Une fois n’est pas coutume, ma révélation du Festival n’est pas designer mais photographe, il s’agit du travail d’Alejandra Laviada mêlant sculpture et photographie .
Elle investi des lieux vides et rassemble des objets de même nature, crée des empilement-sculpture et les photographie. Tantôt elle aligne des rouleaux de peinture créant un nuancier coloré, tantôt ce sont des bidons découpés et réagencés, tantôt ce sont des balais qui s’amoncellent dans un coin.
Dans ces espaces désertés et oubliés, ces sculptures fragiles, ces objets mis en ordre, retrouvent vie l’espace d’un instant plus ou moins long, ils sont témoins du passage de l’Homme et interpellent la mémoire.
color blind rainbow, 2008
juggling, 2008
the sum of all parts, 2008
Son site à voir absolument !
Ci-dessous quelques photos des nouvelles collections des lauréats de l’édition 2008…
Jean-Paul Lespagnard pour 1.2.3, collection que je vous avais déjà présenté ici.
Matthew Cunnington, signe une collection moins « angoissante » que l’an dernier, un ressenti sans doute dû à une palette moins sombre et par la présence d’un imprimé.
… et pour finir d’autres photos des lauréats de cette année
Marite Mastina et Rolands Peterkops (Lettonie), Grand Prix du Jury et Prix 1.2., une collection (accompagnée d’une superbe vidéo) inspirée des codes du cinéma noir.
Harald Lunde Helgesen (Norvège), Prix Crystallized – Swarovski Element, une collection basée sur l’idée de l’excavation et des fouilles archéologiques.
Simon-Pierre Toussaint (Belgique), Prix Crystallized – Swarovski Elements et prix du Public, une collection sur les incertitudes de l’adolescence et le souvenir de son passage chez les scouts.
Le plus difficile lors d’un festival comme celui d’Hyères est de savoir faire la part des choses, différencier les créations coup de cœur des créations qui augurent d’un réel potentiel.
L’an dernier Jean-Paul Lespagnard et Matthew Cunnington se trouvaient aux antipodes l’un de l’autre stylistiquement parlant, mais tous les deux jouissaient d’une certaine crédibilité.
Cette année, je suis un peu passé à côté des choses; n’ayant pas pu assister à la première journée du festival, je n’ai pas pu prendre le temps d’apprécier l’ensemble des collections et des expositions. Dimanche j’en étais encore à mes coups de cœur et ne portais qu’une légère attention au buzz autour du duo letton, futur lauréat de l’édition 2009.
De mes échanges avec les différents designers et photographes, voici ce que j’ai retenu/aimé/détesté de ce week-end pluvieux mais toujours passionnant :
J’ai noté
qu’une grande partie des créations présentées cette année étaient finement « ciselées », beaucoup de plissés, de découpes et d’empiècements…
Création Maxime Simoens, sur le thème du kaléidoscope, multiples découpes et bas de robe mille-feuille.
Création Thomas Trautwein, « Bandit Couture » : gilet à empiècements multiples, fermeture Perfecto et aux épaules plissées
Plissés réguliers sur le devant de cette robe « chic et choc », création des lauréats Marite Mastina & Rolands Peterkops
J’ai été étonné
car la moitié des designers sélectionnés se réclament de la Sainte Trilogie « arty-fashion » : Martin Margiela/Rei Kawakubo/Hussein Chalayan, voire des trois à la fois. Une tendance qui m’a fait leur demander naïvement s’ils se considéraient plutôt comme des fashion designer ou des artistes. Bien entendu leur réponse fut unanime: la finalité est de créer des vêtements destinés à être portés (wearable)…
La créatrice la plus emblématique de cette tendance est Melody Deldjou Fard dont le thème explore les transformations corporelles résultant de notre interaction avec les technologies, ses vêtements (sauf un) défilent sur des mannequins de chiffons portés par des mannequins de chair…
Création Melody Deldjou Fard
Ci dessous deux extraits très courts d’un entretien avec Melody et Anémone Skjoldager lorsque je pose ma « question-piège » (éclats de rire inside) :
[mp3]http://www.lemodalogue.fr/audio/fimh2009-fashion designer vs artist.aif.mp3[/mp3]
J’ai été charmé
par la démarche créative de Steffie Christiaens qui a réalisé sa collection en photographiant des vêtements basiques soumis à l’influence du vent. Ces instants « saisis » font apparaître des formes inédites à partir desquelles elle crée le vêtement. Idem pour les créations d’Anémone Skjoldager qui construit ses vêtements à partir des projections qu’elle réalise sur des acrobates vêtus de blanc; le motif crée le patronnage, générant des formes inattendues. Des démarches proches où photo et vidéo, manipulées par le créateur, sont à la racine du processus créatif.
Création d’Anémone Skjoldager, bichromie géométrique, sous influence Op Art
Création de Steffie Christiaens, qui rappelle les réalisations de Rei Kawakubo pour Merce Cunnigham
J’ai aimé les propos
de Camille Vivier sur la fascination qu’exerce l’art contemporain sur les stylistes de mode et la mode sur les artistes contemporains.
Je suis passé à côté
des hermétiques vidéos de Camille Vivier (ci-dessous Boojie Girl, par A Shaded View)
N’est pas le mannequin qui croit chez Melody Deldjou Fard, le mannequin « sans vie » vole la vedette.
Coiffure oversize pour détective incognito chez Marite Mastina & Rolands Peterkops
J’ai aimé
cette veste (bien que j’aurais préféré une manche gauche classique) de Thomas Trautwein, dont j’étais persuadé qu’il allait remporter le grand prix du jury.
cette robe faite de bandelettes de cuir de Steffie Christiaens
ce manteau d’Harald Lunde Helgesen lauréat du prix Crystallized-Swarovski Elements
Dans un prochain billet je vous montrerai les modèles des lauréats ainsi que les nouvelles collections des gagnants de l’édition 2008, et vous parlerai de mon coup de cœur pour la photographe mexicaine Alejandra Laviada.740