Modoscopie | Beauty insider at Yves Saint Laurent with Lloyd Simmonds

J’ai toujours été très sensible au maquillage, ce côté « mise en scène » et théâtral — qui va plus loin que le fait d’un porter un masque (voir billet précédent). Là où le maquillage pénètre la peau et devient actif, le masque, lui est amovible et reste sans signification une fois posé sur une table. Comme le fait remarquer Dominique Paquet, historienne de la beauté, certains maquillages de scène sont si actifs qu’ils peuvent résister plusieurs jours sur la peau.

Se maquiller engendre un processus de métamorphose, fait autant pour se plaire que pour charmer l’autre, mais aussi pour « produire un visage idéal » (Dominique Paquet). Il suffit d’un trait d’eye liner, d’un rai de rouge à lèvres ou d’un coup de blush.

Lloyd Simmonds, le nouveau make-up artist d’Yves Saint Laurent à passé un an et demi à développer la nouvelle ligne de maquillage, puisant son inspiration au plus profond de la luxuriante et mystérieuse forêt amazonienne et de la prédilection de M. Saint Laurent pour la couleur noire.

Me voilà Beauty Insider avec l’opportunité de passer quelques instants avec Lloyd, voici ce qu’il m’a confié:

– Avant Yves Saint Laurent, il n’était, je cite, « qu’un maquilleur pour la mode », modestement il avoue avoir été l’assistant de Pat Mc Grath pendant dix ans (!).

– La maison était depuis plusieurs mois à la recherche d’un nouveau make-up artist, contacté, Lloyd leur à présenté cette idée de collection, il a été engagé.

– Tout à commencé par un fleur à la couleur rare, très foncée, très noire que Lloyd à vu dans une boutique. Il a trouvé très élégante, très sensuelle, très vénéneuse, « très Yves Saint Laurent ».

– Toute collection d’Yves Saint Laurent doit selon lui comporter une part de danger. On touche là au cœur de la collection et de ce qu’est la séduction pour Lloyd Simmonds.

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Fleurs de danger…

– Pour accentuer ce mystère Lloyd Simmonds a imaginé une lumière de nuit où toutes les couleurs basculeraient vers le bleu profond, presque noir, des serpents glisseraient dans des jardins…

– Il veut mettre en avant ce danger et bien que cela soit plus difficile que dans le vêtement, il sait que dans le luxe, il est plus facile de choquer car le public est plus limité. Il faut, dit-il, qu’il y ait « quelque chose de très beau mais avec un truc qui ne va pas ».

– La notion de danger est présente dans les gènes de la maison Saint Laurent. Dans les années 70, Yves Saint Laurent éditait un mascara aux couleurs jamais vues jusqu’alors. En 1971 c’est la collection de prêt-à-porter « 40  » qui fait scandale. Il y dans cette maison une énergie qui n’existe pas ailleurs.

– La collection « New Black » nous ramène aux artistes du noir comme Pierre Soulages ou au livre de Michel Pastoureau « Noir: histoire d’une couleur« .

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– Commercialement parlant, Lloyd sait pertinemment que la cliente viendra pour le produit qui attire l’œil, celui qui excite, mais qu’elle repartira avec le produit « habituel ». Mais pour lui cette « attirance » est le premier pas vers une forme de révélation intérieure, la prise de conscience que l’on acquiert un certain pouvoir à travers le maquillage.

– Lloyd pense toujours en terme d’histoires. Celle-ci se poursuivra pour les fêtes de fin d’année avec une inspiration issue du smoking, un classique de la maison lancé en 1966. Smokings noirs et… smokings blancs, cette collection comportera les gloss qui manquent à cette première collection.

 

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La collection Rouge Pur Couture

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Il y avait le Shocking Pink de Schiaparelli, voici le Shocking Black d’Yves Saint Laurent le nouveau mascara volume effet faux cils.

