Tag ! Tag ! Tag ! | Commedia della moda

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Un titre mitraillette, pour illustrer l’activité frénétique et étonnante de certains streetstyleurs japonais pendant la dernière fashion week.

Clic-clac on se retrouve dans le Canon, puis on se soumet à un petit interrogatoire en bonne et due forme:

« Quelle est la marque de vos chaussures, de vos chaussettes, de votre pantalon, de votre chemise, de votre manteau, de vos lunettes, de votre écharpe… », le tout est consigné consciencieusement dans un petit carnet. C’est qu’au Japon le streetstyle c’est sérieux.

Tag ! Tag ! Tag ! Tag ! Tag ! Tag ! Me voilà donc taggé de haut en bas, réduit par le streetstyleur industriel à une succession de labels (Acne, Kris Van Assche, Le Coq Sportif, Junn J., etc.). Nous sommes tous des labels, étiquetté-classé-rangé !

Est-ce le désir brûlant d’être pris en photo qui accentue la multiplication, lors des fashion week, de ces Inc(r)oyables et Me(r)veilleuses du XXIe siècle, véritables paons aux tenues-amalgammes, freaky-looks constitués d’un amoncellement hétérogène (souvent) de pièces de créateurs. Que reste-t-il alors de la personnalité, de l’allure, voire du style ?

Il reste de tout çà le spectacle, le spectacle de la mode, un spectacle de mode dans la rue, la Commedia dell’arte devenue Commedia della moda !

3 créateurs, 3 manières de porter la veste

Antonio Marras, Gaspard Yurkievich et Kris Van Assche ont chacun une manière bien personnelle de porter la veste.
Petit décryptage en image:

Dandy, Antonio Marras, backstage à la fin du défilé Kenzo

Antonio Marras porte une veste faisant partie d’un costume trois pièces. Avec sa poche poitrine à rabat montée de biais et sa tonalité kaki elle prend des allures vintage ou de veste de chasse à courre. Portée avec un gilet donc, avec un côté « tiré à quatre épingles mais pas trop » que j’affectionne particulièrement. Un carré de couleur sombre autour du cou, non noué et passant sous le gilet ajoute une touche précieuse à sa tenue. On entrevoit une chemise au fin quadrillage qui réactualise l’ensemble. Antonio Marras joue habilement sur le registre gentleman farmer moderne.

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Arty, Gaspard Yurkievich, backstage, avant le show

Porte une veste en poil de chameau sur un tee-shirt à même la peau et à large encolure. On ne le voit pas sur cette photo, mais les manches du tee-shirt recouvrent plus que le poignet et dépassent de dix bons centimètres de la manche de la veste. Un style arty et contemporain, comme les créations du styliste.

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Graphique, Kris Van Assche, backstage Christian Dior

Clair-obscur, sous un regard malicieux et complice, KVA porte une veste à la coupe fluide et une chemise couleur charbon (thème du défilé de Dior Homme AW, 2010-2011). Les manches de la veste sont relevées pour un style très graphique, citadin et actuel.

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PFW | Juun J, caché

Juun J.,  un de mes shows préféré de la fashion week.

Originaire de Corée, Juun J. présentait sa collection Hidden au garage Turenne jeudi dernier. Ambiance punk-rock et un brin speed dans les backstages, le show est dans une heure, ce sont les dernières répétitions…

Je découvre des silhouettes oscillant entre des Irma Vep au masculin et des cowboys urbains portant cache-poussière, sortis tout droit d’un remake moderne d’ « Il était une fois dans l’ouest ».

Sur fond de musique industrielle, les jeunes garçons portent capuches et chapeaux voire les deux (il y a pas mal de couvre-chef pour l’hiver prochain soi-dit en passant), des notes de fourrure par ci-par là, des tee-shirts longs tombant mi-cuisses et sur les mains, des grosses poches « façon besace » plaquées sur les pantalons en cuir ou dans le dos des manteaux trois-quarts. Des superpositions, des double cols et des zips, des zips, des zips !

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Ci-dessous, pièce en rupture, cette doudoune imprimée; cherchez bien les véritables clous-carrés en or sur cet imprimé all-over clous-carrés dorés…

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Pour cette collection Juun J. à collaboré avec le créateur belge Christophe Coppens pour les chapeaux, Ground-Zéro pour les imprimées des doudounes et Kiroic pour les sneakers.

Fashion Week | Le jour d’après, les minutes d’avant…

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La troisième journée des défilés homme pour l’automne-hiver 2010-2011 s’achève, passionnante, de la découverte du créateur coréen Juun J. au show toujours festif de Jean-Paul Gaultier, de magique défilé Kenzo, au noir de Kris Van Assche. Résumé en images des minutes d’avant les défilés du premier jour: Issey Miyake, Juun J., Gaspard Yurkievich et le combat de boxe organisé par Jean-Paul Gaultier.

A bientôt pour des photos, des interviews et d’autres mini-vidéos de cette fashion week.

