Instants volés

À L’ÉTÉ 1962, LE MAGAZINE LOOK COMMISSIONNA DOUGLAS KIRKLAND AFIN DE FAIRE UN REPORTAGE PHOTOGRAPHIQUE SUR CELLE QUI HABILLAIT JACKIE KENNEDY, LA PREMIÈRE DAME DES ÉTATS-UNIS. GABRIELLE CHANEL, ALORS ÂGÉE DE 79 ANS ACCEPTA, NON SANS MÉFIANCE, QUE CE JEUNE PHOTOGRAPHE LA SUIVE PENDANT TROIS SEMAINES. LE RÉSULTAT ÉTAIT EXPOSÉ LE MOIS DERNIER À LA GALERIE BASIA EMBIRICOS À PARIS.

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J’AI PRIS LE TEMPS PENDANT LA FASHION WEEK DE VISITER CETTE EXPO ET D’Y RENCONTRER SON CURATOR KU KHAHN. PENDANT NOTRE ÉCHANGE J’AI PU ME RENDRE COMPTE QUE J’ÉTAIS ASSEZ PROCHE DE CET ANCIEN PHOTOGRAPHE DEVENU COMMISSAIRE D’EXPO. EN EFFET, NOUS APPRENONS RAPIDEMENT QUE NOUS AVONS PASSÉS NOTRE ENFANCE DANS LA MÊME VILLE, FRÉQUENTÉS LE MÊME COLLÈGE ET LE MÊME LYCÉE (CERTES À 25 ANS D’ÉCART, MAIS TOUT DE MÊME!).

KU KHAHN M’ÉTAIT FAMILIER, SITUÉ ENTRE DOUGLAS KIRKLAND ET FREDERICO FELLINI SUR LA COUVERTURE DU MAGAZINE ZOOM (1972) QUE JE VENAIS DE RECEVOIR, SUITE À UN ACHAT EN LIGNE SUR EBAY. « IL Y A DES HASARDS QUI N’EN SONT PAS… » NOUS DIT ALORS LE RESPONSABLE DE LA GALERIE…

KU KHANH ENTRE DOUGLAS KIRKLAND ET FREDERICO FELLINI…

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LORSQUE JE L’INTERROGE SUR LES LIENS QU’IL A PU NOUER AVEC LA MAISON CHANEL GRACE À CETTE MANIFESTATION, IL ME FAIT SAVOIR QUE LES PROMESSES D’ACHAT DE LA COLLECTION N’ONT PAS ÉTÉ TENUES ET QUE DE SOUTIEN IL N’EN A EU QUE TRÈS PEU…

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LA GALERIE NOUS À OFFERT À TRAVERS CETTE EXPOSITION UN REGARD NOUVEAU SUR LA GRANDE MADEMOISELLE. CERTAINS CLICHÉS RÉUSSISSANT MÊME À SAISIR DES MOMENTS D’ABANDON (VOIR CI-DESSOUS), RENDANT CETTE FEMME MOINS GLACIALE QU’À L’ACCOUTUMÉE.

LA GRANDE MADEMOISELLE ÉTENDUE SUR UN CANAPÉ, UN MOMENT D’ABANDON…

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UNE COLLECTION D’INSTANTS VOLÉS DANS LA RUE, DANS SON APPARTEMENT DU 31 RUE CAMBON OU AU MILIEU DE SES COUTURIÈRES ET DE SES MANNEQUINS DANS LES ATELIERS. UNE EXPOSITION QUI NOUS MONTRE UNE GABRIELLE CHANEL TANTÔT GRAVE, TANTÔT SOURIANTE ET SÉDUCTRICE, TANTÔT SECRÈTE. UNE VISION INTIMISTE, LOIN DES CLICHÉS (FINALEMENT RÉDUCTEURS) QUE L’ON ENTRETIENT SUR LA CRÉATRICE.

COCO CHANEL SUMMER 62(ÉDITÉ CHEZ STEIDL L’AN DERNIER) RASSEMBLE SUR PAPIER LES PHOTOS DE KIRKLAND ET UNE INTRODUCTION DE KARL LAGERFELD. UN OUVRAGE, DISPONIBLE CHEZ LA HUNE.

Magazines de créateurs

Publications réalisées en partie par des créateurs de mode, en l’occurrence ici Karl Lagerfeld pour le 31, rue Cambon de la maison Chanel et Kris Van Assche pour Londerzeel.

