Red Carpet le nouveau catwalk?

Marc Jacobs l’a annoncé il y a quelques jours, les people habituées du Red Carpet sont désormais persona non grata dans ses shows…

Des sites internet, des magazines, des marques entières sont aujourd’hui consacrés au Red Carpet. On pourrait parler d’une industrie du Tapis Rouge, tellement le business généré est important. Red Carpet est un reportage d’Olivier Nicklaus (la revue de presse de La mode, la mode, la mode c’est lui) qui décrypte le phénomène sans complaisance.
Eva Longoria Parker, sur le red carpet (c) Getty images

Dû, en partie à l’uniformisation de nos tenues qui touche aussi les célébrités, le glamour s’est un peu perdu en route. Grace Kelly à chacune de ses apparitions était glamour, aujourd’hui Jennifer Aniston l’est beaucoup moins en boyfriend jean , Ugg et gobelet Starbuck.

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Le Red Carpet est donc « the only place for stars for fell like glamour star roles » dit Valerie Steele (Directrice du Museum du Fashion Institute of Technology). CQFD.

Sujet devenu tabou, le Red Carpet est donc un show à lui tout seul, un pont lancé entre les fans et leur idoles, entre la mode et le cinéma. Un lieu où les marques de luxe règnent en maître, les italiennes en tête (Armani, Versace ou Cavalli, mais aussi Elie Saab, Lanvin et Chanel).

Aux Césars, à Cannes ou aux Oscars ce sont des centaines de photographes qui s’agglutinent et qui dans les heures qui suivront vont diffuser leur photos sur le web et dans les magazines du monde entier, générant une visibilité qu’aucun service de presse ne peut assurer seul. Ces quelques minutes de visibilité sur le Red Carpet peuvent sauver une maison ou une saison et cela bien plus qu’un défilé de mode, l’enjeu est donc crucial. Sur le Red Carpet tout doit être réglé au millimètre.

Dès lors tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins, certains designers (Marchesa par exemple) ne travaillent que pour le Red Carpet et on ne s’étonnera pas d’apprendre que certaines actrices recoivent des chèques à six chiffres pour porter une robe ou un bijou l’espace de quelques minutes sur le tapis rouge.

Plusieurs moments forts ponctuent le reportage: la séance de fitting de Milla Jovovitch chez Chanel, les avis d’Haider Ackermann et de Maria Luisa, les images troublantes de Marion Cotillard lors d’un photocall ou encore la réflexion imparable de Monica Bellucci disant « il vaut mieux faire une bonne pub, plutôt qu’un mauvais film ».

L’égérie aux deux visages

D’un côté Nicole Kidman, Scarlett Johannson sont des ambassadrices de marques, mais leur pourvoir d’attraction est tel qu’elles peuvent aussi occulter l’aura d’une marque. De l’autre des actrices sans actualité sont devenues des Red carpet’s stars only et conservent ainsi leur notoriété, Sharon Stone, l’une d’entre elles, se définit comme une « femme sandwich ».

Alors c’est quoi le Red Carpet aujourd’hui, un lieu galvaudé (il y a des tapis rouges tout les jours et partout), un lieu où règne « le mauvais goût » (dixit Karl Lagereld) ou le nouveau podium des marques de luxe ?

Vous pourrez juger vous même ce soir à 22 h 25 en regardant sur Canal+ ce très intéressant documentaire réalisé par Lalala productions. En attendant regardez l’interview d’Olivier Nicklaus réalisée par les Darkplanneurs.

3 créateurs, 3 manières de porter la veste

Antonio Marras, Gaspard Yurkievich et Kris Van Assche ont chacun une manière bien personnelle de porter la veste.
Petit décryptage en image:

Dandy, Antonio Marras, backstage à la fin du défilé Kenzo

Antonio Marras porte une veste faisant partie d’un costume trois pièces. Avec sa poche poitrine à rabat montée de biais et sa tonalité kaki elle prend des allures vintage ou de veste de chasse à courre. Portée avec un gilet donc, avec un côté « tiré à quatre épingles mais pas trop » que j’affectionne particulièrement. Un carré de couleur sombre autour du cou, non noué et passant sous le gilet ajoute une touche précieuse à sa tenue. On entrevoit une chemise au fin quadrillage qui réactualise l’ensemble. Antonio Marras joue habilement sur le registre gentleman farmer moderne.