Marques de luxe, vers l’entreprise liquide?

Chanel liquéfié par Zevs, Liquidated logos, 2009

Vous avez peut-être suivi cet été les mésaventures de Zevs, artiste adepte du graffiti, arrêté mi-juillet à Hong-Kong pour avoir fait « dégouliner » le logo Chanel sur la vitrine d’Armani. Une façon pour lui de signifier la guerre que se livrent certaines marques.

Ci-dessous, Zevs à l’œuvre cet été à Hong-Kong

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Cette affaire mêlant coulure couture et liquide me rappelle ce que Francis Pisani et Dominique Piolet définissent comme l’entreprise liquide(1). Derrière ce concept se cache une entreprise qui a voulu, qui à su ou qui à pu intégrer le mode collaboratif et relationnel dont elle à besoin pour rester dans la course. En d’autres termes une entreprise qui a refusé la rigidité face à l’inconnu. Or le moins que l’on puisse dire c’est que dans le domaine du luxe et de la mode, une certaine austérité face aux outils du web était de mise, du moins jusqu’à  la dernière Fashion Week new-yorkaise…

« En effet, nous avons vu que les flux d’informations et de données doivent circuler de plus en plus librement à l’intérieur de l’entreprise, comme entre l’intérieur et l’extérieur, si l’entreprise tient à intégrer le mode collaboratif et relationnel dont elle a besoin pour rester compétitive. Cette nécessité stratégique pour rester dans la compétition, c’est l’entreprise liquide. » (Francis Pisani x Dominique Piolet, in Comment le web change le monde)

(1) Comment le web change le monde, par Francis Pisani et Dominique Piolet, éditions L’Atelier.

Le constat

En interne, force est de reconnaître que les équipes de communication en place sont encore souvent peu familières de ces nouveaux outils. Qu’en est-il de la mixité avec les nouveaux talents intégrés ? Comment cohabitent les rédactions digitales (numériques) et traditionnelles ?

En externe, les blogs de mode, constituent une vaste communauté de web-acteurs, journalistes-reporters d’un nouveau genre qui publient chaque jour, texte, photos et vidéos, inventent de nouveaux formats de programmes sur un sujet qui les passionnent. Ils se frottent ainsi quotidiennement un peu plus à la presse traditionnelle et à la télévision (quelle semble loin « Paris-modes », l’émission culte de Marie-Christiane Marek !). Cependant ils tardent a être reconnus et intégrés dans des processus réellement qualitatifs et participatifs.

On pourrait rétorquer à juste titre d’ailleurs, que cette rigidité est compréhensible, le luxe véhicule du rêve et de l’exclusif et s’accommode mal de la multitude. On ne dirige pas une entreprise de luxe comme une entreprise éditrice de logiciel informatique (hormis Apple) ! Cependant face à cet effet de parallaxe(2) naît une certaine impatience.
Mis à part une poignée de maisons qui ont remis en cause leur pratique et su s’interroger (méthode dite du try & go), l’immense majorité de celles-ci est encore dans l’expectative.
Pour devenir des entreprises liquides, ces maisons doivent accepter une certaine dose de ce que l’on pourrait qualifier de porosité sélective. Laisser aller et venir les flux informationnels générés par les internautes. Mettre en place les outils de recherche nécessaires pour identifier et échanger avec ces milliers de passionnés, dont certains sont de vrais prescripteurs. Créer de vraies collaborations et non de la récupération(3).

(2) Décalage visuel où les objets au premier plan (ex: les web-acteurs) « semblent » se déplacer plus vite que ceux au dernier plan (ex: les maisons de luxe).
(3) Dans un autre domaine, il est étonnant de voir certains publications offline et leur pendant online récupérer – et galvauder – le streetstyle sans y apporter aucune valeur ajoutée, la fin du streetstyle ?

Ci-dessous, Yves Saint Laurent liquéfié, (c) deeelightful.com

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Ci-dessous, Louis Vuitton liquéfié par Zevs, Liquidated logos, 2009

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Le futur c’est today !

Soyons positifs, les choses semblent s’être précipités ces dernières semaines, notamment lors des récentes Fashion Week, certaines marques de luxe semblent se montrer plus ouvertes à la circulation de ces flux. Lors de la Fashion Week parisienne, Louis Vuitton a retransmis en direct le défilé printemps-été 2010 sur… Facebook. Une opération qui permet de recueillir le feedback et ravir les quelques 700 000+ inscrits sur la fan page. Une opération spectaculaire qui à le mérite de calmer les impatients ou encore de faire jouer la montre, avant de proposer d’autres types d’opération ? À suivre.
Dans cette affaire, reste en suspens la question sur le rapport entre le quantitatif et le qualitatif, mais toujours est-il que la marque phare du groupe LVMH à le mérite d’être force de proposition (proactifs).