31, rue Cambon

C’est le fruit d’une collaboration entre Karl Lagerfeld et Olivier Zahm. Légèrement plus petit qu’un format A4. Papier mat pour la couverture avec une photo en noir et blanc gros grain (featuring Baptiste Giabiconi), au centre en gaufrage rose très girly le titre de la publication.
On y trouve un bref portrait de la grande Mademoiselle et l’ensemble des produits de la maison: Haute Couture, collection Croisière, Haute Joaillerie, maroquinerie, articles de sport, parfums, beauté, etc. Chaque famille de produits est présentée avec un petit brief très intéressant (année de création, inspiration…).
Ce que j’appréhendais comme un magazine résultant d’une alliance détonnante et excitante (Lagerfeld x Zahm !) est en fait plus un catalogue à destination des clients de la marque, luxueux et informatif. Nul débordement créatif comme on pouvait l’espérer.

Londerzeel

Londerzeel ? C’est le nom de la ville de Belgique où est né Kris Van Assche.
La revue de 16 pages au format A3 possède une couverture en papier calque imprimé, exprimant à la fois toute la créativité et la sensibilité du créateur.
On y trouve les photos et illustrations de Kris Van Assche (notamment l’installation Picaflor, présentée à la Villa Noailles) et les travaux d’artistes amis comme Andrea Mastrovito ou David Casini… Les textes sont de Maxime Buechi (Sang Bleu), de Paul Ardenne…
Contraste total avec la publication précédente, ici on est en possession d’une revue alternative où la démarche est plus artistique et engagée, moins commerciale. Le magazine correspond assez à l’idée que l’on se fait de l’univers subtil du créateur belge-flamand, styliste-artiste et poète.


À lire, le blog de Barbara Polla, rédactrice en chef de Londerzeel et auteure d’une biographie imaginaire de Kris Van Assche, Kris Van Assche, Amor o Muerte?. Vous y trouverez plein d’informations sur KVA et son univers.

(1) Il y a quelques années Hedi Slimane avait collaboré avec Purple Magazine (pour le supplément Interzone) et le journal Libération, assurant leur direction artistique.

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Portrait | Karl Lagerfeld

À propos des portraits
Un portrait de créateur avec une signature, une citation et le buste en un seul tracé, comme pour en capter l’essentiel.

 

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Dans les « backstages » des vitrines animées du Printemps Haussmann

Les Maisons Chanel et Dior unissent leur talent et leur savoir-faire pour nous inviter dès le 12 novembre(1) à découvrir un Noël russe. Pour l’occasion, ces maisons ont créé quatre poupées exclusives pour enchanter les quatre vitrines animées du Printemps Haussmann. Retour sur une visite exclusive des coulisses de cet événement. le-printemps-vitrine-noel La princesse Nadeja de la maison Chanel au milieu de Matrioschka géantes. Depuis le milieu des années 20, les vitrines animées de Noël sont un véritable rendez-vous avec les clients. Depuis cinq ans désormais, le Printemps Haussmann fait appel à des créateurs de mode pour habiller ses vitrines. Cette année Karl Lagerfeld, Victoire de Castellane et John Galliano ont travaillé sur la thématique du Noël slave et la fête de Noël russe, on y retrouve les grands moments chers à cette époque de l’année: le bal, la musique et le grand dîner.

Dans les règles de l’art et de l’artisanat

Ces vitrines sont le résultat d’une rencontre entre différents métiers. Le studio de création du Printemps qui crée la poupée, le cahier de style avec la thématique et les codes couleur; les ateliers couture des Maisons de Couture et le marionnettiste à fils qui donne vie à cette féerie. Karl Lagerfeld a habillé deux poupées, reproduisant pour la première (femme) une robe Couture du défilé Paris-Moscou et pour la seconde (homme) un avatar, amalgame d’Andy Warhol, Bill Kaulitz de Tokio Hotel et lui-même. Victoire de Castellane s’est fortement inspirée… d’elle-même pour créer une poupée très pétillante, quant à John Galliano, il a reproduit fidèlement une robe du célèbre défilé Couture de 1998 à l’Opéra Garnier allant jusqu’à  faire refaire en modèle réduit un de ses motifs.