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Arty, Gaspard Yurkievich, backstage, avant le show

Porte une veste en poil de chameau sur un tee-shirt à même la peau et à large encolure. On ne le voit pas sur cette photo, mais les manches du tee-shirt recouvrent plus que le poignet et dépassent de dix bons centimètres de la manche de la veste. Un style arty et contemporain, comme les créations du styliste.

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Graphique, Kris Van Assche, backstage Christian Dior

Clair-obscur, sous un regard malicieux et complice, KVA porte une veste à la coupe fluide et une chemise couleur charbon (thème du défilé de Dior Homme AW, 2010-2011). Les manches de la veste sont relevées pour un style très graphique, citadin et actuel.

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Mad Men (ou le « trading-up » du vestiaire masculin)

Le tailoring à fait son retour en force dans la garde robe masculine ces dernières années. L’homme sensible à son look s’est vu tantôt accolé l’étiquette de « dandy », « néo-dandy », « dandy-rock », etc.. Le terme à été utilisé à outrance et pas forcément approprié, un peu comme le mot « luxe » aujourd’hui.

Aujourd’hui on peut choisir ses tenues et ses accessoires sans subir le joug des clichés ou les railleries. On peut être papa, puis rusher faire les soldes avec ses potes et tomber hystérique devant une paire de Visvim. On peut parler foot avec son meilleur ami autour d’une coupe de champagne dans un cabaret et avoir autant de make-up que son conjoint dans sa salle de bain. On peut être trader la nuit et gamer le jour (ou l’inverse c’est selon), bref faire voler le modèle de l’homme de « beau papa » en éclat…

Alors exit le modèle d’antan ?

Et pourtant quand on en vient à en parler, entre nous, aujourd’hui, du top 3 de l’élégance masculine, il semble se situer dans les sixties.
Ainsi M. Steve McQueen, règne en maître absolu (si vous n’avez pas vu Thomas Crown Affair, faites le au plus vite !) puis viennent MM. Cary Grant et Sean Connery. L’an dernier, souvenez-vous, Dior Parfums utilisait une photo d’Alain Delon de 1966 pour incarner son parfum Eau Sauvage.

Steve McQueen dans Thomas Crown Affair (© Collection AlloCiné / http://www.collectionchristophel.fr)

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Alain Delon pour Eau Sauvage de Dior

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Plus proche de nous M. « what else » George Clooney est cité en premier, mais son élégance est plus proche d’un Cary Grant. C’est donc à Jude Law, cité le plus souvent ensuite que revient le titre d’égérie contemporaine, nul Beckham, Thierry Henry, Robert Pattinson, Kanye, ou Justin.

Virilité et élégance

À croire que l’on a tendance à rattacher l’élégance masculine à quelque chose de « viril », « paternel » et de « rassurant ». Malgré toutes les émancipations citées plus haut, il semble que l’élégance passe par une certaine sobriété, loin des attitudes sulfureuses. Ed Westwick alias Chuck Bass devra donc patienter encore un peu.

Conséquence de quoi, la garde-robe masculine moyenne serait sous l’emprise d’un phénomène de « trading-up de style », ou « montée en gamme », les accessoires jadis has-been et symboles d’une certaine autorité comme la cravate (les nœud pap’ arrivent bientôt d’ailleurs), les pince-cravate, les pochettes, et dans une moindre mesure les chapeaux trouvent désormais leur place dans nos armoires. Mais attention le « trading-up de style » ne va rendre plus accessible les habitudes et attitudes de l’homme élégant. « Le trading-up à d’abord pour vocation l’amélioration des performances d’une marque » (V. Bastien, J-N. Kapferer, in Luxe oblige, ed. Eyrolles)

Les héros de la série Mad Men, Donald Draper en tête vont-ils contribuer (avoir une influence) sur notre vestiaire?