Puis Jean Louis Gueret est venu nous expliquer que ce nouveau mascara allié à la forme irrégulière de la nouvelle brosse drapent les cils de manière innovante et vous feront un regard unique! Wooo!

 

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Yves Saint Laurent en 3 mots par Lloyd Simmons: Glamour, Luxury and Danger!

COMPLEXE CASSANDRE

EX-LIBRIS D’YVES SAINT LAURENT
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AUTOUR DE L’EXPOSITION-RETROSPECTIVE SUR YVES SAINT-LAURENT, J’AI RÉUNI QUELQUES INFORMATIONS SUR CASSANDRE, CRÉATEUR DU LOGO YSL. VOUS TROUVEREZ L’ARTICLE QUE J’AI ÉCRIT POUR PURETREND ICI, UNE BIOGRAPHIE SUR UN PAGE SPÉCIALE QUE JE LUI AI CONSACRÉE ICI ET UN BILLET CI-DESSOUS.

Lire la suite « COMPLEXE CASSANDRE »

Portrait à la mode…| Yves Saint Laurent

À propos des portraits (à la manière du Modalogue) Une personnalité de la mode avec une signature, une citation et le buste tracé d’un seul trait, comme pour en capter l’essentiel.

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Marques de luxe, vers l’entreprise liquide?

Chanel liquéfié par Zevs, Liquidated logos, 2009

Vous avez peut-être suivi cet été les mésaventures de Zevs, artiste adepte du graffiti, arrêté mi-juillet à Hong-Kong pour avoir fait « dégouliner » le logo Chanel sur la vitrine d’Armani. Une façon pour lui de signifier la guerre que se livrent certaines marques.

Ci-dessous, Zevs à l’œuvre cet été à Hong-Kong

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Cette affaire mêlant coulure couture et liquide me rappelle ce que Francis Pisani et Dominique Piolet définissent comme l’entreprise liquide(1). Derrière ce concept se cache une entreprise qui a voulu, qui à su ou qui à pu intégrer le mode collaboratif et relationnel dont elle à besoin pour rester dans la course. En d’autres termes une entreprise qui a refusé la rigidité face à l’inconnu. Or le moins que l’on puisse dire c’est que dans le domaine du luxe et de la mode, une certaine austérité face aux outils du web était de mise, du moins jusqu’à  la dernière Fashion Week new-yorkaise…

« En effet, nous avons vu que les flux d’informations et de données doivent circuler de plus en plus librement à l’intérieur de l’entreprise, comme entre l’intérieur et l’extérieur, si l’entreprise tient à intégrer le mode collaboratif et relationnel dont elle a besoin pour rester compétitive. Cette nécessité stratégique pour rester dans la compétition, c’est l’entreprise liquide. » (Francis Pisani x Dominique Piolet, in Comment le web change le monde)

(1) Comment le web change le monde, par Francis Pisani et Dominique Piolet, éditions L’Atelier.

Le constat

En interne, force est de reconnaître que les équipes de communication en place sont encore souvent peu familières de ces nouveaux outils. Qu’en est-il de la mixité avec les nouveaux talents intégrés ? Comment cohabitent les rédactions digitales (numériques) et traditionnelles ?

En externe, les blogs de mode, constituent une vaste communauté de web-acteurs, journalistes-reporters d’un nouveau genre qui publient chaque jour, texte, photos et vidéos, inventent de nouveaux formats de programmes sur un sujet qui les passionnent. Ils se frottent ainsi quotidiennement un peu plus à la presse traditionnelle et à la télévision (quelle semble loin « Paris-modes », l’émission culte de Marie-Christiane Marek !). Cependant ils tardent a être reconnus et intégrés dans des processus réellement qualitatifs et participatifs.