Trois questions à Jean-Claude Dehix, marionnettiste à fils

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Depuis combien temps vous occupez-vous des vitrines animées du Printemps ?

Cela fait 35 ans que mon atelier situé à Montfermeil travaille avec le Printemps. 35 ans de Père Noël !

Comment tout cela à débuté ?

Nous sommes marionnettistes à fils de père en fils. Au début du siècle dernier, mon père à eu l’idée de remplacer les mains du marionnettiste par des petits moteurs. C’est ainsi que tout à commencé. Aujourd’hui je travaille avec mon fils et ma fille.

Travaillez-vous avec d’autres enseignes ?

Lorsque les quatre grands magasins parisiens avaient des vitrines animées, nous les faisions toutes. Aujourd’hui il ne reste plus que les deux enseignes du boulevard Haussmann. Nous en avons réalisées quelques-unes à l’étranger, mais la demande n’est pas la même. Il s’agit d’automates et le contenu expressif n’est donc pas aussi poussé. On peut donc dire que les vitrines du Printemps n’ont pas leur équivalent dans le monde. — (1) Embrasement des façades à 19:30 Pour compléter cette découverte ne manquez pas le motif réalisé (voir ci-dessous) par l’illustrateur Klaus Haapaniemi, dont j’avais parlé il y a… quatre ans! Klaus-Haapaniemi-printemps Klaus Haapaniemi réinterprète le bestiaire des contes de fées russes.

Cocooning Chanel avec Coco Cocoon

On a tout connu chez Chanel en matière de sacs, depuis le mythique 2-55 jusqu’au sac en plexi en passant par le micro sac à la cheville. Pour cet hiver, la créativité débridée de Karl Lagerfeld a fait naître un sac à l’esprit doudoune.

Plus anti-fashion que la doudoune, tu meurs ! Heureusement, certaines maisons se sont attaqué au problème ces dernières saisons afin de rendre celle-ci un peu plus trendy.
Le sportswear chic fait partie de l’histoire de la maison Chanel depuis ses débuts (des bains de mer à Biarritz aux stations de Saint-Moritz). On a une irrésistible envie de prendre ce sac contre soi, de le cocooner. Ses formes rebondies et généreuses, sa matière (l’agneau plongé), en font un accessoire un brin régressif (comme le moelleux d’un chamallow…), très plaisant.

Plein d’impertinence ce sac, qui finalement ne renie ni son aîné de 1955 ni les codes de la maison. « Souvent femme varie… » dit-on, il en va de même pour ce sac. En cas de changement d’humeur ou de tenue, ce modèle est réversible, il devient bicolore et l’on retrouve le matelassage « maison », plus classique et moins hardi, « mais aussi beau à l’envers qu’à l’endroit » comme le disait Mademoiselle.

Les anses de ce tote bag de luxe font qu’il est très agréable à porter à la main, il est très léger. On a une envie folle de partir sur les hauteurs enneigées d’Aspen (ça, c’est l’esprit doudoune qui fait son effet…).

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Ce sac de shopping (ayant été utilisé sur les lieux de tournage par Lily Allen herself) est un gros sac !


Coco Cocoon et son égérie Daul Kim à découvrir ici

There is a riot going on at Lanvin

Je pensais récemment au concept de la beauté, à la définition d’un chef-d’œuvre et toutes ces choses. Posé à mes côtés un magazine de mode annonçait un « spécial beauté » avec une couverture des plus morbide… Qu’est ce qui fait que l’on trouve une robe, une paire de chaussures, un manteau ou tout autre vêtement beau ? Je ne parle pas du vêtement porté, mais de celui que l’on voit en vitrine, sur un portant, en photo dans une revue, un vêtement qui exhale la beauté par sa seule présence…
Ci-dessous nulle explication, juste une expérience, du vécu.

Ce jour-là au sortir d’un rendez-vous je m’engouffrais dans la boutique sise au 213, rue Saint honoré, pour flâner. Arrivé au premier étage du concept store parisien, je tombais en arrêt devant une robe que j’attribuais à quelque créateur japonnais. Gris anthracite, toute en bandelettes sculptant la silhouette, sa conception, sa modernité me confortait dans mon choix. Quelques pas et je vis une veste appartenant à la même collection, bandelettes enroulant le corps, pas de boutons, une ligne simple, un zip discret, à côté la jupe complète le tailleur, toute en rubans modelant la taille, les hanches et les cuisses, pas de détails inutiles, une construction complexe qui ne laisse voir que simplicité, élégance et suscite le désir : beau.