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Photo Carin Baer

La Fashion Week masculine automne-hiver 2010-2011 à commencé hier et se poursuit jusqu’à  dimanche. Reste à voir ce que les créateurs nous on concocté pour cet hiver et si je trouve une once de réponse à ma question.

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En attendant voici trois liens, un concernant la série Mad Men et deux blogs de mode masculine découvert récemment, qui cultivent ce style preppy-chic/college/tailoring…

Ivy Style
MadMen footnotes
Style Savage

Roaring sixties

Il n’y a pas à ma connaissance de revival sixties, je suis juste tombé sur les pages d’un article issu de je-ne-sais-quel magazine (sans doute un vieux Vogue) au fond d’une armoire. J’ai jugé bon en numériser certaines parties afin de les partager et en même temps faire ressurgir quelques noms du passé de la fashion.

De quoi parle-ton dans cet article ? De voitures de sport, de jolies filles et de boîtes de nuit. De photographes de mode, de stylistes, de cover-girls et de la musique pop. Des Beatles et de la mini jupe de Mary Quant, des photos de David Bailey et des coupes asymétriques de Vidal Sassoon, des « Chelsea Girl », de King’s Road et de Carnaby Street. D’une société prise dans une folle accélération, dont le centre névralgique est Londres, le Swinging London.

Et Mary Quant créa la mini…

En 63, Mary Quant, sur le point d’inventer la minijupe, se lance dans la diffusion. Le Ginger Group va porter sa réputation au-delà des frontières. En 63, Barbara Hunalicki, créatrice de Biba, commence sa carrière en vendant des modèles par correspondance. En 63, John Stephen, qui peut se vanter d’être le fournisseur officiel des « mods », étend son empire dans Carnaby street où il possède cinq magasins.

À l’origine, ‘The Knack » est le titre d’un film de Richard Lester, ayant remporté la palme d’or à Cannes. Deux films coup sur coup vont faire de lui un cinquième Beatles. « Hard Day’s Night » d’abord, et puis surtout « Help ! », ce bijou clinquant, qui annonce l’ère du clip.

Ces films semblent à des années-lumière de la production britannique (« Samedi soir, Dimanche matin »,  »La solitude du coureur de fond ») très influencée par le groupe des jeunes gens en colère, les « angry young men ». Pour les générations montantes, ces jeunes gens font déjà  vieux jeu. Leur colère épouse des formes trop conventionneUes. La lutte des classes suppose un fond d’aigreur et d’acharnement assez éloigné de l’état d’esprit actuel des teen-agers qui ne pensent qu’à se distraire, s’habiller, rire, sortir, boire, danser et, pour les garçons, posséder une voiture de sport. « Je trouve la vie formidable » est toute la philosophie que l’on peut attendre d’une « Chelsea girl ».

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(c)David Bailey

Les Beatles lancent la mode de l’insolence

L’album de « Help! » marque un premier sommet dans la carrière des Beatles. On a du mal à imaginer ce que fut la « Beatlemania, » déferlant comme une tornade qui ne laissa personne au sec. Les Beatles imposent un ton nouveau. Dans la musique, mais aussi dans la vie. Primesautier et irrespectueux. Les insolences de John Lennon, loin de choquer, ravissent le public. Un soir de gala, il demande aux ladies endiamantées des premiers rangs de secouer leurs bijoux pendant que les autres spectateurs applaudissent. Une critique déclare qu’ils sont dépravés de la façon la plus agréable qui soit.

Produits de consommation s’il en fut, les chansons des Beatles n’en conservent pas moins une bonne humeur efficace et un charme incomparable, dont la formule ne semble pas s’être transmise. Ils font pourtant éclore une abondance de vocations. Des groupes éclatent sur le gazon anglais en parterre coloré : Kinks, Animals, Bee Gees, Deep Purple, Monkees, Pretty Things, Cream, les Who, bien sûr, et combien d’autres?

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(c) Getty Images

Les Rolling Stones, eux, décapent

Seuls concurrents sérieux des Beatles : les Stones. Les premiers se contentaient d’être insolents, les seconds seront corrosifs. Les Rolling Stones décapent et sentent le soufre à plein nez. Ce que l’on apprend de leur vie privée a de quoi faire frémir les concierges de sa très gracieuse Majesté. « Quelle image de la jeunesse britannique vont-ils donner! « Laisseriez-vous votre soeur aller avec un Rolling Stones?  » interroge la presse.