On pourrait rétorquer à juste titre d’ailleurs, que cette rigidité est compréhensible, le luxe véhicule du rêve et de l’exclusif et s’accommode mal de la multitude. On ne dirige pas une entreprise de luxe comme une entreprise éditrice de logiciel informatique (hormis Apple) ! Cependant face à cet effet de parallaxe(2) naît une certaine impatience.
Mis à part une poignée de maisons qui ont remis en cause leur pratique et su s’interroger (méthode dite du try & go), l’immense majorité de celles-ci est encore dans l’expectative.
Pour devenir des entreprises liquides, ces maisons doivent accepter une certaine dose de ce que l’on pourrait qualifier de porosité sélective. Laisser aller et venir les flux informationnels générés par les internautes. Mettre en place les outils de recherche nécessaires pour identifier et échanger avec ces milliers de passionnés, dont certains sont de vrais prescripteurs. Créer de vraies collaborations et non de la récupération(3).

(2) Décalage visuel où les objets au premier plan (ex: les web-acteurs) « semblent » se déplacer plus vite que ceux au dernier plan (ex: les maisons de luxe).
(3) Dans un autre domaine, il est étonnant de voir certains publications offline et leur pendant online récupérer – et galvauder – le streetstyle sans y apporter aucune valeur ajoutée, la fin du streetstyle ?

Ci-dessous, Yves Saint Laurent liquéfié, (c) deeelightful.com

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Ci-dessous, Louis Vuitton liquéfié par Zevs, Liquidated logos, 2009

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Le futur c’est today !

Soyons positifs, les choses semblent s’être précipités ces dernières semaines, notamment lors des récentes Fashion Week, certaines marques de luxe semblent se montrer plus ouvertes à la circulation de ces flux. Lors de la Fashion Week parisienne, Louis Vuitton a retransmis en direct le défilé printemps-été 2010 sur… Facebook. Une opération qui permet de recueillir le feedback et ravir les quelques 700 000+ inscrits sur la fan page. Une opération spectaculaire qui à le mérite de calmer les impatients ou encore de faire jouer la montre, avant de proposer d’autres types d’opération ? À suivre.
Dans cette affaire, reste en suspens la question sur le rapport entre le quantitatif et le qualitatif, mais toujours est-il que la marque phare du groupe LVMH à le mérite d’être force de proposition (proactifs).

Lors de la Fashion Week new-yorkaise, plus discret (plus en accord avec un univers luxueux ?) et plus marquant à mes yeux, fût la présence front row au défilé Dolce & Gabbana des quatre fantastiques de la blogosphère: Garance Doré, Scott Schuman, Tommy Ton de Jak & Jil et Bryanboy. Leur place était réservé avec un laptop mis à leur disposition, afin qu’ils puissent communiquer en live leurs impressions sur le show.

Voici donc quatre blogueurs dont la qualité du travail est reconnue au point qu’ils soient placés au même rang, physiquement du moins, qu’Anna Wintour ! Pour les deux designers italiens la raison de cet upgrade (mise-à-niveau) est déconcertante de simplicité et de bon sens :

« En parlant avec leurs clientes, ils se sont rendus compte qu’elles passaient leur temps sur internet. Qu’elles étaient hyper informées, qu’elles voulaient que ça aille vite, qu’elles étaient prêtes à acheter tout de suite. Ils se sont dit que c’était un âge nouveau, qu’il fallait avancer avec son temps. » (Garance Doré)

Gageons que cette initiative soit l’an 1 de cet âge nouveau qui mixeront MacBook et bloc notes au premier rang des défilés…

(2) Décalage visuel où les objets au premier plan (ex: les web-acteurs) semblent se déplacer plus vite que ceux au dernier plan (ex: les maisons de luxe).

 

(3) Dans un autre domaine, il est étonnant de voir certains publications offline et leur pendant online récupérer – et galvauder – le streetstyle sans y apporter aucune valeur ajoutée. Le streetstyle est-il en train de mourir ?

(2) Décalage visuel où les objets au premier plan (ex: les web-acteurs) semblent se déplacer plus vite que ceux au dernier plan (ex: les maisons de luxe).