Automne-hiver 2009 (c) vogue.fr

Automne-Hiver 2009 (c) vogue.fr

Il y a quelques années, alors que j’achetais ma place dans un cinéma d’art et d’essais du quartier Beaubourg je me retrouvais nez à nez avec ce drôle de monsieur qu’est Alber Elbaz. Il venait juste de quitter la maison Saint Laurent où son passage n’avait apparemment pas fait l’unanimité (puisque remplacé par un designer radicalement différent en la personne de Tom Ford). Il semblait si fragile dans ce petit cinéma de quartier, me dis-je, des tonnes de talents et de sensibilité en sourdine, comme sous cloche, attendant le moment propice…

Je me décidais enfin à regarder l’étiquette : Lanvin bien sûr ! Quelques jours avant j’avais acheté le livre Lanvin de Dean L. Merceron.

Il y a maintenant chez Alber Elbaz de l’assurance, quelque chose de paisible, de la maîtrise. Avec le départ de M. Saint Laurent, Alber Elbaz serait ainsi le garant d’un prêt-à-porter de luxe sans spectacle inutile, sans heurts et sans concept touffu et confus, juste la recherche de la « beauté », ce que certains appellent le luxe à la française.

On dit souvent de Karl Lagerfeld qu’il est la réincarnation au masculin de Mademoiselle Chanel, même goût de l’exposition médiatique et des mondanités. On pourrait en dire de même pour Alber Elbaz et Jeanne Lanvin qui ont en commun le goût de la discrétion et du mystère, avec pour résultante, la même ignorance de la part du grand public, alors que le talent est identique.

On pourrait en rester là, mais la marque se projette et noue des partenariats fort intéressants qui l’éloignent par la même de tout risque de mémérisation, tentant lorsque l’on crée des nouveaux classiques dans l’ombre.

Tout d’abord un positionnement plus que réussi sur le marché des sneakers de luxe en proposant des chaussures « so dope »(1) dessinées par Lucas Ossendrijver, designer de l’Homme Lanvin ou encore lancement d’une ligne de jean (très attendue) en collaboration avec la marque suédoise « so hype » Acne: Lanvin (love) Acne. La dernière campagne de communication est, à mon sens, très bien aussi, abandonnant les symétries ou les déformations du corps des campagnes précédentes.

Sneakers « à tomber », (c) photo Mathieu Lebreton

sneakers, (c) photo Mathieu Lebreton

Lanvin (love) Acne, collection « jean » pour homme et femme

Lanvin (love) Acne, collection "jean" pour homme et femme

Printemps-été 2009, prêt-à-porte de luxe narcissique sur un canapé lacéré… Attention rien est acquis semble signifier la photo.

printemps-été 2009

Pour finir, deux visuels montrant que le travail de bandelettes chez Lanvin est depuis longtemps inscrit dans l’histoire de la maison.

Brimborion (1923), Jeanne Lanvin lacère et réactualise les manches d’un kimono

brimborion (1923), Jeanne Lanvin lacère et réactualise les manches d'un kimono

Brimborion (que l’on pourrait traduire par robe de « peu de rien ») revue pour l’automne-hiver 2005, sensualité a fleur de peau par Alber Elbaz

automne-hiver 2005

Actuellement chez Lanvin tout est Beau.

Et si vous avez manqué les photos du Préfall 2009, çà continue ici

(1) Kanye West, ici

 

vidéo star (maj 23.12)

Une personnalité, un grand photographe pour communiquer en print, c’est la formule utilisée par beaucoup de marques.


Louis Vuitton, Annie Leibovitz et Mikhail Gorbatchev devant le mur de Berlin.

Ironiquement, une des campagnes les plus plébiscités cette année est celle mettant en scène certes, un créateur en la personne de Karl Lagerfeld, mais pour la Sécurité Routière…


Karl en « Lagerfeld jacket », nom de baptême du gilet jaune donné par les anglais.

La vidéo semble être le nouveau champ d’expression des marques de mode.