La soeur, elle, en tout cas, serait sûrement d’accord. Surtout si elle peut choisir Mick Jagger. Oh Mick! Une place lui revient de droit parmi les séducteurs de sa génération. Son physique l’aide. Il correspond, trait pour trait, aux critères en vigueur chez les jeunes: une bouche luciferienne et des bouclettes dignes de l’archange Gabriel. Sur scène, il est pareillement irrésistible. Tout à son balancement, l’époque aime les garçons qui bougent et se déplacent avec grâce : Bailey et Jagger, mais aussi El Cordobès, Noureev qui vient de débarquer à Londres, Albert Finney, caracolant dans « Tom Jones », et Terence Stamp dont toutes les filles de Chelsea sont amoureuses.

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(c)David Bailey

Twiggy, 40 kilos, faux cils compris

La « Chelsea girl » correspond à notre minette du Drugstore. Une écervelée en bas blanc avec de longues jambes et une jupe courte. Elle rêve de la Schrimp, de Twiggy et de Penelope Tree. Les cover-girls concurrencent les vedettes de cinéma. Leur cachet les met sur un pied d’égalité. Ces filles qui pèsent lourd en dollars ne sont pas épaisses. Twiggy sera l’aboutissement d’une génération de limandes : à peine quarante kilos, faux-cils compris.

Sur ces planches à pain, la féminité se réfugie dans le maquillage et la chevelure. Presque toutes les beautés de l’époque seront échevelées, disparaissant sous des niagaras de franges et de mèches folles. Catherine Deneuve, Julie Christie, Françoise Hardy, Anita Pallenberg, Jane Birkin, Marisa Berenson sacrifient à cette vogue. C’est indispensable. Quoi d’autre? Une bouche pulpeuse et hardiment fardée de rose pâle et des yeux comme deux morceaux de charbon, bordés d’eye-liner, ourlés de khôl et frangés d’une double balayette de faux-cils.

Qui dit mieux? Twiggy qui invente de dessiner au crayon des cils sur sa paupière inférieure. Elle leur laissera son nom. Cela ne fait pas un peu pot de peinture? Un peu, en effet.

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D.R

Quand les valeurs basculent

Dans Chelsea, les modes se suivent et s’emboîtent à toute allure. Une culture se montre d’autant plus généreuse que ce qu’elle offre n’est pas de très bonne qualité. Celle-cii jette par la fenêtre des trésors de pacotille. La mode obéissant à la jeunesse gagne en fantaisie ce qu’elle perd en expérience. Les stylistes (un mot nouveau) démodent le savoir-faire d’un Balanciaga, d’un Dior ou d’une Coco Chanel. Plus besoin d’apprendre à couper, ni même à coudre. Trois sous de malice suffisent à réaliser des petites robes de rien qui ont le charme acide des fruits verts (et font parfois, avec le recul, grincer des dents).

Cette époque riche invente une mode pauvre, peu faite pour durer. C’est une volonté chez Mary Quant. Elle déclare dans une interwiew que si une cliente renverse un verre de vin sur un de ses modèles, elle peut le lendemain le jeter sans regret. Pierre Balmain, à qui on rapporte ce propos, s’étrangle qu’il ne veut en aucun cas que l’on renverse de vin sur ses robes. « Et puis quoi encore? Pourquoi pas du Ketchup? »

L’incompréhension s’installe quand les valeurs basculent. Et elles basculent : on en arrivera, après avoir épuisé les joies du P.V.C. (Poly-Vynil-Choloride), aux robes en papier et aux créations métalliques de Paco Rabanne.

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Catherine Deneuve

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Donyale Luna

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Francoise Hardy, Twiggy, Cordobes, couverture de Nova magazine

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Julie Christie

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Peggy Moffitt

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Penelope Tree

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Vidal Sasoon

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D.R sur toutes les photos


Une mode politiquement… incorrecte

À en regarder la tenue de certains de nos hommes et femmes politiques on désespère quand à leur culture fashion, bien que de sérieuses améliorations aient eu lieu ces dernières années. On peut citer Carla Bruni-Sarkozy, notre première dame de France, Rachida Dati, notre ministre de la Justice, Ioulia Tymochenko, première ministre d’Ukraine ou plus récemment Michelle Obama, première dame américaine. Toutes ces femmes ont fait au moins une fois la couverture d’un magazine de mode ou occupés une de leurs pages.