Le Magnifique – 02h46

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Paris, deux heures du matin, les fantômes du Louvre et de l’Opéra rôdent, les pas et les rires des amoureux du Palais Royal, tout proche, résonnent encore.

Je me fraye un chemin vers l’entrée, parmi les habitués du club privé, ce lieu où l’on se retrouve entre élégants de la nuit. La nuit, cet instant où l’on frôle la perdition et l’interdit.

Je me retrouve dans ce Chesterfield, lové entre leurs bras, elles mes muses, mes séductrices, goûtant un nectar de plaisirs inconnus.

J’aime l’ivresse de la nuit et sa lente montée d’adrénaline qui m’emmène jusqu’à l’aube…

Une nuit pleine de promesses…

Ce court récit met fin à La Nuit de l’Homme, périple urbain, commencé à 18h32 à la Fondation Yves Saint Laurent en compagnie de Stéphane, jeu de piste nocturne qui s’est poursuivi à 20h05 au Grand Palais avec Florian et Anthony, puis s’est prolongé à 21h13 au Georges accompagné de Pierre-Jean.

Si vous aussi vous voulez connaître l’ivresse de la Nuit suivez ce lien

There is a riot going on at Lanvin

Je pensais récemment au concept de la beauté, à la définition d’un chef-d’œuvre et toutes ces choses. Posé à mes côtés un magazine de mode annonçait un « spécial beauté » avec une couverture des plus morbide… Qu’est ce qui fait que l’on trouve une robe, une paire de chaussures, un manteau ou tout autre vêtement beau ? Je ne parle pas du vêtement porté, mais de celui que l’on voit en vitrine, sur un portant, en photo dans une revue, un vêtement qui exhale la beauté par sa seule présence…
Ci-dessous nulle explication, juste une expérience, du vécu.

Ce jour-là au sortir d’un rendez-vous je m’engouffrais dans la boutique sise au 213, rue Saint honoré, pour flâner. Arrivé au premier étage du concept store parisien, je tombais en arrêt devant une robe que j’attribuais à quelque créateur japonnais. Gris anthracite, toute en bandelettes sculptant la silhouette, sa conception, sa modernité me confortait dans mon choix. Quelques pas et je vis une veste appartenant à la même collection, bandelettes enroulant le corps, pas de boutons, une ligne simple, un zip discret, à côté la jupe complète le tailleur, toute en rubans modelant la taille, les hanches et les cuisses, pas de détails inutiles, une construction complexe qui ne laisse voir que simplicité, élégance et suscite le désir : beau.

Automne-hiver 2009 (c) vogue.fr

Automne-Hiver 2009 (c) vogue.fr

Il y a quelques années, alors que j’achetais ma place dans un cinéma d’art et d’essais du quartier Beaubourg je me retrouvais nez à nez avec ce drôle de monsieur qu’est Alber Elbaz. Il venait juste de quitter la maison Saint Laurent où son passage n’avait apparemment pas fait l’unanimité (puisque remplacé par un designer radicalement différent en la personne de Tom Ford). Il semblait si fragile dans ce petit cinéma de quartier, me dis-je, des tonnes de talents et de sensibilité en sourdine, comme sous cloche, attendant le moment propice…

Je me décidais enfin à regarder l’étiquette : Lanvin bien sûr ! Quelques jours avant j’avais acheté le livre Lanvin de Dean L. Merceron.

Il y a maintenant chez Alber Elbaz de l’assurance, quelque chose de paisible, de la maîtrise. Avec le départ de M. Saint Laurent, Alber Elbaz serait ainsi le garant d’un prêt-à-porter de luxe sans spectacle inutile, sans heurts et sans concept touffu et confus, juste la recherche de la « beauté », ce que certains appellent le luxe à la française.

On dit souvent de Karl Lagerfeld qu’il est la réincarnation au masculin de Mademoiselle Chanel, même goût de l’exposition médiatique et des mondanités. On pourrait en dire de même pour Alber Elbaz et Jeanne Lanvin qui ont en commun le goût de la discrétion et du mystère, avec pour résultante, la même ignorance de la part du grand public, alors que le talent est identique.

