Moda Povera : Olivier Saillard transforme la mémoire en haute couture

En ces temps où mode rime avec réussite marketing, la performance d’Olivier Saillard dans le cadre de ses Moda Povera fait preuve d’une audace et d’une hardiesse rare qui frise une forme d’insolence heureuse, à rebours des conventions.

Le pas de deux qu’il exécute avec la gracieuse Axelle Doué met en scène la garde-robe de sa défunte mère revisitée et réinterprétée à la façon de la Haute Couture.

On se laisse bercer par les annonces de chaque modèle, comme jadis. On contemple la magnification d’un pantalon un peu fatigué, ressurgi du fond d’une armoire et devenu jupe. Un manteau retrouvé plié au fond d’une malle, devenu blouson bouilloné que ne renierait pas l’architecte de la mode. On aime ces tee-shirts, qui, assemblés, n’en forment plus qu’un — dans un style streetwear de luxe.

On est loin des effets de manche. Chaque pièce est comme recysuscitée (recyclée-ressuscitée) et empreinte d’une délicatesse et d’une intelligence auxquelles nous sommes de moins en moins habitués.

La démarche est mémorielle, une atmosphère modianesque enveloppe la salle.

Au Grand Palais ce jour-là, la finalité n’est pas celle d’un défilé, il n’y a rien à promouvoir, rien à vendre. Il s’agit d’un hommage.