De la campagne coming soon de Yohji Yamamoto,

Voir également : ce billet

Au défilé Homme Automne-Hiver 2008-2009 d’Yves Saint Laurent,

En passant par l’intriguant Trembled blossoms de Prada,

Le défilé printemps-été 2009 de Viktor & Rolf, présenté sur leur site

Le projet surréaliste Make up your mind de la Maison Martin Margiela

visible ici,

Le dernier film-défilé de Jean-Charles de Castelbajac, JCDC vs Lego,

Karl Lagerfeld (encore lui) et son court métrage sur les débuts de Mademoiselle Chanel,

voire la collaboration Dita von Teese x Agent Provocateur.

Historique, humoristique, conceptuelle, la vidéo se pose comme une nouvelle façon de diffuser un univers et de faire la promotion de la marque. Média, encore marginal dans le secteur, il permet tout type d’expérimentations dans le champ créatif.

La vidéo n’est certes pas destinée à remplacer le défilé mais permet de renforcer le lien émotionnel avec le consommateur. Comme l’ensemble du secteur industriel, la mode ne peut rester insensible à la profusion des écrans (smartphone, iPods, mini laptops, etc.). On peut légitimement se demander si les DailyMotion, Youtube et autres Google Video seront envahis de ces mini-films en 2009.


Mise-à-jour du 23.12

La vidéo et les marques de luxe sont des domaines que certains comme Darkplanneur et ses Balades de luxe explorent depuis bien longtemps.

Et plus récemment Benjamin Boccas à réalisé FarWeb.

Ce qui laisse des premiers indices pour la tournure que va prendre l’année 2009 : Blogs, Luxe et Vidéo.

Grand Theft Attitude

Grand Theft Auto IV, produit culturel le plus vendu au monde(1), est dans les bacs. L’univers de la mode va-t-il s’approprier cette déferlante et créer ainsi une nouvelle transversalité, initiée il y a peu par la présence de Karl (jamais en retard d’une tendance celui-là) au sein de… Grand Theft Auto IV.

De même que les trash-girls, plus ou moins talentueuses, ont fini par être récupérées dans les pages de magazines de mode et les défilés, Paris Hilton, Britney Spears (dans le dernier VeryElle) ou Amy Winehouse (nouvelle muse de Karl Lagerfeld), verra-t-on, la saison prochaine sur les podiums, une nouvelle dégaine inspirée gangster ?


Ils ne se quittent plus !

Les mannequins hommes auront-ils la mine patibulaire ? Les filles auront-elles le look de professionnelles ? À l’instar de Steven Meisel surfant sur les réhab de l’hiver dernier, les prochaines séries photos seront-elles inspirés des attitudes violentes et sexuellement explicites de GTA IV ?

Et pour finir Karl in person !

Dans quelle mesure Karl Lagerfeld, sera-t-il inspiré par son expérience video-ludique ?

GTA IV c’est par ici

(1) C’est eux qui le disent

et si le vrai luxe c’était l’espace ?

 

J’emprunte le titre de ce billet à une célèbre pub du créateur d’automobile

Après vous avoir entraîné dans des profondeurs abyssales, je vous propose un voyage vers l’infini de l’espace.

Le constat

Le luxe a besoin de se redéfinir, de retrouver du sens. H&M featuring Karl Lagerfeld jusqu’à Canderel featuring Swarovski créent un luxe industriel, rompant avec les codes habituels du luxe. Rien dans ces opérations promotionnelles ne rappelle les codes du luxe: ni dans le cadre de mise en vente de ces produits, ni dans les matières utilisées et encore moins par le service. Pourtant ces ventes créent une certaine hystérie chaque saison générant des files d’attente interminables lors des premiers jours. Des trois acteurs présents, qui sort son épingle du jeu?

  • le consommateur : a la possibilité d’acheter des produits labellisés luxe à bas prix ;
  • l’enseigne de mass-market : crée un effet halo, dynamisant son image et lui permettant de se démarquer de la concurrence ;
  • l’enseigne de luxe : dilue et multiplie son image tout en se créant de nouvelles sources de profits via des produits rendus accessibles.

Ce que l’on peut résumer par les schémas ci-dessous :


1. Deux marchés distincts, chacun ayant sa dynamique concurrentielle.

2. Un marché mixte où se crée une nouvelle dynamique, permettant à certains acteurs (marque alpha) de se démarquer. L’enseigne de luxe, entre en scène en proposant des produits industriels et en créant des opérations promotionnelles avec la marque alpha. Le consommateur de masse profite de cette nouvelle dynamique, opère un « déplacement » et découvre de nouveaux produits.