On pourrait en rester là, mais la marque se projette et noue des partenariats fort intéressants qui l’éloignent par la même de tout risque de mémérisation, tentant lorsque l’on crée des nouveaux classiques dans l’ombre.

Tout d’abord un positionnement plus que réussi sur le marché des sneakers de luxe en proposant des chaussures « so dope »(1) dessinées par Lucas Ossendrijver, designer de l’Homme Lanvin ou encore lancement d’une ligne de jean (très attendue) en collaboration avec la marque suédoise « so hype » Acne: Lanvin (love) Acne. La dernière campagne de communication est, à mon sens, très bien aussi, abandonnant les symétries ou les déformations du corps des campagnes précédentes.

Sneakers « à tomber », (c) photo Mathieu Lebreton

sneakers, (c) photo Mathieu Lebreton

Lanvin (love) Acne, collection « jean » pour homme et femme

Lanvin (love) Acne, collection "jean" pour homme et femme

Printemps-été 2009, prêt-à-porte de luxe narcissique sur un canapé lacéré… Attention rien est acquis semble signifier la photo.

printemps-été 2009

Pour finir, deux visuels montrant que le travail de bandelettes chez Lanvin est depuis longtemps inscrit dans l’histoire de la maison.

Brimborion (1923), Jeanne Lanvin lacère et réactualise les manches d’un kimono

brimborion (1923), Jeanne Lanvin lacère et réactualise les manches d'un kimono

Brimborion (que l’on pourrait traduire par robe de « peu de rien ») revue pour l’automne-hiver 2005, sensualité a fleur de peau par Alber Elbaz

automne-hiver 2005

Actuellement chez Lanvin tout est Beau.

Et si vous avez manqué les photos du Préfall 2009, çà continue ici

(1) Kanye West, ici

 

vidéo star (maj 23.12)

Une personnalité, un grand photographe pour communiquer en print, c’est la formule utilisée par beaucoup de marques.


Louis Vuitton, Annie Leibovitz et Mikhail Gorbatchev devant le mur de Berlin.

Ironiquement, une des campagnes les plus plébiscités cette année est celle mettant en scène certes, un créateur en la personne de Karl Lagerfeld, mais pour la Sécurité Routière…


Karl en « Lagerfeld jacket », nom de baptême du gilet jaune donné par les anglais.

La vidéo semble être le nouveau champ d’expression des marques de mode.

De la campagne coming soon de Yohji Yamamoto,

Voir également : ce billet

Au défilé Homme Automne-Hiver 2008-2009 d’Yves Saint Laurent,

En passant par l’intriguant Trembled blossoms de Prada,

Le défilé printemps-été 2009 de Viktor & Rolf, présenté sur leur site

Le projet surréaliste Make up your mind de la Maison Martin Margiela

visible ici,

Le dernier film-défilé de Jean-Charles de Castelbajac, JCDC vs Lego,

Karl Lagerfeld (encore lui) et son court métrage sur les débuts de Mademoiselle Chanel,

voire la collaboration Dita von Teese x Agent Provocateur.

Historique, humoristique, conceptuelle, la vidéo se pose comme une nouvelle façon de diffuser un univers et de faire la promotion de la marque. Média, encore marginal dans le secteur, il permet tout type d’expérimentations dans le champ créatif.

La vidéo n’est certes pas destinée à remplacer le défilé mais permet de renforcer le lien émotionnel avec le consommateur. Comme l’ensemble du secteur industriel, la mode ne peut rester insensible à la profusion des écrans (smartphone, iPods, mini laptops, etc.). On peut légitimement se demander si les DailyMotion, Youtube et autres Google Video seront envahis de ces mini-films en 2009.


Mise-à-jour du 23.12

La vidéo et les marques de luxe sont des domaines que certains comme Darkplanneur et ses Balades de luxe explorent depuis bien longtemps.

