Dans l’arène du luxe, les marques ont progressivement mué, adoptant les traits de véritables entreprises de divertissement. Délaissant les tactiques publicitaires orthodoxes pour des stratégies plus immersives, elles puisent désormais dans le registre journalistique et muséal, usant de termes tels que « ligne éditoriale » et « curation » pour créer des scénarii captivants.
L’objectif étant de plonger le consommateur dans un univers cohérent et qu’un lien émotionnel se crée entre la marque et lui…
La dernière campagne de Vestiaire Collective imagine une composition utilisant une poupée chimérique qui me remémore les poupées-portraits de l’artiste russe Marie Vassilieff.
Artiste peu évoquée ayant appartenu au mouvement cubiste, elle fréquenta Montparnasse, Sonia Delaunay, Fernand Léger, Zadkine, Picasso, Paul Poiret, Braque (entre autres)…
MARIE VASSILIEFF, L’ARCHITECTE, 1928MARIE VASSILIEFF, ISAAC GRÜNEWALD, CIRCA 1920S MARIE VASSILIEFF,SIGRID HJERTÉN, CIRCA 1920S
Entendu: (…) « Dans un régime totalitaire, l’art est un outil de propagande et le rapport au réel devient un enjeu politique » (…) « A travers les représentations artistiques, le « bon peuple » doit impérativement « reconnaître » ce qu’il croit connaître. » (…) Par conséquent, l’art abstrait et toute forme d’abstraction devient suspecte. »(…)
Luxe suspect Depuis la nuit des temps, le luxe stimule l’imaginaire des peuples. Outrageusement marketé, le luxe semble se réduire et se fondre avec des produits à quelques centaines d’euros alignés sur les étals des magasins de l’avenue Montaigne, de la Ve avenue ou de Nanjing Road à Shanghai. Rattaché a une marque, donc visible, repérable, le luxe n’invente, ne stimule plus et n’est plus synonyme d’avant-garde.
Toute tentative de nivellement est dangereuse. Une scission est indispensable, elle seule garantie la sur-vie du système. Par sa démesure, le luxe doit conserver son obscurité (plus de 400000 euros pour faire le tour de Terre dans une des navettes d’Elon Musk ou Ricard Branson).
Enjeu économique, le Luxe est synonyme d’inaccessibilité; pour le commun, il se doit (donc) d’être despotique, abstrait…
On pourrait débattre de longues heures sur l’art de la réinterprétaion, l’opportunisme parfois provocateur de Demna Gvasilia. On préfère retenir certaines de ses explorations qu’il dissémine tantôt au sein des boutiques, lors des défilés ou sur les réseaux sociaux, affirmant par là même son talent individuel autant que son allégeance à la maison Balenciaga.
Serions-nous face au créateur de mode qui capture et interroge le mieux notre époque?
Robe de mariée, Cristobal Balenciaga, 1967
Demna Gvasilia fragmente et dilate son champ de création via sa marque VETEMENTS, déclinée en VETEMENTS UNCENSORED ou encore VTMNTS, par la création de produits dont une jeunesse est parfois prête à tout pour se les procurer comme la Triple »S ».
Warholien il pousse le bouchon en créant des boucles d’oreilles capsules de bouteille ou en reproduisant le sac Ikea. Flirte avec le groupe très controversé Ramstein et pousse au sublime via la direction artistique de Balenciaga dont le dernier show Couture (ci-dessous) reprend les codes de la maison et réalise un bel écho aux créations du maître.
Robe de mariée, Demna Gvasilia pour Balenciaga Haute Couture, 2021
Que l’on situe les prémices de ce que l’on appelle la mode au XIVe siècle au sein de l’aristocratie, à la cour de Louis XIV ou encore à la création de la haute-couture au XIXe siècle par Charles-Frederick Worth, cette activité, bien que s’imposant quotidiennement à des degrés divers, à tout un chacun, est, et à souvent été considérée comme secondaire voire « futile ».
