste à la mode

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Jean Widmer, co-édition de la maison du livre, de l’image et du son – les Éditions du Demi-Cercle

Quelques images et extraits d’un livre consacré à l’éminent graphiste Jean Widmer.

Pourquoi Jean Widmer ?

Parce qu’au travers de ses différentes collaborations, il a beaucoup fait pour la mode, son style, constamment renouvelé, moderne, rigoureux et classique a traversé le XXe siècle et reste aujourd’hui une référence absolue.
Né en 1929 en Suisse (Frauenfeld), il fait ses études sous la direction de Johannes Itten* (rien que çà !), ancien enseignant au Bauhaus. Il arrive en France en 1953 où il termine sa formation à l’École des Beaux-Arts. Avec d’autres créateurs suisses, il participera à la création de ce que l’on appelle communément l’École Suisse, « privilégiant la visibilité de l’information en exploitant le fonctionnalisme comme forme esthétique » (Margo Rouard-Snowman). Jean Widmer est un puriste, le sens de la composition graphique devant primer sur tout artifice visuel.

Les Galfa (1959-1961)

Jean Widmer va être le directeur artistique des Galeries Lafayette durant cette période(1) qui correspond, vous l’aurez noté, à l’avènement du prêt-à-porter, mais aussi de la publicité. Pendant deux ans il va contribuer à la mise en place d’un univers commun à tous les produits, d’une identité forte et radicalement nouvelle(2) pour la grande enseigne parisienne.

Ci-dessous annonce presse pour les Galeries Lafayette, tirée d’un poème calligramme d’Apollinaire

 

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L’univers créé par Jean Widmer prétend montrer au consommateur que les Galeries sont le lieu où se fait la mode, sans pour autant montrer le vêtement. La composition graphique ci-dessous laisse plus de place à l’animation typographique qu’au mannequin lui-même, placé en bas à gauche dans une posture presque comique et dont l’ « accessoire-parapluie », tel une flèche, semble indiquer la direction que doit prendre notre regard : le texte, la poésie d’Apollinaire(3). Le style de vie et l’image que promeut l’enseigne priment sur le produit.

Ci-dessous annonce presse pour les Galeries Lafayette.

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Un vêtement au volume moderne de l’époque, un mannequin-vitrine, une typographie est très travaillée, façon affiche Dada (cf « Le cœur à barbe« ). La typographie véhicule le message aux choix multiples et qui se veut être d’avant-garde. Les lettres occupent l’espace, débordent, venant même se superposer au mannequin. Le message passe : demain il y aura profusion de modes et d’accessoires de mode élégants aux Galeries Lafayette.

Fond uni et jeu typographique définissent un style, voire une « charte » graphique qui la lie avec l’affiche précédente, un univers se crée.

Ci-dessous papier cadeau pour les Galeries Lafayette

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Jean Widmer influencé peut-être par les dadaïstes Kurt Schwitters et Théo van Doesburg qui ont dessiné l’affiche ci-dessous en 1922

Schwitters-Doesburg-Kleine-Dada-Soiree

 

Jardin des Modes (1961-1969)

Jean Widmer est pendant huit ans directeur artistique et photographe de ce magazine devenu mythique. S’inspirant des courants artistiques du XXe siècle (Dada, Pop Art, lettrisme-hypergraphie etc.) il développe autour d’une esthétique du détournement, de l’humour et de l’émotion auxquels se mêlent le graphisme, la photographie et bien sûr la typographie, une nouvelle mise en page en rupture avec le modèle classique du magazine de mode.

Le magazine, que j’ai connu à la fin des années 90, avait su garder le souffle de ses précédents directeurs artistiques : certaines pages « auraient pu » être du Widmer. Résolument transversal, ce magazine mêlait tous les mois architecture, design, cinéma, art et mode ; il m’a fait comprendre que la mode ne se limitait pas à la hauteur de l’ourlet.

Jardin des Modes, janvier 1967

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série de photo « strip-tease » de Jean Widmer pour la couverture du magazine allemand Twen, précurseur de Nova.

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Ci-dessous annonces presse, sans suite

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Mêmes remarques que sur les affiches précédentes. On note l’omniprésence très graphique du noir et blanc, l’importance de la typographie, son jeu avec la photo et des idées qu’elle indique (20 ans, élégance des mille et une nuits, etc.)