Lors de la Fashion Week new-yorkaise, plus discret (plus en accord avec un univers luxueux ?) et plus marquant à mes yeux, fût la présence front row au défilé Dolce & Gabbana des quatre fantastiques de la blogosphère: Garance Doré, Scott Schuman, Tommy Ton de Jak & Jil et Bryanboy. Leur place était réservé avec un laptop mis à leur disposition, afin qu’ils puissent communiquer en live leurs impressions sur le show.

Voici donc quatre blogueurs dont la qualité du travail est reconnue au point qu’ils soient placés au même rang, physiquement du moins, qu’Anna Wintour ! Pour les deux designers italiens la raison de cet upgrade (mise-à-niveau) est déconcertante de simplicité et de bon sens :

« En parlant avec leurs clientes, ils se sont rendus compte qu’elles passaient leur temps sur internet. Qu’elles étaient hyper informées, qu’elles voulaient que ça aille vite, qu’elles étaient prêtes à acheter tout de suite. Ils se sont dit que c’était un âge nouveau, qu’il fallait avancer avec son temps. » (Garance Doré)

Gageons que cette initiative soit l’an 1 de cet âge nouveau qui mixeront MacBook et bloc notes au premier rang des défilés…

(2) Décalage visuel où les objets au premier plan (ex: les web-acteurs) semblent se déplacer plus vite que ceux au dernier plan (ex: les maisons de luxe).

 

(3) Dans un autre domaine, il est étonnant de voir certains publications offline et leur pendant online récupérer – et galvauder – le streetstyle sans y apporter aucune valeur ajoutée. Le streetstyle est-il en train de mourir ?

(2) Décalage visuel où les objets au premier plan (ex: les web-acteurs) semblent se déplacer plus vite que ceux au dernier plan (ex: les maisons de luxe).

Londres | à  ville cosmopolite, mode cosmopolite…

 

LONDRES (AFP) – Inde, Japon, Brésil, Singapour, Serbie… la semaine de la mode de Londres est pour son édition automne-hiver résolument cosmopolite, à l’image de la capitale britannique.
Ni Paris, ni Milan, ni même New York n’accueillent sur leur « catwalk » autant de créateurs étrangers que Londres.

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En venant à Londres, ces créateurs espèrent se faire un nom dans l’industrie multimillionaire de la mode, et comptent sur l’ouverture d’esprit de cette ville où voisinent des dizaines de minorités parmi ses huit millions d’habitants.
Ils amènent avec eux un extrait de leur pays natal, enrichissent leur collection avec des tissus et des coloris rarement utilisés en Europe, pour nous offrir quelques saveurs de leur culture d’origine.

Le jeune créateur indien Manish Arora nous a ainsi projetés au beau milieu du Rajasthan, avec une collection osant les couleurs vives et brillantes de cette région du nord-est de l’Inde.

Les rose, vert, orange, bleu étaient partout, dynamisant des robes ou jupes à volants.

Avec la Brésilienne Issa, la « Fashion week » s’est retrouvée sur la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro, en plein carnaval, entourée de robes à paillettes, de mini-strings, de seins nus et de corps peints en rouge, vert et jaune.

Le jeune Singapourien Ashley Isham a aussi fait sensation, en faisant défiler ses mannequins échevelés sous une pluie de pétales rouges ou dorés, dans de longues robes souples aux couleurs qui claquent (rouge vif, bleu turquoise…).

Quant à la collection de la Japonaise Michiko Koshino, elle était élégante et fraîche, avec un soupçon de la délicatesse d’une femme en kimono et un brin de la séduction d’une Geisha.

Nombre de ces créateurs connaissent un grand succès chez eux, à l’instar de Manish Arora, qui dessine des costumes de cinéma pour Bollywood.
Mais ils ont besoin d’une visibilité internationale, ce que Londres peut leur offrir, explique Andrew Tucker, un responsable du Conseil britannique de la mode, qui organise la manifestation.
Pour se faire une place dans le monde de la mode, il est impératif de défiler dans l’une des quatre capitales de la mode internationale, souligne-t-il.

Milan et New York sont très commerciales, Paris est inaccessible pour ceux dont le nom n’est pas encore établi, mais Londres est plus ouverte: c’est « assurément la meilleure piste de décollage » pour les jeunes créateurs, assure M. Tucker.
La capitale britannique s’est d’ailleurs faite une spécialité d’attirer les talents peu connus et de les lancer sur la scène internationale.

Parmi les autres créateurs étrangers au programme jeudi, la Serbe Roksanda Ilincic, les soeurs jumelles georgiennes Tata Naka ou encore le duo anglo-brésilien Bruno and Basso.

Les Britanniques Julien Macdonald et Paul Smith, ou l’Irlandais Paul Costelloe, sont apparus plus classiques dans leur collection, mais le chanteur anglais Boy George promet un bouquet final aussi branché que provocateur samedi.

photo:créateur Manish Arora
Visitez le site de la Fashion Week de Londres, les pages des créateurs, ainsi que la rubrique tendances (Trends)
Site de la Fashion Week

source: Yahoo et AFP