3. Pour éviter tout risque de confusion, l’enseigne de luxe propose à ces clients historiques des produits toujours plus audacieux, mais reste également sur le marché de masse.

L’ensemble crée une dynamique certaine entre ces trois protagonistes, mais qu’en est-il du quatrième acteur, plus discret, le consommateur du luxe ?

Cabine d’essayage de luxe…

le dressing room de Christian Dior, Paris, par Peter Marino

Louis Vuitton a démocratisé la toile monogramme, on la croise sur maints accessoires et pour toutes les bourses, du porte-clef au sac à main, dans la rue, le métro, sur les bancs de la fac, au bureau, etc. Il a sans doute fallu proposer d’autres produits pour satisfaire sa clientèle haut de gamme, l’enseigne a fait intervenir des œuvres d’artistes (reprise des graffitis de Stephen Sprouse) ou a collaboré avec eux (l’artiste contemporain Takashi Murakami) afin de re-créer la toile monogramme, créant un repositionnement à la fois dans la gamme des produits mais aussi culturel, qui lui n’est pas toujours identifiable par le grand public.

  • valeur : rare=cher=luxe
  • culturel : qualité de service+connaissance du savoir-faire+fidélité+référant artistique pointu…=luxe

Il manque à ces deux éléments constitutifs du luxe, une troisième dimension rarement abordée, celle qui fait que le luxe est bien autre chose qu’un simple acte de consommation. D’ordre immatériel cette dimension englobe des notions comme l’excentricité (une certaine extravagance), le temps, le silence, la discrétion; je m’attarderai ici sur la première.

Décrocher la lune...

J’ai sélectionné dans l’actualité quelques réalisations et projets (voir ci-dessous) mêlant rareté, service et le combo excentricité/folie/innovation, de quoi satisfaire et repousser les limites de la plus exigeante clientèle du luxe…

l’hélicoptère by Hermès

6 exemplaires par an construits en collaboration avec Eurocopter, une collaboration qui va plus loin que la simple esthétique. Gabriele Pezzini, le designer a également apporté des améliorations techniques en remodelant l’espace intérieur et en l’adaptant à la clientèle visée, faisant broder par exemple la signalétique intérieure en lieu et place des plaques imprimées.

Prix pour acquérir cette monture volante : 5 millions d’euros

La tour Burj Dubaï

Dubaï, où se construit à un rythme effréné le plus grand gratte-ciel du monde. Il fait déjà  plus de 500m et sa hauteur finale serait comprise entre 820 et 850 m pour une livraison en 2009, il abritera dans ses derniers étages des appartements et boutique de luxe ainsi que le premier hôtel de… Giorgio Armani. Une véritable tour d’ivoire en quelque sorte.

Toujours plus haut avec Virgin Galactic

vue sur le spatioport imaginé et dessiné par l’agence Foster + Partners


Projet fou du milliardaire britannique Richard Branson, fondateur de Virgin : emmener dans l’atmosphère quelques happy fews pour un voyage de quelques minutes. Le projet qui semblait utopique est passé en phase de réalisation, le design de la navette civile et du spatioport ayant été révélés en début d’année.
Prix du billet : 200 000 $
À voir absolument la galerie photo du projet (cliquez sur le menu images)

Toujours plus grand

250 passagers triés sur le volet, pourraient monter à bord de ce super zeppelin, ce Queen Mary 2 des airs. Se déplaçant à un train de sénateur (environ 300 km/h), il concernerait des voyageurs ayant le temps(1) et qui sont plus intéressés par le cadre luxueux du voyage que par la destination. Plusieurs compagnies aériennes seraient intéressés par ce projet qui devrait aboutir à la réalisation d’un prototype à l’horizon 2010.

Preuve de l’engouement pour l’espace, l’an dernier une exposition sur le thème se tenait à l’Espace Louis Vuitton, réunissant des artistes aussi divers que : Russell Crotty, Yves Klein, Philippe Starck(2) ou Pierre Huyghe.

campagne de communication Lacoste SS2008

Lacoste pour éviter tout détournement de son image a changé sa stratégie de communication depuis plusieurs saisons. Les mannequins sautent, flottent et quittent les basses considérations terrestres pour apprivoiser, je vous le donne en mille: l’espace.