Extrait n°1

Les années 60, par Thierry Grillet

« Chez Jean Widmer, l’aventure Jardin des Modes prend les allures d’une véritable traversée emblématique d’une décennie capitale, Les années 60 accompagnent, en effet, l’émergence d’une culture de la consommation, et certaines revues, comme Jardin des Modes, en France, ou Twen, en Allemagne vont capter et faire progresser cet esprit nouveau, Aussi, lorsque Jean Widmer s’attelle à la rénovation du Jardin des Modes (en avril 1961), il se « libère » et peut affirmer des choix esthétiques nouveaux. Cette liberté nouvelle profite, en outre, de la grande souplesse formelle qu’autorise un journal où s’est déposée, en couches sédimentées, une puissante culture visuelle.

Depuis son origine, dans les années 20, Jardin des Modes perpétue dans l’intention de son fondateur, Lucien Vogel, l’idéal qui avait été celui de la Gazette du Bon Ton. une ébouriffante société de rédacteurs-écrivains et princesses russes désargentées côtoie dans les pages du magazine les figures majeures de Dufy, de Van Dongen, de Pierre Brissaud et de bien d’autres encore.

Dans les années 60, son directeur, Rudi d’Adler, souhaite le réactualiser. Ce journal de « dames » va devenir, avec Jean Widmer, un journal de « femmes ». La métamorphose intervient juste au moment où la haute couture commence, avec Cardin, Courrèges, Yves Saint-Laurent, à jouer les gammes intermédiaires du prêt-à-porter de luxe. Dans ce contexte, l’arrivée de Jean Widmer paraît mettre en équation le Jardin des Modes et lester le frivole dans l’épaisseur d’une raison graphique. Mise en pages rigoureuse où chaque élément trouve sa place, où l’unité graphique est préservée d’un numéro il l’autre. Mais surtout conscient de la part croissante que les médias joueront dans les années à venir, Jean Widmer impose une nouvelle typographie du titre et le traitement ostentatoire de la première de couverture, et la transforme de fait en véritable « affiche », le Jardin des Modes acquiert alors une dimension de « manifeste ».

Manifeste d’introduction à un nouvel âge de la mode, qui, après avoir longtemps gravité dans les nébuleuses éthérées d’une haute-couture pourvoyeuse des modèles mythiques, finit par s’incarner dans les mille et une scènes d’un quotidien accessible. Jean Widmer renonce à la représentation de la mode pour promouvoir une mode en représentation. Du concept à la substance: le défilé de femmes-présentoir cède le pas à des instantanés de femmes.

Le Jardin des Modes ne propose plus désormais à ses lectrices le vêtement qu’elles pourraient rêver de porter, mais une idée de la femme qu’elles pourraient être. Le rapport de la mode au monde gagne en épaisseur culturelle, et les « petits tailleurs pour le soir » portés par de jeunes dames sages s’enrichissent en « air de mai », ou en « mode à deux » … Du mythe de la distinction absolue, réservée à un cercle restreint, à la revendication collective d’un nouvel art de vivre au présent, toute la création est réinterprétée. Ainsi pour une page « tissus » – de même qu’autrefois madame Schiaparelli s’était inspirée du passage à Paris du cirque Barnum and Bailey pour ses collections – Jean Widmer puise-t-il dans le cinéma et les « mania » de l’époque les éléments d’une composition contemporaine. Enserrés dans des griffes d’oiseaux, quelque peu hitchcockiens, des morceaux d’étoffes lacérés se retrouvent, plus loin, accrochés aux dents d’un large peigne, symbole alors du « temps des Beatles. »

Extrait n°2

« Vaillamment épaulé par Éléonore Latzarus, qui prend en charge tous les problèmes d’organisation, il s’entoure de graphistes, et fait travailler les plus jeunes comme Roland Topor, Toni Ungerer, Folon, Bruno Suter et d’autres dans la rubrique « Les idées flèches de Nicole Bamberger ».

Mettant en œuvre la leçon américaine qu’il a reçue de l’ancien directeur artistique de Harper’s Bazaar, Alexey Brodovitch, qu’il a rencontré lors de son voyage à New York, Jean Widmer, avec des photographes comme Harry Meerson, Helmut Newton, Frank Horvat, Jean-Loup Sielf, Bob Richardson, souscrit à un nouvel art de voir et contribue à une fantastique mondialisation des modes : l’intercontinental circus du regard haut de gamme diffuse un art de vivre international et secoue de sa torpeur la presse féminine.