Pour autant mode et politique font-ils bon ménage? Comment Miuccia Prada,  cette ancienne (?) militante du Parti Communiste, qui le 14 octobre 2000 organisait une des party les plus hype de Paris place du Colonel Fabien (siège du PC) peut-elle créer des tenues à des prix inaccessibles pour la moyenne des gens? Jean-Baptiste Doumeng, le milliardaire rouge, nous a prouvé que l’on pouvait être milliardaire et communiste, la question n’est pas aussi simple et mériterait d’être développée plus amplement.

Miuccia Prada est iconoclaste et nous propose par conséquent, des vêtements usés, des vêtements « pauvres » et « misérables », troués et sans ourlets défiant les traditions, donc proches du peuple. Des vêtements communistes qui font dire : « On vous accepte même si vous êtes en guenilles, c’est Miuccia qui l’a dit! ».

Inévitablement, ces modèles nous interpellent car ils induisent :

  • une dimension artistique proche de l’Arte Povera, le vêtement comme objet d’art;
  • une dimension économique, en période de crise on ne craint plus de sortir ses vêtements usés, une simple ceinture délicatement choisie sublimera l’ensemble;
  • une dimension sociale, chacun de nous, quelque soit notre CSP(1) possède un vieux vêtement usé dans son armoire, à nous de lui redonner sa chance et d’être ingénieux;
  • une dimension temporelle, laissons le temps aux vêtements de vieillir, ressortons les tenues de nos grands-parents et ne cédons pas à la tyrannie de la fast-fashion.

Pour finir, on peut imaginer que chacun de ces vêtements véhicule une dimension bespoke, les usures n’étant pas identiques d’un vêtement à l’autre, elles rendent celui-ci unique, contredisant la dimension communiste et égalitaire, vous avez dit contradictoire? Les repères sont chamboulés et le conservatisme est sérieusement mis à mal par cette créatrice désobéissante plus engagée qu’on pourrait le penser.

des escarpins comme rafistolés

des robes de luxe... rongées par les mites

une jupe évorée, sans doute trouvée dans le grenier d'une maison abandonnée

robe malenpoint...

(1) Catégorie Socio Professionnelle

À lire
Prada party au siège du PC
Jean-Baptiste Doumeng, le milliardaire rouge

Remarque : les vêtements ici sont « simples (robe trois trous, robe bustier…) et n’ont pas la théâtralité du défilé « Clochards » de Christian Dior par John Galliano en 2000, qui abordait également la notion de pauvreté.

De l’autorité d’Olivier Zahm à Virgine Mouzat 2.0

La semaine dernière j’ai lu une interessante interview d’Olivier Zahm, créateur de l’incontournable revue Purple. Après un an de tergiversations, le magazine se décline online, sous la forme d’un agenda, le diary d’Olivier Zahm. Un passage de cet entretien m’a fait bondir, je cite :

« What I want to test is this idea that a singular voice can operate as an interesting and legitimate filter for art and fashion and culture online. But to do that, you need the voice. »

L’autorité que l’on possède sur le média papier est-elle transférable sur web et vice-versa?

Certes, Olivier Zahm et sa revue sont un point de référence dans le domaine des arts, de la culture et de la mode, mais qu’en est-il via internet?

Peut-on choisir de s’ériger en modèle de référence sur le média internet? Olivier Zahm semble en être convaincu, mais reste intelligemment prudent et parle de « test ».

Le journaliste, surpris, ne manque pas de lui rappeler quelques fondamentaux des échanges sur le web.

Dans le domaine qui nous intéresse, la mode, certains blogs ont acquis une autorité par le talent de leur auteur et la communauté qu’ils ont su fédérer, le média les a « élu » et non l’inverse. Parmi ceux-ci certains ont même réussi à intégrer les rédactions web de plusieurs publications papier.