Et plus récemment Benjamin Boccas à réalisé FarWeb.

Ce qui laisse des premiers indices pour la tournure que va prendre l’année 2009 : Blogs, Luxe et Vidéo.

Crucify myself

La communication print du dernier rouge à lèvres de la maison Saint Laurent, Rouge Volupté, a pour égérie l’emblématique Kate Moss, nue, la bouche fardée, les yeux à peine maquillés, négligemment coiffée à la main. La photo est barrée de haut en bas et de gauche à droite de deux traces couleur lipstick.

Voilà qui rappelle « The last sitting », la célèbre séance de shooting marathon réunissant Marylin Monroe et le photographe Bert Stern en 1962. Outre les considérations purement artistiques on retrouve en effet quelques similitudes entre les deux mises en scène. L’actrice, qui disparaîtra la veille de la publication par le Vogue US de cette série de photos, a tracé sur cette photo une croix christique prémonitoire.


The last sitting, Marylin Monroe, par Bert Stern, hôtel Bel Air, Los Angeles, 1962

Faisant office de refus de publication par l’actrice, cette croix est sans complaisance : elle barre deux fois le visage et sépare le corps en deux. Cette croix dont la base est légèrement courbée est chancelante, son instabilité renforcée par l’horizontale qui penche dangereusement vers le bas est le prélude à une chute.


Campagne print, Kate Moss pour Rouge Volupté d’Yves Saint Laurent, 2008

C’est une autre croix qui orne l’affiche d’Yves Saint Laurent, une croix inversée, dite croix de Saint-Pierre. C’est la croix du martyr indigne du supplice de son Dieu. Aucune indignité cependant ici, contrairement à la photo de Marylin, ici le visage n’est pas barré par la croix bien au contraire, les infographistes ont fait en sorte de laisser le visage de Kate Moss, l’égérie, bien visible. Conquérante, cette croix à la base solide se dirige vers la droite et vers le haut, elle est plus dynamique.

Pour un mannequin au comportement sulfureux, maintes fois enterré et ressuscité par la profession, cette croix inversée, qui est aussi un symbole satanique connu, peut-elle être perçue comme une ultime provocation, volontaire ou pas, consciente ou inconsciente ?

LA PETITE ROBE NOIRE DE SAGAN

JE VIENS DE TERMINER LA LECTURE D’UN PETIT CARNET DE FRANÇOISE SAGAN…

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ÉDITÉ AUX ÉDITIONS DE L’HERNE, LA PETITE ROBE NOIRE (ET AUTRES TEXTES) EST UN ENSEMBLE DE TEXTES LIBRES PUBLIÉS DANS VOGUE, ELLE, ÉGOÏSTE.

SOUVENIRS, RENCONTRES, RÉCITS D’AMITIÉ, TÉMOIGNAGES D’UNE ÉPOQUE, ON Y CROISE UNE ISABELLE ADJANI (ÉPOQUE SUBWAY), UN HELMUT NEWTON AMOUREUX, BETTINA OU UN POIGNANT RUDOLF NOUREEV. PARMI CES ÉCHANGES AVEC CES GENS EXCEPTIONNELS, IL Y A LE RÉCIT ÉMOUVANT ET PASSIONNANT D’UNE APRÈS-MIDI PASSÉE AVEC YVES SAINT LAURENT, DONT VOICI QUELQUES EXTRAITS:

– « QU’EST-CE QUI DÉCLENCHE UNE ROBE ? »
ET SAINT LAURENT SUR TON D’ÉVIDENCE :
« UN GESTE. TOUTES MES ROBES VIENNENT D’UN GESTE. UNE ROBE QUI NE REFLÈTE OU NE FAIT PAS PENSER À UN GESTE N’EST PAS BONNE (…) »