L’Espace, les folles inspirations et aspirations qu’il procure est à même de définir une nouvelle frontière pour le luxe alors qu’en dites vous : et si le vrai luxe c’était l’espace ?

En combinant ces trois ingrédients (valeur, culturel et immatériel), les marques sont à même de proposer à leur clients privilégiés, ceux qui consomment quotidiennement du luxe, des produits et des services à leur mesure, adaptés, personnalisés. Recréant avec eux, le lien et la complicité qui risquait d’être mise à mal.

Yves Carcelle, résume cette idée en citant cette cliente qui s’est faite confectionner des étuis sur-mesure pour chacune de ses flutes à champagne qu’elle emportait en voyage avec elle. Plaisir un brin extravagant et luxueux, nécessaire au bien-être de cette cliente ouvrant par la-même le champ à un autre impératif immatériel du luxe, l’intime. Comme le dit si bien Victoire de Castellane : « Le luxe, c’est la qualité, l’intime, le non montré. » telle la doublure d’un vêtement, mais çà c’est une autre histoire.


A consulter :

cet article du Figaro et le numéro spécial luxe de novembre -décembre 2007 de Psychologies magazine.

Notes
(1) « Ô temps ! suspend ton vol… »
(2) Ci-dessous vue « vers le haut », par Philippe Starck

 

Mercato d’hiver

Lu la semaine dernière dans la presse (Le Figaro), un état des lieux des directions artistiques des différentes maisons de couture. Force est de constater que cela a énormément bougé, que ce soit pour la mode homme ou la mode femme.

La tendance est d’intégrer sur la plus haute marche de la création non pas une diva, mais un créateur au profil « studio de création ». Chloé et Gucci avaient lancé la tendance, précise l’article ; en effet Phoebe Philo a remplacé Stella Mc Cartney et Frida Giannini a succédé à Tom Ford ; le mouvement s’est accéléré et d’autres maisons ont suivi (Calvin Klein…).

En plus de cette tendance de fond, une série de « transferts » se sont opérés depuis le début de l’automne, chamboulant la carte des DA des maisons de couture parisiennes ; ainsi on retrouve Paulo Melim Andersson chez Chloé (exit Phoebe !), le talentueux Olivier Theyskens chez Nina Ricci, Dai Fujiwara chez Issey Miyake, Giles Deacon chez Daks, Nicolas Andreas Taralis chez Cerruti, Sophia Kokosalaki chez Vionnet, Damian Yee chez Guy Laroche ou encore Peter Dundas chez Ungaro.

Plus dure est la situation de la mode masculine : plusieurs maisons ont en effet pris le virage du relifting, mais sans le succès connu par Dior Homme, hélas… Au vu du travail réalisé par Oswald Boateng chez Givenchy, ou encore Jason Basmajian pour ST Dupont, cela me semblait prendre bonne tournure, les lignes se modernisant, attirant de facto une nouvelle clientèle. Mais les résultats financiers n’étant pas bons, ou en tout cas pas assez rapidement bons, Franck Boclet a ainsi quitté Smalto, Oswald Boateng est sur le départ, Jason Basmajian a été remercié et Pierre-Henri Mattout est également sur le départ chez Dormeuil…

Les maisons de couture masculine ou féminine n’ont aujourd’hui plus le temps, ni l’argent, les résultats financiers doivent se voir quasi-immédiatement ; les créateurs ont donc pour mission de « générer du cash » le plus rapidement possible, sous peine de se voir remercier rapidement, et ce, quel que soit leur talent.

Dans un autre registre, mais concernant toujours les changements de créateurs, Irène Leroux a quitté Erès (groupe Chanel), LA marque de maillots de bain et de lingerie qu’elle avait créée en 1968. Elle sera remplacée par la styliste Valérie Delafosse. Il sera intéressant de suivre les nouvelles (?) orientations de style que cette dernière va y apporter.

Au milieu de ce constat, seule la maison LVMH et ses énormes moyens financiers peut se donner le temps de « recadrer » un John Galliano – avec le succès que l’on sait – et de redéfinir la mode masculine avec Hedi Slimane. Karl Lagerfeld et ses 24 ans chez Chanel fait figure de héros… génial héros, qui a su relancer, moderniser, recréer et propulser la maison de la famille Wertheimer. Quel créateur intégrant une maison peut « espérer durer » autant que lui aujourd’hui ?