Mais alors, que penser de la réflexion de Pénélope Bagieu, star de l’illustration via son blog, pour qui le succès sur internet n’est rien comparé a celui que l’on a dans l’édition?

Dans la mode et le luxe les rédactions papier font toujours autorité et servent de référence; sont-elles en train de bâtir des forteresses impénétrables ou vont-elles jouer le jeu de l’ouverture (d’ailleurs ont-elles le choix)?

L’interview d’Olivier Zahm alimente une autre réflexion que j’avais entamé il y a quelques semaines au sujet du transfert d’autorité.

Que se passerait-il si Virginie Mouzat (ou Suzy Menkes), la rédactrice mode du Figaro optait pour une démarche inverse en quittant son employeur et en ouvrant son blog professionnel?

Avec une liberté de ton et un champ d’action sans doute plus élargi qu’aujourd’hui, l’autorité dont-elle jouit aujourd’hui et sa qualité éditoriale serait-elle toujours de mise si elle devenait indépendante?

Le blog de Virginie Mouzat pourrait-il devenir rapidement un lieu de référence, une affaire rentable et un lieu fédérateur?

En plus d’un « hypothétique » transfert d’autorité, y aurait-il, en plus, un transfert de crédibilité, une reconnaissance plus affirmée pour l’ensemble de la blogosphère mode?

Free Virginie Mouzat!

Tendance « Covered »

Figure incontournable de la tendance Li Edelkoort créatrice entre autre, du magazine Bloom, s’exprime en ses termes :

«…une tendance peut naître d’un vêtement, d’une parole, d’un mot, comme le mot covered que j’ai trouvé en 2006 pour lancer les bases de l’automne-hiver 2008-2009. Covered correspond à la mode de la capuche, du chapeau, des vêtements superposés, des voiles, des masques. C’est un retour à la discrétion, à l’intime, le contraire du show off, de la culture du people et du tapis rouge. C’est aussi une façon de se mettre en retrait de cette crise qui nous tombe dessus.» (Beaux Arts magazine, février 2009)

Voilà qui correspond exactement à une série de photographies prises ce week-end lors du défilé Dior et qui m’avaient étonnés par leur similitudes de style. À rapprocher également de certaines silhouettes vues sur les podiums.

« covered » façon moine bouddhiste

"covered" façon moine bouddhiste

« covered » à la romaine

"covered" à  la romaine

« covered » moderne et superbe

"covered" moderne et superbe (Margiela sans doute)

Beaucoup de sobriété et d’apaisement dans ces trois « enveloppements », j’ai parlé de refuge-wear dans le billet précédent, je voulais intituler le billet « wrap around my body » (1). On va nous ressortir la tendance cocooning

(1) enroulé autour de mon corps


À lire :
Une interview de Li Edelkoort publiée il y a deux ans : ici

 

Madonna in ou out ? (ou Madonna au Café Muller)


Prestation musicale, plutôt moyenne, qui ne restera pas dans les annales. Pochette de cédé, oscillant entre vulgarité et mauvais goût…

Régressive pour la couleur rose sucette et le bleu layette, la typo arrondie infantile;

Violente pour la photo légèrement sur-ex, les jambes écartées, engoncée dans un body-gaine noir, les cuissardes, la bague bling-bling deux doigts et la ceinture de catch WWE (1). Je passe sur le symbole christique qui fait partie de la panoplie de l’artiste.
(1) le catch, une tendance 2009 ?

Jouant sur deux registres apparemment opposés (régression et violence) Madonna est une trashmamie. Un badtrash qui laisse indifférent, décevant lorsqu’il s’agit d’une artiste que l’on apprécie. On sent un manque de conviction évident dans cette production.

Néanmoins pour la saison prochaine on retrouve Madonna toujours les jambes écartées (!), une once de provocation donc, de défi et de la sensualité… Une métamorphose signée Steven Meisel pour Louis Vuitton, ici point de vulgarité dans ce cadre qui s’inspire des cafés parisiens. Une collection chargée d’accessoires, le sac monogrammé est agrémenté de pampilles et de grosses perles, un été très african-chic mêlant des mini-jupes à larges plumes, des motifs animaliers et des chaussures à donner le vertige.
Rien d’étonnant à ce que l’on arrive à un tel résultat, une entente parfaite existe entre le célèbre photographe et la chanteuse puisqu’il ont réalisé ensemble le sulfureux livre Sex en 1992.