« UNE FEMME (…) IL Y A TROIS ANS, M’A TOUT APPRIS SUR LE BIAIS (…). LA PREMIÈRE ANNÉE C’ÉTAIT L’ANNÉE, TU SAIS OÙ TOUTES MES ROBES SONT DEVENUES FOLKLORIQUES, GONFLÉES, RUSSES, ETC. LES JOURNALISTES ONT PARLÉ DE L’INFLUENCE RUSSE, DU GOÛT DE L’EXOTISME, DU BAROQUE, ETC. EN FAIT J’AVAIS SIMPLEMENT APPRIS LA PRATIQUE DU BIAIS. »

OU ENCORE SUR LA MODE UNISEXE
« (…) JE SAIS, JE PRESSENS, QUE DANS CETTE PASSION, CETTE UNIFORMITÉ DES GENS JEUNES À S’HABILLER TOUS PAREILS, IL Y A LÀ UNE IDÉE, QUELQUE CHOSE QUE JE FINIRAI PAR TROUVER, SI CE N’EST À FAIRE. »

LA PETITE ROBE NOIRE EST UN PETIT RECUEIL DE 85 PAGES QUE JE CONSEILLE À TOUTE PERSONNE INTÉRESSÉE PAR LA MODE, FRANÇOISE SAGAN OU LES DEUX.


LIRE ÉGALEMENT CET ANCIEN BILLET.

Le blues

Tout a commencé avant-hier matin avec la disparition d’Yves Saint Laurent lorsque j’ai recroisé le bleu Majorelle.


Jardin de Majorelle, Marrakech


Yves Saint Laurent, l’Officiel 1976


Robe vestale en jersey de laine, Yves Saint Laurent Rive Gauche, Vogue 1986


Campagne Printemps-Été 2008, Stefano Pilati pour Yves Saint Laurent

Puis je me suis souvenu avoir dévalisé notre marchand de couleur il y a 3 ans avec mon petit garçon alors âgé de 3 ans et demi. Sa couleur préférée étant le bleu, il a réalisé l’œuvre ci-dessous:


En bleu turquoise, bleu de France, bleu de Prusse, bleu nuit, bleu ciel et bleu canard, un éléphant, un ours et des traces de pas…

Alors, je me suis mis à lister la liste des bleus, tel un poème de Jacques Prévert.

le bleu Klein, pour Jeanne Lanvin
le bleu Lanvin, pour Michel Klein
le bleu pastel, pour Jacques Esterel
le bleu émeraude, pour Vivienne Westwwood
le bleu acier, pour Gianfranco Ferré
le bleu azur, pour la Couture
le bleu canard, pour Léonard
le bleu céruléen, pour Madame Paquin
le bleu ciel, pour Gabrielle Chanel
le bleu indigo, pour Yohji Yamamoto
le bleu cobalt, pour W& LT (1)
le bleu électrique, pour Manolo Blahnik
le bleu bleuet, pour Paul Poiret
le bleu de France, pour Wolfgang Tillmans
le bleu empire, pour Björk Gudmunsdottir
le bleu de Prusse, pour Jérôme Dreyfuss
le bleu Majorelle, pour YSL
le bleu marine, pour Ter et Bantine
le bleu nuit, pour Elsa Schiaparelli
le bleu outremer, pour Nicolas Ghesquière
le bleu horizon, pour Louis Vuitton
le bleu blanc-bleu, pour Edward Henri Molyneux
le bleu pétrole, pour Gaultier Jean-Paul
le bleu des mers du sud, pour Plein Sud
le bleu roi, pour Véronique Leroy
le bleu vert, pour Daniel Hechter
le bleu cyan, pour Marc Le Bihan
le bleu de guède, pour Karl Lagerfeld
le bleu de travail, pour Kookaï
le bleu comme toi, pour Jean-Claude Jitrois
le bleu presque transparent, pour Marc Bohan

je vous laisse

le bas-bleu
l’ange bleu
l’heure bleue
le cavalier bleu
la période bleue
le blue jean

et tous les autres bleus


(1) Wild & Lethal Trash, la marque de Walter Van Beirendonck que l’on prononce « walt »