Serge Diaghilev fréquentait assidûment Gabrielle Chanel et Misia Sert qui le lui rendait si bien, amies, conseillères et mécènes. « Pour lui, Chanel représentait la mode et l’industrie – eaux peu profondes, traitresses, qui ne l’intéressaient guère – alors que dans la hiérarchie des valeurs de Misia, l’art passait en premier et la mode n’était qu’un amusant divertissement. Chanel trouvait indigne le pardessus élimé de Diaghilev ; Misia le jugeait attendrissant et n’en aimait que d’avantage celui qui le portait. »
La lecture de « Misia, la vie de Misia Sert » par Arthur Gold et Robert Fizdale (Folio) de cette pensée du maitre incontesté de la scène artistique parisienne du début du XXe siècle. Créateur, entre autre, des Ballets russes et organisateur des scandaleux Sacre du Printemps (1913) et Parade (1917) m’interroge sur le fait que rares sont les créateurs de mode, même parmi les plus fameux dont le statut atteint au sein du grand public, celui, plus considéré, d’artiste.
A l’instar de Rei Kawakubo ou d’Yves Saint-Laurent, Yohji Yamamoto fait sans doute parti des couturiers ayant franchi la frontière entre mode et art. Il défini aussi une frontière entre l’art et la mode. Pour, lui l’artiste « can make people think, can make people change » (in “Designing men’s clothing is very difficult for me”, Victoria & Albert museum). Parle-t-il de lui? Considère-t-il son travail comme étant celui d’un artiste?
Le couturier (est-ce dû au fait qu’il a été longtemps été considéré comme un « simple » fournisseur) est très logiquement lié à des fonctionnements industriels et saisonniers.
L’artiste, lui, « fait écho à », « est impliqué », « absout », « transcende », « révèle« , il est écouté et via son œuvre déclenche des engagements sociaux, voire politiques…
D’où la seconde question soulevée par cette lecture. Le secteur de la mode n’ayant de cesse de se préoccuper d’art, depuis la création des costumes du Train Bleu (1924) pour les Ballets russes par Chanel en passant par Schiaparelli et ses amis surréalistes, Yves Saint-Laurent et ses robes Mondrian ou encore Louis Vuitton et Takashi Murakami (2009) cherche-t-il à infiltrer nos quotidiens au-delà du divertissement?
Burnout is one of the trendiest subject of the moment.
As you must be aware of the last book to speed read, the last luxury fashion collab to fast wear or the last Netflix show to binge this weekend, you must be burnout.
Everything seems to be trendy nowadays, from political ideologies, to german low-prices supermarkets, to sexual identities and even diseases.
Byung-Chul Han a Berlin-based philosopher explains that burnout (a former military syndrome) is depression and exhaustion, “the sickness of a society that suffers from excessive positivity,” an “achievement society,” a yes-we-can world in which nothing is impossible, a world that requires people to strive to the point of self-destruction. “It reflects a humanity waging war on itself.”
Feeling exhausted or overwhelmed, is a new state of being. Listen around you, not a days goes by without hearing or using this word (your coworkers, friends, neighborhood shopkeeper, kids…).
If you are not bordering and not sharing it on your Instagram account it’s like to be out of the game. Accentuated by the pandemic it’s a trending topic on Google.
Rightly or wrongly perhaps it’s time to slow down a little bit. When your tea is too hot you drink it slowly to appreciate it.
Can’t wait to see burnout fashion, burnout art, burnout litterature, burnout movies…
LIKE MANY OF US YOU ARE AWARE OF THE MODERNIST TREND THAT IS ACTUALLY SPREADING ON VARIOUS FIELDS OF CREATION (TYPOGRAPHY, DESIGN, FASHION…). NEXT YEAR IT’S 100TH YEAR OF THE CREATION OF THE GERMAN ART SCHOOL STAATLICHES BAUHAUS, ROOTS OF MODERNISM ART MOVEMENT.
BUT MODERNISM IS NOT ONLY AN OCCIDENTAL STYLE AS THE MOSAIC ROOM GALLERY SERIES OF THREE EXHIBITIONS CALLED COSMIC ROADS PRESENTS.
IL Y A DE CELA QUELQUES SEMAINES LI EDELKOORT INVITAIT EN SON ATELIER. L’OCCASION DE RÉVÉLER AU PUBLIC INVITÉ UNE SCENOGRAPHIE DE MEUBLES INSPIRÉS DU STYLE SHAKER.
EN 2009 L’ARTISTE FRANÇAIS XAVIER VEILHAN EXPOSAIT DANS LES ALLÉES DU PALAIS DE VERSAILLES UNE SCULPTURE MONUMENTALE DE 15 M DE LONG RÉALISÉE EN TÔLE D’ACIER SOUDÉ.
AVEC CETTE SCULPTURE MULTIFACETTES 3D L’ARTISTE SAISISSAIT DANS LE TEMPS ET L’ESPACE UN CARROSSE LANCÉ À PLEINE VITESSE.