Louis Vuitton, campagne printemps-été 2009
A des lieux de Hard Candy, Madonna au milieu de toutes ces chaises vides, nous fait « son » Café Muller, certes en beaucoup moins tragique et beaucoup plus fashion. Osciller entre les extrêmes de la création, sans doute une part du talent de l’artiste.

 

vidéo star (maj 23.12)

Une personnalité, un grand photographe pour communiquer en print, c’est la formule utilisée par beaucoup de marques.


Louis Vuitton, Annie Leibovitz et Mikhail Gorbatchev devant le mur de Berlin.

Ironiquement, une des campagnes les plus plébiscités cette année est celle mettant en scène certes, un créateur en la personne de Karl Lagerfeld, mais pour la Sécurité Routière…


Karl en « Lagerfeld jacket », nom de baptême du gilet jaune donné par les anglais.

La vidéo semble être le nouveau champ d’expression des marques de mode.

De la campagne coming soon de Yohji Yamamoto,

Voir également : ce billet

Au défilé Homme Automne-Hiver 2008-2009 d’Yves Saint Laurent,

En passant par l’intriguant Trembled blossoms de Prada,

Le défilé printemps-été 2009 de Viktor & Rolf, présenté sur leur site

Le projet surréaliste Make up your mind de la Maison Martin Margiela

visible ici,

Le dernier film-défilé de Jean-Charles de Castelbajac, JCDC vs Lego,

Karl Lagerfeld (encore lui) et son court métrage sur les débuts de Mademoiselle Chanel,

voire la collaboration Dita von Teese x Agent Provocateur.

Historique, humoristique, conceptuelle, la vidéo se pose comme une nouvelle façon de diffuser un univers et de faire la promotion de la marque. Média, encore marginal dans le secteur, il permet tout type d’expérimentations dans le champ créatif.

La vidéo n’est certes pas destinée à remplacer le défilé mais permet de renforcer le lien émotionnel avec le consommateur. Comme l’ensemble du secteur industriel, la mode ne peut rester insensible à la profusion des écrans (smartphone, iPods, mini laptops, etc.). On peut légitimement se demander si les DailyMotion, Youtube et autres Google Video seront envahis de ces mini-films en 2009.


Mise-à-jour du 23.12

La vidéo et les marques de luxe sont des domaines que certains comme Darkplanneur et ses Balades de luxe explorent depuis bien longtemps.

Et plus récemment Benjamin Boccas à réalisé FarWeb.

Ce qui laisse des premiers indices pour la tournure que va prendre l’année 2009 : Blogs, Luxe et Vidéo.

Tout était plus simple avant (maj 24.11)

La mode est le miroir idéal de nos comportements de ce côté-ci de la planète et bien entendu, en cette période frileuse à plus d’un titre, ce désir de retour à la mère-nature est fort présent dans les campagnes de communication de certaines marques cette saison.

Mettons de côté la go green attitude qui n’est pas une tendance mais un passage obligé à moyen-court terme pour l’industrie, de côté également certains créateurs comme Stella Mc Cartney, Kenzo où la nature fait partie de l’ADN de la marque.

Point de robe de bure, ni de sandales en corde, point de tendance Amish chez les autres créateurs, ici le retour à la nature est ostentatoire. Broderies, boutons dorés, col en fourrure, nœuds, franges sont nécessaires pour un séjour dans la grande maison familiale ou pour se retrouver entre amis dans la campagne, un nomadisme chic entre folk luxueux et un classicisme théâtral.

Simple paradoxe

Un retour à la simplicité mais avec tout nos atours, délicieux paradoxe, parfaitement assumé.

Gucci AW2008-2009, par Inez van Lamsweerde and Vinoodh Matadin


danse chamanique entre amis, ce week-end, à la campagne.
(Gucci AW2008-2009, par Inez van Lamsweerde and Vinoodh Matadin).