Ci-dessous photos Jean Widmer, robe « Pop-Art » d’Yves Saint-Laurent

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Dans cette course poursuite au temps présent, chaque mercredi après-midi, Jean Widmer ouvre son atelier à de jeunes photographes. Banc d’essai où se révèlent, entre autres, Jean-François Jonvelle, Sacha, Rolf Bruderer, Gilles Bensimon, Chantal Wolf, Beni Trutmann, Jean Widmer lui-même signe quelques natures mortes qui participent à l’évolution de la photographie. Il y laisse apparaître une légèreté qui contraste avec la rigueur, parfois « algébrique », de son travail graphique. Avec un sens ironique du collage, « la nappe tout à trous », délicieuse broderie anglaise, rivalise, dans une de ses natures mortes, avec un gigantesque morceau d’emmenthal. Avec un sens audacieux de contemporain, les compositions de Jean Widmer paraissent imprégner l’esprit des années 60 : la robe de Yves Saint-Laurent sur laquelle se dessine un profil, est « collée » près du feu arrière, grandeur nature, d’une Cadillac qui rappelle les peintures pop art de Lee Bontecou.

Une couleur érotique enveloppe parfois la présentation des collections: la série « strip-tease », qu’il réalise alors pour des maillots de bain, sera plusieurs fois achetée, et reprise en couverture par le magazine Twen. »

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Jean Widmer a ensuite fondé son agence Visuel Design et à conçu de nombreuses identités visuelles (Centre Georges Pompidou, la ville de Berlin, etc.), mais aussi la signalétique des Autoroutes du Sud de la France.
Pour en savoir plus

A lire l’Art de la couleur, ouvrage référence sur la théorie des couleurs

(1) Anecdotes transversales : on notera que pendant ces deux ans, l’illustrateur affichiste Cassandre dessinera le logo d’Yves Saint Laurent et que Denise Fayolle prendra la direction du département Publicité, packaging et esthétique industrielle de Prisunic. Denise Fayolle qui quelques années plus tard fondera avec Maimé Arnodin le bureau de style Mafia.

(2) Ses innovations seront tout de même contraintes aux règles de l’activité commerciale et finiront par lui donner envie de quitter le secteur.

(3)  » il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir / c’est vous aussi qu’il pleut merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes / et ces nuages cabrés se prennent à hennir tout un univers de villes auriculaires / écoute s’il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique / écoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas. » Un poème un brin surréaliste, qui en 1960 a heurté quelques sensibilités commerciales…

 

Global luxury survey

Un des récents numéro de Time magazine (n° du 16 septembre), comprend un supplément dédié au monde du luxe et plus précisement à celui de la mode.

Encore un me direz-vous, sauf que celui-ci aborde, entre autres, un sujet rarement commenté : la place des femmes. Malgré leur nombre restreint dans les hautes sphères du milieu (aussi bien sur le plan créatif, que décisionnel), leur influence est essentielle voire déterminante, dans la réussite de ces grandes maisons nous dit la journaliste Géraldine Baum. De Victoire de Castellane, designer de la joaillerie Dior à Valérie Hermann, PDG de Yves St Laurent en passant par Tamara Mellon , présidente de Jimmy Choo, une série de portraits à découvrir.

A noter que pour la rédaction du magazine toutes ces femmes, sont en quelque sorte les descendantes de Gabrielle Chanel, en effet, une photo de la créatrice du n°5, ouvre la chronique et sa photo en médaillon, accompagne toutes les pages consacrées au sujet.

Valérie Hermann, PDG de YSL

Un second sujet est consacré à la stratégie des marques internationales du luxe dans les trois régions clefs du début de ce XXIe siècle, je veux parler de l’Inde, de la Chine et de la Russie.

Comment ces marques sont perçues localement ? Comment la Culture détermine le choix des acheteurs en termes de marques et de produits ? Quelles sont les personnes incontournables ? Sur quels critères les acheteurs font-ils leurs achats ?


Les marques les plus citées et les plus connues, respectivement en Inde, Chine et Russie.

Note:
L’âge moyen des indiens est de 27 ans, les prévisions annoncent que le taux de croissance du marché du luxe est de 25% par an pour les trois prochaines années.

Pour la Russie, qui crée des millionnaires chaque jour, le taux annoncé est de 15%. Enfin la Chine où Armani va ouvrir 24 magasins en 2008, est actuellement le troisième consommateur de produit de luxe au monde !

un jour, une citation

« Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l’homme qu’elle aime » (Yves Saint Laurent)