The good ol’ days (vous noterez les arrière-plan peu engageants) : les couleurs, les imprimés
et les accessoires claquent pour signifier la chaleur du temps retrouvé. La famille se regroupe
autour de trois générations, parmi les poules, les labradors et les chevaux…

Not only humans, but animals too

Dès lors, l’ensemble de nos instincts se réveillent, l’envie de grimper aux arbres, de s’allonger à même la terre mouillée. Tout comme nous l’ont signifié récemment les campagnes d’Aigle et de Wrangler nous ne sommes, après tout, que des animaux.


pour la réintroduction de l’homme dans la nature, Aigle.


we are animals, Wrangler (Mise-à-jour: campagne primée
par le Grand Prix Presse à Cannes le 24 juin 2009)

Dans la vision de notre rapport à la nature ci-dessus, le vêtement est peu ou pas mis en valeur ce qui prime c’est la sensation, le vécu, de l’anti-glamour pur et dur, aux antipodes des campagnes Gucci ou Dolce & Gabbana. Autant j’apprécie la campagne print de Wrangler, autant la vidéo qui réinterprète assez « justement », me semble-t-il, l’activité nocturne de nos amis à quatre pattes peut laisser songeur, oscillant entre l’inquiétant et le morbide (voir ci-dessous).

 

Animalité

À l’opposé, les séries photos présentes dans le dernier Numéro, présentent la sublime Stéphanie Seymour en femme-louve ultra-sexy, shootée par Greg Kadel.


Stéphanie Seymour, chimère en veste sans manches en mouton retourné (Dolce & Gabbana), bijoux d’ongles-griffes de chez Bijules NYC et une voilette surmontée de précieuses plumes par Noel Stewart.

La femme primitive

veste en renard de la maison Louis Vuitton et collier d’ossement d’Erik Haley, pour une Lucy des temps modernes.

La femme élémentaire

ou encore la femme-zèbre chez notre Jean-Paul Gaultier national

voire même en pintade de luxe chez Ralph Lauren…

Simplicité ?

On le voit le désir de simplicité par un retour à la nature, est interprété de diverses façons. Tantôt radicale anti-glamour et anti-consumériste, au point de dérouter ; tantôt festive (arrogante ?).

En ces temps incertains, dans nos sociétés qui se complexifient, où l’envie d’appuyer sur pause se fait sentir, le vêtement doit-il se parer de tous les atours ou au contraire créer des silhouettes basiques et sobres ?

En privilégiant la voix et le piano, PJ Harvey à créé l’an dernier avec White Chalk, un album dépouillé de tout superflu, rèche même, d’une émouvante sensibilité et d’une haute exigence. Pour autant qui à envie de ressembler à miss Polly Jean Harvey sur la pochette de son cédé ?


White Chalk, à découvrir ici

Peut-on imaginer, comme la chanteuse l’a fait avec sa musique, un retour à certains fondamentaux dans la mode ? Non pas un retour du courant minimaliste des années quatre-vingt d’Ann Demeulmeester ou d’Helmut Lang, mais un courant ou un créateur qui arriverait a synthétiser les paradoxes de notre époque.

Comme en musique électronique, une tendance low-fi va-t-elle apparaître dans la mode ? Une tendance qui créerait des vêtements d’aujourd’hui et de demain avec des tissus et des accessoires de récupération, par exemple.

De l’omnipotent LVMH à la discrète maison Hermès, du vintage chic de Didier Ludot aux modèles contemporains de netaporter.com, la mode est comme notre époque, multipolaire, fragmentée, hystérique, en plein mash-up. Redéfinir simplement certaines directions et certaines prises de position aiderait sans doute à y voir plus clair.


Pour compléter ce billet, je vous conseille de lire :
Le catalogue du salon Maison et Objets consacré à la Simplicité dans le design.

De la simplicité par John Maeda, THE book d’un grand monsieur du design transversal où l’on apprend à aller à l’essentiel, à ne pas mésestimer les émotions et où il énonce ses dix lois de la simplicité.

De la simplicité, sur Amazon

Mise-à-jour du 24.11 : Le sujet est développé par Audrey aka Mekameta ici